High Tech
Icône graphique du rock’n’roll, l’amplificateur de guitare culte fête ses 60 ans. Marshall s’est, depuis, diversifié en accompagnant l’essor de la musique nomade avec des haut-parleurs et des casques au logo de la marque. Pour l’occasion, The Good Life s’est rendu à Stockholm et a rencontré les créateurs de ces produits tant appréciés.
Des concerts géants d’AC/DC aux lives de Justice, un incontournable sur scène : une suite d’amplificateurs Marshall, synonymes de puissance et de culture rock. Des baffles autant présentes dans l’histoire de la musique amplifiée que dans l’imaginaire collectif.
Elles sont reconnaissables au premier coup d’œil avec leur -design simple, leurs matériaux robustes et vintage (bois, vinyle, métal doré, tissu), leurs solides potentiomètres métalliques et leur logo devenu un classique, bien en évidence au centre du cache du haut-parleur, là d’où le son jaillit. Au départ, pourtant, aucune stratégie marketing alors que Jim Marshall créait son premier amplificateur de guitare avec son fils Terry et Ken Bran, leur technicien. L’idée était de proposer un meilleur produit aux jeunes musiciens de rock’n’roll clients de son magasin de musique à Hanwell, un faubourg résidentiel du Grand Londres.
Parmi eux, un certain Pete Townshend (membre fondateur et chanteur des Who), qui lui demanda, en 1965, de créer un élément offrant une plus grande présence sonore sur scène. C’est le début d’une réputation indélébile pour Jim Marshall, surnommé The Father of Loud.
Un marché en pleine expansion
D’artisanale, la production passe au stade industriel et les fameux amplis noirs deviennent un must. L’entreprise croît et se développe, jusqu’à penser à se diversifier, attaquant un marché alors en pleine expansion dans les années 2010 : celui de la musique nomade, porté par la connexion Bluetooth et la miniaturisation des composants et des batteries.
Marshall et Zound Industries en chiffres
- Zound détient une licence Marshall depuis le début
des années 2010, renouvelée récemment pour 15 ans. - Avec environ 202 M €, le chiffre d’affaires de Zound Industries était en augmentation de 23 % en 2021, malgré le défi posé par les problèmes de sourcing qui touchent particulièrement cette industrie : l’année dernière, la demande était supérieure à l’offre. Marge opérationnelle en 2021 : 6,2 %.
- Le marché des enceintes et écouteurs Bluetooth est de l’ordre de 65 Mds $ aujourd’hui, estimé à 100 Mds en 2025. Zound en détient moins de 1 %.
Dans le même temps, la société Zound Industries crée une marque d’écouteurs et de casques nommée Urbanears. Installé à Stockholm dans de magnifiques locaux classés, directement dans la gare centrale, tout en bois patiné et meubles design, le groupe compte aussi des bureaux à New York, Londres, Paris, Shenzhen et Hong Kong, avec 250 employés.
Il exploite les licences Adidas pour un usage sportif et Marshall, donc, pour un positionnement très lifestyle, ajoutant une large gamme de haut-parleurs. Son CEO est l’un des investisseurs de départ de Zound, le Français Jérémy de Maillard, snowboarder originaire des Deux Alpes, passé par des postes importants chez Adidas, Vans et The North Face.
Marshall, des produits concept
Le catalogue de Marshall comprend une gamme étendue avec quatre modèles d’enceintes pour la maison, cinq enceintes portables, trois écouteurs sans fil true wireless, deux filaires, ainsi que deux casques sans fil. Tous arborent un design identifiable et un grand soin du détail. « Notre obsession est d’humaniser la technologie, avec trois mots d’ordre : s’assumer, être authentique, jouer fort », explique le designer Kenny Wong de chez Zound, chaque semaine en contact avec Marshall, en Angleterre.
