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10 livres pour tout comprendre de Truman Capote

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The Good Culture

L’auteur américain Truman Capote n’en finit pas de fasciner le grand public. Après le cinéma, le petit écran s'y intéresse avec la série de Ryan Murphy diffusée sur Canal+ « Feud : Capote vs. The Swans ». Voilà 10 livres pour tout comprendre de cet homme et démêler le vrai du faux.

Depuis sa diffusion le 1er février 2024, Feud : Capote vs. The Swans, la série de Ryan Murphy, en partie réalisée par Gus Van Sant, ravive une partie méconnue de l’histoire de Truman Capote : la genèse de son dernier livre, qui ne verra jamais le jour et entrainera sa chute. Le premier épisode aborde la publication, en 1975 dans Esquire, d’un chapitre du fameux roman étiolant ses « Swans », comme il les appelait, soient ses meilleures amies, les « cygnes de la 5ème Avenue », la fine fleur de New York, ancêtres de nos it-girls et autres socialites richissimes.


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Tout comprendre de Truman Capote après Feud : Capote vs. The Swans 

Adaptée du roman de Laurence Leamer, « Capote’s Women » (non traduit en France), la série Feud : Capote vs. The Swans raconte les amitiés de Truman Capote avec l’élite new-yorkaise, ses petits secrets et grandes trahisons, tout en s’étalant largement sur l’auteur, sa personnalité et sa grandeur passée.

Manipulateur autant que tendre, queer revendiqué, génie des lettres, créateur du « roman de non-fiction », encensé pour ses portraits au vitriol, « vaniteux dindon » comme il se décrivait lui-même, Truman Capote est un personnage complexe à l’enfance dévastatrice, marqué par des parents absents et une mère qui se suicidera à 30 ans. Fin observateur, il ne cessera de raconter la société américaine.

10 lectures pour percer à jour le mystère de Truman Capote

1- « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » d’Harper Lee

Nelle Harper Lee et Truman Capote se rencontrent en 1930 à Monroeville, en Alabama. Personne ne sait alors que cette petite ville du Sud abrite deux futurs géants de la littérature américaine. Le duo d’enfants rêveurs passe son temps à lire. Truman Capote aime à raconter que son livre préféré était alors un dictionnaire qu’il apprenait par cœur pour étoffer son vocabulaire. L’après-midi, les deux amis s’assoient à leurs pupitres et écrivent. Ils aiment débattre de Sherlock Holmes et, déjà, inventent des enquêtes à résoudre. Ils ne se quitteront jamais.

En 1959, c’est elle que Truman Capote embarque au Kansas, avide d’en savoir plus sur une sombre histoire de meurtre… Enquête qui donnera lieu à son livre « De sang-froid ». En 1960, Harper Lee publie Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur et reçoit le prix Pulitzer de la fiction, l’histoire d’un avocat, qui élève seul ses deux enfants dans les années 30, commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Une lecture initiatique sur l’enfance qui plonge le lecteur dans ce Sud qui a vu grandir un Truman Capote abandonné et qui permet d’appréhender leur amitié. En effet, Harper Lee s’est inspirée de leur relation pour Scout et Dill, le duo culte de son ouvrage.

« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », d’Harper Lee, 8,70 € dans la collection Le Livre de poche, éditeur d’origine : Grasset.

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2- « Petit Déjeuner chez Tiffany » de Truman Capote

Pour comprendre un auteur, mieux vaut lire l’auteur lui-même. Et même si Truman Capote apparait sur la scène littéraire avec sa nouvelle « Miriam » dès 1945, il acquiert la reconnaissance du public avec ce court roman publié en 1958, porté à l’écran en 1961. L’histoire d’Holly Golightly, une jeune fille irresponsable, d’apparence frivole, qui cache de lourds secrets. Pour beaucoup, Holly Golightly est Audrey Hepburn. C’est pourtant à Marilyn Monroe que Truman Capote rêvait de confier le rôle. Dans le livre, Holly est d’ailleurs une femme blonde et sensuelle, à la diction enfantine et aux répliques assassines, originaire d’un Sud populaire qui n’a pas froid aux yeux.

Il faut lire ce livre pour connaître la vraie fin du personnage comme pour se balader dans le New York de Truman Capote, l’Upper West Side, qu’il apprit à connaitre dès sa scolarisation à la très prestigieuse Trinity School, autant que pour se demander tout au long du roman qui de sa mère, Marilyn Monroe ou ses amies les Swans, lui a inspiré Holly Golightly.

