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Pourquoi tout le monde veut de nouveau un bout de la Lune ?

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Depuis Spoutnik 1 en 1957, la Lune fait l’objet de toutes les convoitises et ne cesse de s’attirer les regards des plus grandes nations terrestres…

Dans Le voyage de la Lune, film muet français de Georges Melies du début du XXe siècle, on suit le projet fou du professeur Barbenfouillis qui, au moyen d’un canon géant de 300 mètres de long, se lance en direction d’un cratère lunaire. Si, quand le film sort en 1902, il semble impensable d’approcher de près ou de loin, au cinéma ou dans la vraie vie, cet astre si énigmatique, peu imaginent encore que quelques années plus tard un homme, un vrai, posera un pied (puis l’autre) sur la Lune, et que s’en suivront des années de conquête.

En août dernier, l’Inde a rejoint le club très fermé des pays ayant posé un engin sur la Lune. Quelques jours plus tôt, la Russie voyait son précieux atterrisseur lunaire, Luna-25, exploser en plein vol. Un succès historique et un échec cuisant qui, en plus de remettre l’astre au cœur de notre actualité, relance officiellement l’exploration lunaire. Cinquante ans après la fin des missions Apollo, retour sur l’histoire de ce satellite que tous les pays veulent (re)conquérir.


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La Lune dans le viseur des Soviétiques

Si l’on devait dater la conquête lunaire, il faudrait faire un bon dans les années 60. Le contexte géopolitique de cette décennie n’est pas des plus réjouissants puisque le monde est en pleine guerre froide. Les Américains et les Soviétiques mènent un bras de fer qu’aucun des deux côtés ne veut lâcher. Dans ce climat de hautes tensions, l’URSS, à défaut de réussir à s’imposer sur la terre, décide de se lancer en orbite.

Le 4 octobre 1957, Nikita Khrouchtchev inaugure ainsi la mission Spoutnik, le premier satellite artificiel à quitter la terre en direction de la Lune. C’est la première tentative de conquête lunaire et, surtout, le commencement de ce qu’on appelle aujourd’hui l’ère spatiale. Le 3 novembre 1957, l’URSS décide de réitérer l’expérience en lançant Spoutnik, 2 avec cette fois à son bord un mammifère vivant. Paix à son âme, la mission n’aboutira pas et le petite chiene du nom de Laïka ne reverra plus jamais la lumière du jour.

Le président Richard Nixon plaisante avec les astronautes Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin lors de leur retour de la Lune.
Le président Richard Nixon plaisante avec les astronautes Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin lors de leur retour de la Lune. History in HD / Unsplash

Touche pas à ma Lune

Mais ce qu’il faut retenir c’est que toute cette agitation soviétique autour d’un nouveau territoire, aussi spatial soit-il, va venir piquer l’égo et l’âme de conquistador des Américains. C’est ce que nous explique Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche Stratégique et spécialiste des questions spatiales : « John Fitzgerald Kennedy ne supporte pas l’idée de se faire doubler par l’URSS sur le terrain de la conquête spatiale. Il prononce un long discours le 25 mai 1961 dans lequel il annonce que, d’ici la fin de la décennie, les Etats-Unis enverraient un humain sur la Lune et le ramènerait sain et sauf sur terre ». C’est à la même période que naît la N.A.S.A. (acronyme de National Aeronautics and Space Administration), l’agence gouvernementale américaine chargée d’exécuter le programme spatial civil.

En 1969, le 21 juillet précisément, un équipage d’astronautes, composé de Neil Amstrong, Michael Collins et Edwin « Buzz » Aldrin, réalise le premier alunissage de l’histoire lors de la mission Apollo 11. « Un petit pas pour l’homme et un grand pas pour l’humanité » qui va asseoir un peu plus la suprématie américaine et inspirer grandement le septième art. « Footprints on the moon : Apollo 11 » en 1969, « Dans l’ombre de la Lune » en 2007, « Moonwalk One » en 2014 ou encore « First Man – Le Premier Homme sur la Lune » en 2018. En film ou en série documentaire, ils ont tous raconté l’histoire de cette mission tout aussi historique.