Willen, la micro-Marshall
Rétrécir le concept des enceintes Marshall jusqu’à tenir dans la main : un défi qui a pris du temps, et ce n’est que depuis cette année que la marque propose un modèle ultranomade. Petit concentré esthétique du style de la maison, la Willen (99 €) tient dans la main et ne pèse que 310 g. Pourtant, son petit ampli intégré développe 10 W et libère un son étonnamment puissant au vu de la taille de l’objet (mais en mono uniquement). Les deux radiateurs passifs n’y sont pas étrangers, permettant de monter le son sans saturer. Grâce à sa protection eau et poussière IP67 et ses pare‑chocs intégrés, elle s’emporte facilement, sans craindre d’être l’abîmée. Une sangle en caoutchouc permet de la fixer à peu près n’importe où. L’autonomie est aussi un point crucial pour un tel accessoire, et avec 15 heures de durée avant recharge, elle a de quoi accompagner toute une journée. Elle coche aussi la case responsabilité environnementale en utilisant 60 % de plastiques recyclés et en éliminant le PVC. Cerise sur le Bluetooth, plusieurs enceintes peuvent être appairées entre elles pour démultiplier le son d’une même source musicale.
Les aspects écologiques de tels produits électroniques de grande consommation sont aussi sur la table : « Nous ne voulions pas faire de greenwashing, mais plutôt des avancées mesurables, nous sommes donc concentrés sur notre empreinte carbone et l’utilisation de matériaux recyclés, précise Kenny Wong. Les progrès des batteries et des puces ont permis de doubler le temps de fonctionnement des appareils et donc, leur durabilité, car ils ont besoin de moins de recharge. Le hardware doit suivre, devenir plus solide, facile à réparer et aussi à recycler. »
Le son au cœur de la conception
Amplifier le son d’une guitare électrique ou jouer des morceaux couvrant tout le spectre musical sont deux tâches différentes pour un ampli, presque antagonistes. Alors, depuis les débuts de leur collaboration, Zound et Marshall sont en discussion permanente pour trouver la signature sonore parfaite qui exprime les valeurs de la marque. Un processeur numérique est là pour ajuster en permanence le rendu, selon le signal et le niveau d’écoute.
« Il s’agit d’obtenir un son qui accroche l’attention, mais avec un certain équilibre. À l’origine, nous sommes tournés vers le rock’n’roll, mais nos enceintes doivent pouvoir jouer tout style de musique, explique Malcolm Kennedy, responsable de l’acoustique et de l’ingénierie. Car l’attitude rock’n’roll transcende les genres et les clients des produits Marshall viennent de tous horizons.
3 questions à Jérémy de Maillard - CEO de Zound Industries
Comment avez-vous rejoint l’aventure Zound ?
J’ai investi dans Zound en 2009, avant même le lancement des premiers produits. La vision de 8 entrepreneurs suédois, au départ du projet, était de rendre l’électronique à la mode et rendre la mode électronique… À l’époque, c’était un marché terne et ennuyeux, et Urbanears y a apporté un monde de couleurs. J’ai aimé la culture de l’entreprise et je suis resté proche en tant qu’investisseur. En 2020 le board m’a contacté pour devenir leur nouveau CEO.
Quelles sont les valeurs communes que vous partagez avec Marshall ?
Une forme d’intégrité cultivée depuis soixante ans, qui s’exprime en prenant des décisions justes, en donnant un sens aux choses via des investissements associatifs, en soutenant les artistes, mais aussi en créant des produits de qualité, qui durent longtemps. Nous travaillons d’ailleurs à étendre leur longévité. Pour nous, il s’agit de respecter, protéger et valoriser la marque. Lorsque vous voyez le logo Marshall, cela signifie quelque chose pour vous. Et vous apportez cette attitude avec vous.
Comment voyez‑vous l’évolution de ce type de produits (enceintes et casques/écouteurs) ?
Nous allons choisir nos batailles. Parmi les récentes avancées, le standard Bluetooth LE permet de connecter différentes personnes avec différents appareils, et différents streams, ce qui nous correspond bien. Les produits deviennent aussi de plus en plus petits. Cependant, l’innovation n’est pas uniquement du point de vue technologique, mais aussi dans la manière de communiquer, de résoudre les problèmes des utilisateurs. La technologie passe rapidement d’un point différenciant à un point commun. Nous sommes au cœur de notre marché. Entre les petites marques qui jouent le prix et les grands noms, nous offrons une occasion de diversification.
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