« Petit Déjeuner chez Tiffany », de Truman Capote, 8,30 € collection Folio aux éditions Gallimard

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3- « De sang-froid » de Truman Capote

Un ouvrage comme un pavé dans la marre : 8 millions d’exemplaires vendus et la création d’un nouveau genre littéraire, la « non-fiction », soit le récit véridique et documenté d’un fait-divers raconté sous la forme du roman. Ici, l’auteur choisi (en tombant sur une brève dans le New-York Times) le meurtre d’une famille de fermiers aisés du Kansas par deux jeunes truands, sans mobile apparent. Dès sa publication en 1966, c’est un succès outre-Atlantique. Même le jeune journaliste J.M.G. Le Clézio, dans le premier numéro du Magazine Littéraire, est unanime : « Il a exploré avec tout son corps et toute son âme un tourbillon, une action en marche. Il a été à la fois caméra et magnétophone, et, mieux qu’aucun instrument de mesure, il a suivi le courant d’une aventure, il y a participé, il s’y est trouvé compromis, impliqué. Il a été meurtri, il a été passionné, il a souffert et vécu chaque minute l’histoire qu’il voulait écrire. »

Une écriture au scalpel, une démonstration d’analyses psychologiques, une enquête de 8000 pages de notes pour un roman culte qui valut à l’auteur de tomber dans une grave dépression, terriblement affecté par sa rencontre avec l’un des deux tueurs, Perry Smith, et sa pendaison auquel il assista. Il faut le lire pour toucher du doigt la façon qu’avait Truman Capote d’élaguer chaque phrase et d’espérer devenir invisible.

« De sang-froid », de Truman Capote, 10,320 € collection Folio aux éditions Gallimard

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4- « L’adversaire » d’Emmanuel Carrère

Impossible de ne pas citer notre digne représentant de la non-fiction à la française, Emmanuel Carrère et son ouvrage de référence : « L’Adversaire ». Soit la reconstitution du crime de Jean-Claude Romand qui, « le 9 janvier 1993, a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même », comme le dit l’auteur.

Un ouvrage glaçant sur le mensonge et l’imposture, l’illusion et l’amour de soi, structuré d’après le même procédé que « De sang-froid » qui a tant inspiré Emmanuel Carrère, comme il le raconte dans son texte « Capote, Romand et Moi », publié dans Télérama. Et de rappeler que, pourtant, Truman Capote l’avait prévenu en écrivant : « Si j’avais su ce que j’allais avoir à endurer au long des six ans qu’il m’a pris, je n’aurais jamais commencé ce livre. »

« L’adversaire » d’Emmanuel Carrère, 18 € aux éditions P.O.L.

l'adversaire emmanuel carrère

5- « Party of the Century: The Fabulous Story of Truman Capote and His Black and White Ball » de Deborah Davis

Sur une note plus légère, ce merveilleux livre qui déborde d’anecdotes à propos du « Bal du siècle » donné au Plaza par Truman Capote en 1966 et malheureusement non traduit en France.

Amis anglophones, régalez-vous de ce Truman enfin riche et reconnu ! Alors au sommet de sa gloire, « De sang-froid » triomphe, on lui a même acheté les droits pour en faire un film, il est ami avec toute la jet-set internationale et décide d’organiser un bal. S’y presseront Kay Graham, Frank Sinatra, Norman Mailer, Andy Warhol, Babe Paley, C.Z. Guest, Gloria Vanderbilt, la princesse italienne Luciana Pignatelli, Harry Belafonte, les Kennedys, les Rockfellers… 540 invités triés sur le volet qui continueront à dire des années après qu’ils ont assisté « à la meilleure soirée à laquelle ils n’ont jamais assisté ». L’occasion de revenir sur les relations de Truman Capote avec le gratin, de sa fascination pour l’élite, certes, mais aussi de sa capacité à mélanger les gens de classes sociales et d’âges différents, à les amuser, et à leur servir des spaghettis et du hachis de poulet à minuit.

« Party of the Century: The Fabulous Story of Truman Capote and His Black and White Ball » de Deborah Davis, 25 € aux Editions Parlux. Sur Amazon.

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6- « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust

Un livre mythique pour se souvenir que Truman Capote rêvait de devenir « le Proust américain ». Il souhaitait traduire le grand livre de Marcel Proust dans le monde des puissants new-yorkais, ce fameux dernier livre qui ne verra jamais le jour. Si sa ponctuation est tout sauf proustienne, les deux hommes partagent un regard cruel (ou lucide ?) sur ce qui les entoure.

Il y a dans cet ouvrage une certaine lenteur qui raconte aussi la façon dont Truman Capote décrivait tout, regardait tout, avec sa mémoire incroyable qui lui permettait de ne prendre aucune note (lisez le récit de son interview avec Marlon Brando pour en prendre la mesure !) et ressortir les citations au mot près.

« A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust, 74,50 € à la Bibliothèque de la pléiade. Chez Cultura.

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7- « Prières exaucées » de Truman Capote

Comment ne pas citer ce livre qui n’en est pas vraiment un. Annoncées plus de vingt ans avant sa mort, ces « Prières exaucées » ne le furent donc jamais. C’est cet ouvrage dont parle la deuxième saison de la série « Feud » de Ryan Murphy, du moins la tentative de son écriture.

