Voyage
Cinéma d’art et d’essai légendaire de la place Saint-Germain-des-Prés, le Beau Regard est de nouveau sous les projecteurs. On s’y régale désormais de plats et de cocktails tout aussi délicieux que sa programmation. Plongée dans le septième art avec The Good Life.
La Rive gauche regorge d’adresses tombées dans l’oubli dont l’histoire restera pourtant ancrée dans la mémoire des foules. Si certaines, mythiques comme le Café de Flore, le Select ou la Rotonde, ont su exploiter leur légende pour devenir des passages incontournables pour tout touriste en balade à Paris, d’autres sont restées plus confidentielles. Beau Regard est de celle-là.
L’âge d’or de Saint-Germain-des-Prés
L’histoire du Beau Regard brille de ses mille et unes vies et d’autant patronymes. La vie cinématographique de ce lieu unique débute en 1969, alors que le café-théâtre le Bilboquet se mue en cinéma. Il s’inscrit illico au registre des salles d’art et d’essai, aux côtés des nombreuses salles dans le quartier où se jouent les plus belles heures du cinéma français et de sa Nouvelle Vague. La salle obscure passe ensuite de main en main, propriété successive de Frédéric Mitterrand et de Jean Henochsberg, restaurateur ayant investi dans de nombreux cinémas parisiens. C’est ce dernier qui donnera pour la première fois le nom de Beauregard à la salle. Un hommage au producteur George de Beauregard, collaborateur régulier de Godard, Chabrol et Demy à qui l’on doit notamment « A bout de souffle », « Lola », « Cleo de 5 à 7 ».
Une nouvelle vision du cinéma
C’est sous la houlette du producteur Charles Gillibert que le mythique Beauregard cède sa place au novateur Beau Regard. Quelle est la place de la salle de cinéma aujourd’hui ? Quel format lui donner ? Quelle expérience est accordée au film projeté ? Autant de questions traversent l’esprit avant-gardiste du producteur. En s’associant au galeriste Stéphane Magnan, à l’entertainer de la nuit Arnaud Frisch, il ambitionne de faire tomber les murs de la salle obscure post-projection et d’ouvrir le cinéma au lifestyle. Ainsi, avec la complicité David et Alexandra Henochsberg, propriétaires du cinéma, le trio fait l’acquisition du troquet voisin. Quelques murs (littéralement) tombés plus tard, le Beau Regard est né.
Le Beau Regard version 2019 se vit 7 jours sur 7, du petit déjeuner au dernier verre après la séance. Le complexe bar-ciné-resto a été complètement redessiné par le Studio KO, duo d’architectes parisiens que tout le monde s’arrache. Au Beau Regard, on vit, on voit, on boit et on mange, autant d’activités à mettre en scène. Un vrai challenge. Le duo réussit pourtant son pari en transformant un bistrot et un cinéma en véritable ensemble cohérent qui semble avoir toujours existé. Les volumes s’imbriquent, les matières se répondent, comme la moquette et ce revêtement boisé des murs et bars.
Le cinéma, lui, n’a pas perdu sa fonction première : faire vivre aux amoureux du septième art leur passion. La programmation, éclectique et arty, vogue entre titres prometteurs et classiques indépendants, ponctuée de soirées à thème. La salle se modernise et son écran coulisse désormais pour laisser apparaître une salle secrète où se joueront peut-être de belles rencontres cinématographiques.
La table n’est pas en reste…
… puisque c’est le chef étoilé Mathieu Pacaud (Anne, Divellec, Apicius) qui en signe la carte. Des gourmandises (mention spéciale au tarama truffé) qui accompagnent les succulents cocktails du bar aux mets principaux, entre terre et mer (le homard est fondant à souhait, le bar en croute de sel impeccable) et la touche sucrée finale. D’autant plus que l’on peut les déguster sur la large terrasse ouverte sur la tranquille rue Guillaume Apollinaire, bientôt totalement piétonne.
Cinéma mais bien plus encore, le Beau Regard signe une belle reconversion. Les étoiles sont éternelles…
Beau Regard : cinéma, bar et restaurant
Place Saint-Germain-des-Prés, Paris 6ème.
Réservations
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