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Flagship store Louis Vuitton des Champs-Elysées, Paris
Avec ses 1 800 m2, le flagship store des Champs-Élysées est le plus grand magasin Louis Vuitton du monde.
melanie

The Good Business

Rencontre avec Michael Burke, président de Louis Vuitton

The Good Business

Né il y a 163 ans, le malletier de luxe français fusionne toujours étroitement ses créations avec notre monde en pleine accélération. Souvent en avance sur son époque, la marque sait aussi arrêter le temps quand il le faut. C’est le secret de sa survie, selon Michael Burke, président de Louis Vuitton depuis quatre ans. Rencontre et décryptage d’un subtil exercice d’équilibriste.

TGL : A quand un bagage connecté ?
M. B. : Il arrive cette année ! On a prévu une surprise. Je n’en dirai pas plus, mais réfléchissez à ce qui vous fait peur en voyage, comme la perte de vos affaires. Aujourd’hui, nos clients ont l’habitude de porter sur eux des objets très chers qui étaient autrefois placés dans les malles. En association avec une start-up, nous avons voulu apporter des solutions pour se connecter au bagage à tout moment.

TGL : Où sont donc développées ces innovations ?
M. B. : Le département de l’innovation loge au sein de la Maison, car il doit se nourrir de ses codes et de ses valeurs.

TGL : L’artisanat poussé à l’extrême entre en contradiction avec l’adaptation à l’accélération du temps dont vous parliez…
M. B. : Contrairement à il y a une trentaine d’années, nous devons personnaliser une centaine de versions d’un objet. Or, chez nous, les techniques de fabrication sont toujours ancestrales : bois, laiton, toile, clous, vis… Même les outils sont anciens. Afin de satisfaire ce besoin identitaire à grande échelle, les ateliers ont donc changé leur façon de travailler en établissant de petites équipes plus autonomes. De plus, on se donne le temps en se le réappropriant et en le ralentissant. On a ainsi ajouté du partage d’informations en reliant un atelier de la Drôme directement à une commande en Chine. Alors que le vendeur à Pékin a le client devant lui, ils sont connectés en direct. La prise de décision rapide fait gagner du temps, mais on n’accélère jamais la production de l’article.

TGL : Qu’est-ce que les artistes et les designers apportent à la marque ?
M. B. : Tout est lié : l’artistique entre dans la communication, la production, les magasins. Louis Vuitton engrange une autre vision, différente de la sienne, et prouve qu’il se conjugue au contemporain à travers des collaborations d’exception. Il y a la Lounge Chair du designer Marcel Wanders, les sacs créés par Takashi Murakami ou encore ce travail avec Stephen Sprouse autour de décors. Contrairement à d’exceptionnelles maisons maroquinières comme Goyard ou Moynat, dont les produits fabuleux sont inchangés depuis des siècles, Louis Vuitton est ancré dans son époque et c’est la raison de sa pérennité. En 1910, cette maison proposait déjà des prototypes de voitures et d’hélicoptères, mais aussi des parfums. Cette approche « d’inventeur » en tension avec son siècle est notre différence et nous maintient dans la modernité.

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