Buzz Aldrin dans l’espace.
Buzz Aldrin dans l’espace. Nasa / Unsplash

Pourquoi n’a-t-on plus parlé de la conquête de la Lune pendant 30 ans ?

« Pour autant, au début des années 70, l’intérêt pour la Lune va retomber et Apollo va être abandonné au profit d’un programme de navette spatiale pour alimenter l’orbite terrestre« , explique Xavier Pasco. En parallèle, les Soviétiques essuient échec sur échec dans la conquête de la Lune et décident, eux-aussi, de se consacrer aux navettes spatiales« , ajoute-t-il. De 1970 au tout début des années 2000, la Lune sort du radar. Les nations ne s’y intéressent plus.

L’homme qui va faire revenir l’astre sur le devant de la scène n’est autre que George W. Bush. « En janvier 2004, le Président américain prononce un discours qui relance le programme de la conquête de la Lune dans lequel il annonce vouloir s’installer durablement sur le satellite naturel« , raconte le fondateur de la Fondation pour la recherche Stratégique.

Le problème, c’est qu’un Président ça change — sauf si vous vous appelez Robert Mugabe et que vous présidez le Zimbabwe depuis 42 ans, mais c’est une autre histoire. La valse des dirigeants et des bords politiques au pouvoir va amener le programme lunaire américain à faire deux pas en avant, trois pas en arrière, pendant plusieurs années.

« Obama souhaitait donner une direction plus sociale au budget américain et ne fait pas faire de la conquête spatiale une priorité durant son mandat« , explique Xavier Pasco, avant que Donald Trump viennent détricoter le travail de son démocrate de prédécesseur. « Le Président Trump va réinvestir massivement dans l’industrie aéronautique et initier le programme Artemis, qui visait à ramener l’être humain sur la surface de la Lune« . La conquête de la Lune reprend alors donc son cours.

La terre vue de la Lune.
La terre vue de la Lune. Nasa / Unsplash

Une (re)conquête de la Lune ?

Plus récemment, les choses semblent quelque peu s’accélérer. C’est ce que confirme Didier Schmitt, chef de la stratégie et de coordination des vols habités à l’Agence spatiale européenne (ESA). « Depuis cinq ans, on note une véritable émulation autour de la conquête de la Lune, ce qui nous amène à parler du retour vers la Lune ou de la reconquête« . Ce regain d’intérêt est des plus notables puisqu’il implique de nouveaux protagonistes dans l’exploration lunaire jusqu’ici très bipartite entre les USA et les Russes. « Si l’ambition géopolitique est la même aujourd’hui, le combat lui est juste moins binaire. Aujourd’hui, les Japonais, les Indiens, les Emiratis, les Européens, les Canadiens et d’autres veulent aussi participer à cette grande conquête spatiale« .

C’est dans ce contexte que le 23 août dernier à 18 h 04 (14 h 34, heure de Paris), l’Inde a rejoint le club très fermé des nations ayant posé un engin sur la Lune ,avec son Chandrayaan-3. Non contente d’atteindre l’astre laissé pour compte pendant 30 ans, le géant sud-asiatique a même réussi l’exploit de se poser sur le pôle Sud du satellite naturel, une région jusqu’alors inexplorée. « C’est une première mondiale« , confirme Didier Schmitt.

Si tout le monde veut sa part du gâteau spatial, il est cependant important pour Xavier Pasco, le directeur de la Fondation pour la recherche Stratégique, d’en rappeler l’essentiel : « Par essence, il y a sur la Lune un principe de non-appropriation. Cela signifie qu’elle n’appartient à personne et appartient à tout le monde« . A bon entendeur…

Reverra-t-on bientôt ce genre d’image ?
Reverra-t-on bientôt ce genre d’image ? History in HD / Unsplash

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