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Le château les Carmes Haut-Brion a réussi à transformer le vin en eau… de parfum, grâce au talent du nez Barnabé Fillion, 2024 - TGL
Le château les Carmes Haut-Brion a réussi à transformer le vin en eau… de parfum, grâce au talent du nez Barnabé Fillion, 2024 - TGL
Marine Mimouni

The Good Guide // Beauté & bien-être

Et si le vin pouvait être le nouveau parfum tendance ?

Beauté & bien-être

The Good Guide

Pour rendre hommage aux femmes et aux hommes qui ont marqué l’histoire du château les Carmes Haut-Brion, à Pessac, près de Bordeaux, son directeur, Guillaume Pouthier, a réussi à transformer le vin en eau… de parfum, grâce au talent du nez Barnabé Fillion.

Parmi toutes les personnes qui ont marqué la vie des Carmes Haut-Brion, il y en a une qui occupe une place particulière, madame Chantecaille, surnommée « Bijou ». Cette dame, née en 1917 et propriétaire du château, a longtemps habité la belle maison qui domine le clos de vignes de Pessac. Un siècle plus tard, Guillaume Pouthier, directeur général du château, a souhaité lui rendre un hommage appuyé en imaginant un coffret contenant une marie-jeanne du vin ­pessac-léognan et un parfum de peau.


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Si l’homme est un ­maestro des vinifications et de l’élevage, il lui fallait trouver la bonne personne pour imaginer le parfum. Et sa rencontre avec ­Barnabé Fillion s’est imposée tout naturellement.
Si l’homme est un ­maestro des vinifications et de l’élevage, il lui fallait trouver la bonne personne pour imaginer le parfum. Et sa rencontre avec ­Barnabé Fillion s’est imposée tout naturellement.

Du vin au parfum

« J’ai voulu que le vin et le parfum se répondent et racontent ensemble une histoire unique, celle du cabernet franc, cépage emblématique de la propriété et magnifié dans le millésime 2017 », explique Guillaume Pouthier.

Il a alors sélectionné des raisins qui ont été soigneusement élevés pendant quatre années en barriques et en amphores, en majorité en vendanges entières pour plus de définition, avant de ­patienter encore plusieurs années en marie-jeanne, ces bonbonnes de 2,25 litres au dessin original.

Si l’homme est un ­maestro des vinifications et de l’élevage, il lui fallait trouver la bonne personne pour imaginer le parfum. Et sa rencontre avec ­Barnabé Fillion s’est imposée tout naturellement. « J’ai tout de suite été séduit par l’idée de travailler avec la propriété à Bordeaux », explique le jeune créateur de fragrances, qui n’en est pas à son coup d’essai.

« Le maître assembleur n’a goûté que 5 %, voire moins, des propositions. Et cela m’avait étonné de découvrir à quel point il était facile de formuler de façon intuitive. Cela a été très différent avec le vin, car les choses étaient moins évidentes. Mais le processus a été vraiment passionnant ; il y avait un côté gustatif bien plus important qu’avec les spiritueux. »
« Le maître assembleur n’a goûté que 5 %, voire moins, des propositions. Et cela m’avait étonné de découvrir à quel point il était facile de formuler de façon intuitive. Cela a été très différent avec le vin, car les choses étaient moins évidentes. Mais le processus a été vraiment passionnant ; il y avait un côté gustatif bien plus important qu’avec les spiritueux. » DR

Depuis une dizaine d’années, ce passionné d’art et de photo parcours le monde à la recherche des essences les plus délicates, qu’il associe dans des compositions élégantes et originales, notamment pour Aesop, dont il signe les parfums, bougies et encens. Si Barnabé Fillion avait déjà collaboré avec une maison de whisky, l’exercice a été ici nettement plus complexe.

« Le maître assembleur n’a goûté que 5 %, voire moins, des propositions. Et cela m’avait étonné de découvrir à quel point il était facile de formuler de façon intuitive. Cela a été très différent avec le vin, car les choses étaient moins évidentes. Mais le processus a été vraiment passionnant ; il y avait un côté gustatif bien plus important qu’avec les spiritueux. »

Les humeurs d’un siècle en flacon

Entre curiosité partagée, complicité et compréhension, le duo a su avancer rapidement dans le processus de création.
Entre curiosité partagée, complicité et compréhension, le duo a su avancer rapidement dans le processus de création. DR

D’autant que le brief était complexe : arriver à enfermer dans un flacon les humeurs d’un siècle, les arômes d’un terroir d’exception et retranscrire l’évolution d’un cépage au fil des ans dans toute sa plénitude aromatique. « Le ­courant est tout de suite passé avec Barnabé et nous avons pu avancer en quelques ­rendez-vous assortis de dégustations », précise Guillaume Pouthier.

Entre curiosité partagée, complicité et compréhension, le duo a su avancer rapidement dans le processus de création. « ­Guillaume est très impressionnant par sa sensibilité », souligne Barnabé ­Fillion. De son côté, le directeur général des Carmes Haut-Brion affirme avoir rencontré un homme d’une précision et d’une écoute rares.

« On retrouve des notes de violette, d’épices dans le vin, qui sont des éléments que j’adore en ce moment pour leur aspect hors du temps, presque de grand-mère » raconte Barnabé Fillion.
« On retrouve des notes de violette, d’épices dans le vin, qui sont des éléments que j’adore en ce moment pour leur aspect hors du temps, presque de grand-mère » raconte Barnabé Fillion. DR

Pour raconter ce siècle, le parfumeur s’est imprégné du domaine, des témoignages existants de Bijou, mais surtout d’éléments olfactifs et gustatifs. Amateur revendiqué de vins de Bourgogne, Barnabé Fillion a imaginé une Eau des Carmes minérale aux tanins poudrés, tout en privilégiant des extractions plus contemporaines pour représenter la temporalité.

« On retrouve des notes de violette, d’épices dans le vin, qui sont des éléments que j’adore en ce moment pour leur aspect hors du temps, presque de grand-mère, raconte Barnabé Fillion. Et comme pour un vin qui évolue doucement, on découvre de nouvelles facettes du parfum au fil des heures et de la chaleur de la peau. Plus qu’un habit ou une parure, il s’agit avant tout d’une expérience d’évolution. »


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