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« L’art, et rien que l’art ! C’est lui qui nous permet de vivre, qui nous persuade de vivre, qui nous stimule à vivre. » - Friedrich Nietzsche
Aimer la good life est aussi un art : édito de Paul Miquel à l’occasion de la sortie du numéro spécial art de The Good Life.
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« Tout est art ? »
Tout comme cette affirmation tire sa force de son point d’interrogation final, le doute guide toute l’œuvre de Ben. Connu depuis les années 60 pour ses « écritures » provocatrices, l’artiste français d’origine suisse signe la couverture de ce numéro de rentrée consacré à l’art. Tout est-il vraiment de l’art ? Peut-être. Ou pas. Dans un monde qui va toujours plus vite, l’art avec un grand ou un petit « A » est surtout devenu une valeur refuge, un pilier d’humanité, un actif spéculatif, un gage de beauté, un outil politique et – évidemment – une ressource économique. En 2022, selon le rapport de Clare McAndrew produit par UBS et Art Basel, le marché mondial de l’art s’élevait à 67,8 milliards de dollars, s’approchant ainsi des 68,2 milliards de dollars records de 2014.
Depuis de nombreuses années, les ventes aux enchères de « fine art » (peintures, sculptures, dessins, photographies, estampes, vidéos, NFT…) représentent d’ailleurs une part extrêmement significative de ce marché très actif, avec un total de 16,56 milliards de dollars en 2022, atteignant un niveau historique de transactions cette même année : 705 000 lots vendus ! Christie’s (35 % du produit des ventes) et Sotheby’s (24 %) trustent à elles deux la plus grosse part du gâteau. Cette insolente bonne santé s’explique – entre autres – par la croissance soutenue du marché de l’art online avec des ventes virtuelles réunissant de plus en plus d’enchérisseurs fortunés. En revanche, à la suite du krach des cryptomonnaies au milieu de l’année dernière, le nombre de transactions de ces certificats d’au- thenticité numériques a chuté de 94 %, passant de 232,7 millions de dollars en 2021 à seulement 13,9 en 2022. Dont acte.
Le marché mondial de l’art
Sur le plan géostratégique, tout se passe principalement aux États-Unis (45 %), au Royaume-Uni (18 %) et en Chine (17%); ces trois pays concentrant – en 2022 – 80% de la va- leur du marché de l’art des ventes aux enchères, même si la Chine continue de subir les conséquences négatives de son ancienne politique sanitaire « zéro Covid ». Et la France ? Avec près de 5 milliards de dollars de transactions en 2022, l’Hexagonere présente 7 % du marché mondial (contre 5,5% en 2021), en dépit d’un taux de change euro/dollar très défavorable. Cela fait beaucoup de chiffres – je le concède – pour une thématique censée être liée à la pure beauté. Et pourtant, il suffit d’observer comment les grands groupes de luxe investissent dans le monde de l’art par le biais de pharaoniques fondations pour comprendre que c’est un gigantesque business.
« L’art des affaires est l’étape qui succède à l’art, soulignait ainsi Andy Warhol dans Ma philosophie de A à B et vice versa, paru en 1975. J’ai commencé comme artiste commercial, et je veux finir comme artiste d’affaires. Après avoir fait ce qu’on appelle de l’art, ou ce qu’on veut, je me suis mis à l’art des affaires. » On peut dire sans trop se tromper qu’il a parfaitement réussi son coup. Monstre sacré de la scène américaine de l’après-guerre, Warhol est désormais l’un des artistes les plus bankable de l’histoire, ses toiles pouvant allègrement atteindre la barre des 200 millions d’euros. Les valent-elles réellement ? La question est ailleurs, of course.
De l’art… et quoi d’autre dans The Good Life #60 ?
Pour tenter néanmoins d’y répondre, The Good Life vous offre un panorama à 360 degrés de ce marché en perpétuelle évolution et s’efforce d’en appréhender les nouveaux enjeux. Au sommaire ? Analyse de l’irruption de l’intelligence artificielle générative, interview exclusive de Takashi Murakami (l’un des pionniers des œuvres NFT), enquête sur le come-back spectaculaire de Paris sur le marché de l’art contemporain, reportages dans les hôtels de luxe les plus créatifs de la planète, entretien avec le maire de Malaga, qui a misé l’essentiel du développement de sa ville sur le tourisme culturel, rencontre avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte, qui a repensé les plus grands musées du monde…
The Good Life aime l’art et le montre.
Au programme, également, de ce numéro : un grand reportage sur Phnom Penh, la vibrante capitale du Cambodge, dont le business décolle à la vitesse de la lumière, un dossier sur les mille visages de l’industrie du soulier, un avant-goût de Paris Photo, des pages mode inédites, du style, des montres, des tests autos, de la littérature, du design, des vélos électriques, des virées dans des palaces en Italie et à l’opéra de New York, des usines au Sri Lanka ainsi que notre très attendue short list des meilleurs hôtels et restaurants du moment. Aimer la good life est aussi un art ; le nôtre.
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