Voyage
The Good Life vous donne les clés des lieux qui font bouger Bruxelles. Passages obligés.
Victor Horta, Art nouveau. Difficile de parler de Bruxelles sans mentionner Victor Horta. Partout dans la ville, l’architecte a imposé son style, cet Art nouveau dont on reconnaît immédiatement les volutes et les motifs, et qui participe grandement au charme de certains quartiers de Bruxelles.
Même lorsque ces attributs ne portent pas sa signature (voire ne sont pas exceptionnels), on les retrouve au hasard des promenades dans une poignée de porte, dans la forme d’une fenêtre ou d’une balustrade, sur une mosaïque ornementale.
Tout commence en 1893 avec l’hôtel Tassel, maison de maître commandée à Victor Horta par Emile Tassel. Très rapidement, d’autres propositions arrivent, dont l’hôtel Solvay (grande famille d’industriels) et l’hôtel Van Eetvelde (secrétaire général du Congo). Puis les grands magasins : Waucquez (qui abrite depuis 1989 le Centre belge de la bande dessinée), Wolfers Frères, A l’Innovation (détruit lors d’un incendie en 1967).
La Première Guerre mondiale interrompt cet élan. En 1919, l’architecte présente ses premiers plans pour le palais des Beaux-Arts, sa dernière oeuvre, si l’on exclut la gare centrale qu’il a conçue mais dont la construction a commencé après sa mort en 1947.
Quatre maisons de maître sont, depuis 2000, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Excepté le musée Horta, on les visite uniquement sur rendez-vous.
Bruxelles vs Bilbao !
Bozar. Le palais des Beaux-Arts, rebaptisé Bozar en 2003, est une oeuvre tardive de Victor Horta, inaugurée en 1928. Vue de l’extérieur, la belle bâtisse a davantage le style Art déco qu’Art nouveau. Rien de comparable avec les ornementations auxquelles le nom de Horta est associé. Elle est limitée en hauteur, afin de préserver la vue sur la ville dont jouit le palais royal, et adossée aux vestiges du premier rempart de Bruxelles.
Bozar cache bien son jeu, car c’est en profondeur que se déploie 60 % de ses installations. « C’est un anti-Bilbao ! déclare son directeur Paul Dujardin. Ce bâtiment est d’une discrétion totale, sa monumentalité est à l’intérieur. »
Impossible en effet de soupçonner que, sous sa rotonde et au-delà de sa galerie d’entrée, se cache un espace de 33 000 m², dont une splendide salle de concerts de 2 200 places. Bozar n’a pas de collection, ne possède pas d’œuvres. Le lieu est avant tout un outil de production et de diffusion, un laboratoire et un centre de recherche pour toutes les formes d’art.
Les « communautés » gèrent les affaires culturelles
Une mission inscrite dans son ADN que son directeur, en poste depuis 2002, défend avec ardeur. Peu de temps après son arrivée, il a mis en oeuvre un grand plan de rénovation et a placé Bozar au cœur de l’offre culturelle belge, dans son sens le plus inclusif.
Depuis 1981, ce sont les « communautés » (wallonne et flamande) qui gèrent les affaires culturelles. Bozar est, avec le Théâtre royal de la Monnaie et l’Orchestre national de Belgique, l’une des trois seules institutions culturelles fédérales.
« Nous ne sommes pas en concurrence avec ce qui se passe en Flandre et en Wallonie, nous sommes partenaires, affirme Paul Dujardin. Cette interconnexion est fondamentale, car on ne peut plus faire de projets tout seuls. C’est notre volonté de travailler ensemble et c’est une obligation morale de le faire avec l’argent public. Et je peux – modestement – dire que nous sommes un modèle pour Kanal-Centre Pompidou, un modèle de coproduction et de cocréation. »
Bozar au centre de Bruxelles, de la Belgique, et bien sûr de l’Europe, puisque son rayonnement culturel est également l’une des missions de Bozar. Elle s’illustre dans le projet biennal Europalia, dont chaque édition est consacrée à un pays, cette année la Roumanie. Jusqu’au 2 février, autour de l’exposition Brancusi, nouvelles créations, se déploie une série d’événements, de performances et d’installations créés par des artistes contemporains roumains et belges.
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