Voyage
Un axe de développement de la smart city atténue la froideur techno d’une ère numérique totalitaire : le développement durable.
Le « smart » passe après le « sustainable ». « L’ambition de la ville durable est plutôt économique, sociale et environnementale, précise Laurent Vigneau. Logements, transports, environnement, migrations, communication… La city de demain se conjugue d’abord avec l’économie d’énergie et le développement durable. »
Les enjeux sont immenses : être capable de nourrir les millions de citadins, de traiter la masse des déchets qu’ils produisent, de limiter la congestion automobile, de promouvoir l’autonomie énergétique, de lutter contre la pollution. Qu’il s’agisse du dérèglement climatique, de la réduction de la biodiversité, des difficultés d’accès à l’eau, sans compter les contrecoups de la fin du tout-pétrole… Autant de défis que les villes sont, dès à présent, sommées de relever pour soutenir leur développement dans les trente ans à venir.
Alors que le paysage urbain accueille la moitié de la population mondiale et qu’il produit quatre cinquièmes des gaz à effet de serre, il consomme aussi plus des deux tiers de l’énergie. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation d’énergie dans le monde devrait augmenter de 37 % d’ici à 2040, en particulier dans les pays émergents, comme la Chine ou l’Inde, lorsque chaque habitant conduira sa voiture.
En 2050, il manquera ainsi près de 20 % d’énergie pour assurer les besoins de la population mondiale. Dès lors, il faut changer de registre. Imaginer une ville conviviale, intégrant le travail de proximité, conçue pour les piétons et les vélos, favorisant la biodiversité, maîtrisant les recyclages et les circuits courts, hybridant les savoirs, les cultures et les fonctions, respectant la santé, les sensibilités et le bien-être des individus. Une utopie ? Pas nécessairement.
L’écologie devient un principe de réalité.
Ici et là, les métropoles s’y attellent, contraintes et forcées. Plus de mobilité et d’informations, plus de rencontres et de proximité, la smart city durable est déjà présente dans les nombreuses initiatives développées, de Boston à Sydney, en passant par Montréal. Pour Gregory Prinkilst, expert en mobilité, l’impact des circulations est central : « Biodiversité, services de proximité et mobilité seront les enjeux majeurs de la living city. » Y cohabiteront le vélo, la voiture autonome, les tramways électriques. La mobilité douce, qui offre de vastes parcours à pied et à vélo, et des transports publics urbains gratuits, devrait, d’ici à 2050, sonner le glas de la voiture à essence.
Les idées fusent : capteurs localisant les places de stationnement libres, bornes wi-fi pour se repérer à travers la ville, revêtements de sol récupérant l’énergie des marcheurs dans la rue pour alimenter l’éclairage des réverbères, zéro déchet à San Francisco, ville sans voiture à Pontevedra en Espagne, mutualisation des idées citoyennes à Vienne, en Autriche.
A Amsterdam, une cartographie de la ville, réalisée par la Waag Society, dresse, en fonction de la situation des bâtiments (hauteur, surface, orientation, etc.), ceux qui pourraient accueillir des microcentrales hyperlocales et à énergies alternatives, composées d’éoliennes ou de panneaux solaires.
Paris, smart city durable ?
A Paris, l’ambition est de réduire de 75 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Pour cela, un architecte et des ingénieurs ont conçu des prototypes de tours mixtes à énergie positive et solidaire qui prennent en compte les contraintes futures de la capitale. Ce projet baptisé « Paris Smart City 2050 » s’inscrit dans le « plan climat » de la Ville de Paris.