Voyage
La sélection The Good Life pour une halte dans la ville qui ne dort jamais.
• Midtown Ace Hotel. Au début du XXe siècle, l’hôtel Breslin était le point d’ancrage de tous les noceurs à la page, puis il perdit de son lustre quand les théâtres migrèrent plus haut, sur Broadway. Mais la chaîne Ace, experte en hôtellerie cool, a replacé le vénérable immeuble sur la carte des immanquables, et par extension le quartier de NoMad qui était jusqu’alors le coin des grossistes. Dans le lobby, vaste hall baigné de semi‑pénombre, tout le monde bosse sous sa lampe. On se croirait dans une bibliothèque universitaire, mais personne ne vous foudroiera du regard si vous osez blaguer. Dans les chambres : des dessus-de-lit en tartan, des canapés caramel et autres attributs sixties. On filera ensuite se sustenter au bar gastro The Breslin, où la chef British April Bloomfield régale toute la planète mode en comfort food. T. J.
Arty
• Freehand. L’agence new-yorkaise Roman & Williams, réputée pour ses intérieurs cossus, s’est ici complètement lâchée. Entouré de sculptures façon arts premiers, de peaux de bêtes et de foisonnements de verdure, on traînerait des heures dans le salon quasi tropical du premier étage, où tous les freelances des environs du Flatiron Building, encore (un peu) bohème, pianotent sur leur portable. Mêmes exubérances décoratives au Broken Shaker, le bar de l’enseigne où, n’ayons pas peur des mots, les mixologues méritent le titre d’artistes. Tandis que, des murs aux plafonds, des fresques néorupestres ornent les chambres et les dortoirs, car oui, voilà le credo très mixité sociale de la petite chaîne Freehand : mêler une clientèle bien installée dans la vie aux jeunes voyageurs un peu ric-rac. T. J.
• Made Hotel. Sam Gelin a lancé son premier hôtel dans le quartier en pleine ascension de Midtown South, à quelques pas du NoMad. Après une carrière dans la finance et l’aviation privée, l’entrepreneur a pris un virage radical en créant une « société expérientielle » consacrée au « bien manger » et au « bien boire », local et bio. Ne trouvant pas d’hôtel à son goût, il en a inventé un. Pour le repérer, baissez la tête. Pas d’enseigne, mais un nom discret gravé dans le métal doré d’une plaque incrustée dans le trottoir. Tout est à l’avenant : le lobby, les salons, le bar, le patio, jetés dans un désordre étudié, les chambres de style Williamsburg avec matelas posé sur une estrade en bois. Reste le nom, « Made », comme « faire », « savoir-faire », ou plutôt « faire savoir ». Un marketing rafraîchissant. G. B.
Sur un nuage
• Mandarin Oriental. Aménagé sur la façade nord de la tour de la Time Warner, sur Columbus Circle, le Mandarin Oriental est l’un des plus grands business‑hôtels de New York. Faite de paravents de bois et de marbres froids, la décoration zen est un peu la réplique américaine de l’opus de Tokyo. Les chambres simples et fonctionnelles, élégamment meublées, donnent l’impression avec leurs immenses baies vitrées de flotter sur un nuage à des kilomètres du sol. On adore celles qui sont en angle avec vue sur l’Hudson. L’hôtel est à la fois connecté au mall de la Time Warner et en face de Central Park. Une situation de rêve. G. B.
Garçonnière
• NoMad. Le nom signifie North of Madison Square Park. Chouette quartier à la frontière sud de Midtown surnommé « Flower District » parce que toujours squatté par les fleuristes en gros. Andrew Zobler fut le premier à venir s’installer dans ce coin mi‑populaire, mi‑branché, choisissant un immeuble de style Beaux-Arts qui a inspiré la décoration intérieure signée Jacques Garcia. Style cocotte donc. Il faut se frayer un passage à travers le bar, toujours collé‑serré, pour atteindre la sublime bibliothèque avec sa mezzanine et le restaurant du chef Daniel Humm où les jolies femmes en stilettos se battent pour avoir une table. Les chambres hyperlumineuses ont été traitées dans un esprit « garçonnière » avec sofa en cuir patiné et planchers usés. On rêve d’y poser sa valise. G. B
• The Peninsula. Inauguré en 1988 par le groupe hong-kongais éponyme, ce palace de poche reste l’une des valeurs sûres de la ville. Tout ce qui a fait le prestige de Peninsula en Asie est là : les chambres sobres et spacieuses, un décor luxueux sans être tape-à-l’œil et un sens du service exceptionnel. Le soir, on hésite entre le fabuleux spa qui s’étale sur plus de 3 500 m² – un record à Manhattan – et le high tea au Gotham Lounge. Unanimité en revanche pour le rooftop chic perché au 23e étage, le fameux Salon de Ning, dont la décoration est inspirée du Shanghai des années 30, avec vues spectaculaires sur la 5e Avenue. G. B.
Flamboyant
• The Whitby. Après le Crosby Street, le tout nouveau Whitby est la seconde adresse estampillée Firmdale. Tout près du MoMA, l’hôtel se parcourt comme l’une des galeries d’art qui jalonnent cette 56e Rue. Kit Kemp s’en est donné à cœur joie pour disperser ses habituels souvenirs de voyages et ses collections d’objets. Son talent à rendre les chambres douillettes et chaleureuses, son goût exquis pour le détail ne se démentent pas. Mention spéciale au cinéma privé de 130 places, aux déjeuners raffinés dans le jardin d’hiver et au high tea servi au Whitby Bar, flamboyant de couleurs. Le charme et le confort British à deux rues de Central Park. Comment résister ? G. B.