The Good Business
Le groupe Mama Shelter, fondé par la famille Trigano, est devenu le leader des boutique-hôtels français à l’international. Rencontre avec son directeur général et cofondateur, Jérémie Trigano.
The Good Life : Avec huit ouvertures prévues en 2021, Mama Shelter est le leader des boutiques-hôtels français à l’international. Cela est-il dû à l’entrée d’Accor au capital ?
Jérémie Trigano : Il est vrai que les choses se sont accélérées depuis que le groupe Accor a pris un tiers du capital, en 2014. Leur présence rassure les propriétaires, le réseau de distribution facilite l’accès au marché local, et la structure aide à commercialiser les chambres. Cela explique que nous puissions mener de front autant de projets. En 2021, nous devrions ouvrir à Rome, Bucarest, Bahreïn, Lisbonne, Dubaï et Puteaux. Pour l’année suivante, São Paulo et Singapour sont déjà signés, et nous réfléchissons à d’autres projets à Bruxelles, Anvers, Tel‑Aviv, Johannesburg et au Cap.
TGL : Comment la formule Mama Shelter se décline-t-elle à Prague ou Rio ?
J. T. : Chaque fois, nous jouons la carte locale. Mama Shelter ne sonne pas très français, d’ailleurs. À Londres, on a créé des salles de karaoké ; à Dubaï, on a ajouté un espace de coworking et des piscines, pour s’adapter à la ville, à ses besoins. Pour la restauration, la clé de la réussite consiste à recruter des talents sur place – et pas uniquement pour des raisons de coût. À Los Angeles, nous avions d’abord recruté un chef français, et on s’est plantés, avant de recommencer avec un chef californien. À Londres, le chef est anglais ; il est serbe à Belgrade. Les gens qui vivent sur site connaissent les us et coutumes, et ils s’intègrent mieux.
TGL : Vous vendez des cours de déco et maintenant des lits, pourquoi cette diversification ?
J. T. : Et nous vendons maintenant aussi des masques ! Il faut être créatif, surtout en ce moment. Nous sommes la seule structure avec Soho House à commercialiser des services de décoration intérieure. Nous assurons aussi l’assistance technique hôtelière, qui comprend le conseil en préouverture, la coordination du chantier entre architectes, designers et fournisseurs. Mais soyons réalistes, cela ne couvre pas les pertes actuelles encourues en 2020.