Truman Capote, comme on l’a dit, souhaitait réaliser une dernière grande œuvre sur les grands de ce monde qu’il côtoyait. Il pensait y avoir une place privilégiée et donc le devoir de raconter les mystères de ces grandes familles aux femmes esseulées. Mais sans cesse (culpabilité ou feignantise ?), il repoussait la livraison de son manuscrit. Pour faire attendre son éditeur qui menaçait de lui intenter un procès, Truman Capote accepta de livrer un chapitre au magazine Esquire, titré « La Côte Basque », du nom de ce restaurant où ils déjeunaient. Ce fut un fiasco, comme le raconte la série : l’auteur perdit toutes ces entrées dans le petit monde fermé, discret et finalement soudé, de la haute société. Quelques années après, il publia encore deux autres chapitres – « Des monstres à l’état pur », « Kate McCloud » -, et ce fut tout.

On parle encore du mystère du reste du manuscrit. Certains prétendent l’avoir vu, d’autres disent qu’il n’a jamais pu le terminer. Joanne Carson, dernière amie à avoir recueilli Truman dans sa villa de Bel Air à Los Angeles où il mourut en 1984, dit pourtant qu’il aurait caché ces précieuses pages à la banque et qu’on les retrouvera le moment venu… Cette édition, publiée de façon posthume en 1987, est donc une compilation des seuls trois chapitres connus. On a tout de même le temps d’y découvrir le héros, un certain P.B. Jones, individu amoral et bisexuel, échappé d’un orphelinat à l’âge de 13 ans, qui vit de son humour grinçant et de ses charmes. Tiens tiens…

« Prières exaucées » de Truman Capote, 11,50 € aux éditions Grasset.

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8- « Les Cygnes de la Cinquième Avenue » de Melanie Benjamin

Mais qui est cette sublime créature en couverture ? Babe Paley, la meilleure amie de Truman Capote, divorcée d’un magnat du pétrole et femme de William S. Paley, fondateur du réseau CBS, dont elle aura deux enfants, ancienne rédactrice de mode pour Vogue et mondaine de la « haute ». La romancière américaine Melanie Benjamin se penche ici sur les amitiés féminines de Truman avec ces fameux cygnes, soient « Slim » Hawks Hayward Keith qui aurait imposé Lauren Bacall à son producteur de mari, ­Marella Caracciolo di Castagneto, une authentique­­ princesse italienne mariée à l’héritier de Fiat, C. Z. Guest première it-girl qui inspirera les plus grands peintres, Gloria ­Guinness alors considérée comme l’une des femmes les mieux habillées de la ­planète et d’autres.

Ça frétille de potins, ça électrise les préjugés, ça traite évidemment le scandale de la publication de l’article « La Côte Basque ». L’ouvrage raconte aussi la perfection quasi destructrice de ces femmes, leur besoin de s’épancher et de trouver un ami qui comprenne leurs drames intimes. Un livre pour tenter de comprendre pourquoi Truman Capote les trahira ensuite.

« Les Cygnes de la Cinquième Avenue » de Melanie Benjamin, 22 € aux éditions Albin Michel.

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9- « Avec mon meilleur souvenir » de Françoise Sagan

Comme ces deux-là se ressemblent ! Certes, il y a du perfectionnisme chez Capote que rejette la désinvolture d’une Sagan mais il y a ce même humour provocateur, ce goût des gens et ce sens du portrait minutieux. Aucun des deux ne craignaient de heurter lorsqu’ils confectionnaient leurs personnages, toujours teintés de tendresse. Il faut donc lire ce recueil de rencontres de personnalités par Françoise Sagan pour retrouver cette écriture et une galerie de portraits qui vaut les meilleurs articles de Truman Capote. Les deux s’accordaient d’ailleurs sur un point : l’art est plus grand que tout, c’est la seule chose qui compte. En vers et contre tous.

« Avec mon meilleur souvenir » de Françoise Sagan, 5,70 € collection Folio aux éditions Gallimard.

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10- « Truman Capote » de Gerald Clarke

Difficile de ne pas glisser une biographie à lire lorsqu’on cherche à connaitre quelqu’un. Voici le modèle du genre, celle de Gerald Clarke publiée en 1990, ami de l’écrivain qu’il interviewera un nombre incalculable de fois pour réussir à faire dire à Truman Capote, perdu dans les limbes de l’alcool et de la drogue dans la dernière partie de sa vie, ses dernières vérités. Il parla à tous ceux qui l’ont connu, l’aimèrent comme le détestèrent, pour tenter de rassembler toutes ses facettes.

Dans le podcast « La compagnie des auteurs » de France Culture dans lequel Gerald Clarke est interviewé, il note : « Cela lui (Truman Capote) plaisait de causer des ennuis, mais il n’était pas méchant. Il aimait brouiller les gens. Il aimait raconter des histoires. Il était diabolique de ce point de vue. Mais il était aussi très généreux. » Et de citer nombre d’exemples dans lesquels Truman Capote a recueilli, aidé, accompagné ou revigoré des amis. Une biographie qui n’oublie pas de parler de son homosexualité, dans un temps où celle-ci était préjudiciable. Bref, un ouvrage tout en subtilité, là pour rappeler qu’il était un monstre de la littérature américaine, dans les deux sens du terme.

« Truman Capote » de Gerald Clarke, 30,20 € aux éditions Gallimard.

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