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Ces dernières années, les ventes aux enchères des fossiles de dinosaures se sont multipliées et avec elles l’intérêt des ultra-riches, prêts à faire des folies pour avoir chez eux de tels vestiges.
Après les montres, les voitures et les tableaux de maîtres, les collectionneurs les plus fortunés ont une nouvelle obsession : les squelettes de dinosaures.
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L’inquiétude des paléontologues
Les millionnaires s’intéressent de plus en plus aux ventes aux enchères spécialisées des plus importantes maisons de vente, attirés par la possibilité d’installer dans leur salon les restes d’un dinosaure. Devant le phénomène grandissant, la communauté scientifique s’interroge du nombre croissant de spécimens qui se retrouvent entre les mains des collectionneurs et s’inquiète des aspects négatifs qu’entraine cette tendance pour la recherche.
En avril le paléontologue Steve Brusatte, chercheur à l’Université d’Édimbourg, précisait à BBC News son inquiétude : « la plupart des musées ne peuvent pas rivaliser avec les poches profondes des oligarques et des super-riches ». En 2020, la Society of Vertebrate Paleontology a demandé à Christie’s de favoriser la vente des squelettes de dinosaures aux institutions engagées à conserver ces spécimens pour le bien public et à perpétuité.
Mais, déjà en 1998, suite à la première vente aux enchères d’un fossile de dinosaure de l’histoire, celle du T Rex nommé Sue pour adjugé à 8,3 millions de dollars chez Sotheby’s, John W. Hoganson, paléontologue émérite de la Commission géologique du Dakota du Nord, parlait d’un « marché international florissant pour les fossiles et la collecte et la vente de fossiles par des profiteurs ».
Les ventes les plus surprenantes de squelettes de dinosaures
Plusieurs ventes aux enchères aux résultats astronomiques ont marqué l’histoire de ce marché dans les trois dernières années.
Aucun dinosaure ne peut encore rivaliser avec Stan, un fossile de T Rex complet à 70 % vendu pour le montant record de 31,8 millions de dollars (environ 29 millions d’euros) chez Christie’s New York en 2020. Bien que les salles de vente préfèrent souvent ne pas révéler l’identité des acheteurs, National Geographic a révélé en 2022 que le nouveau propriétaire de Stan était, pour la joie des paléontologues, le Musée d’histoire naturelle d’Abou Dhabi, en Arabie saoudite, supposé ouvrir ses portes en 2025.
En 2022, toujours chez Christie’s New York, un anonyme a remporté l’enchère d’un squelette de Velociraptor, constitué de 126 os fossilisés datant d’environ 108 à 115 millions d’années, à 12,4 millions de dollars. Au cours de la même année Sotheby’s a vendu pour 6,1 millions de dollars un Gorgosaurus, un dinosaure qui, selon les paléontologues, était plus féroce et plus rapide que le T-Rex, un squelette découvert dans le Montana en 2018.
Plus récemment, à Zurich un collectionneur de dinosaures et d’art moderne a acheté le premier T Rex vendu aux enchères en Europe. Appelé Trinity, ce squelette mis en vente en avril 2023 par la maison Koller, assemblage de trois T Rex retrouvés dans le Wyoming et le Montana (États-Unis) est un cas exceptionnel, compte tenu qu’il est composé à plus de 50% d’os réel, un pourcentage relativement élevé alors que beaucoup de squelettes mis en vente aux enchères sont en général constitués en partie de pièces en plâtres de remplacements. Avant d’être vendu, Trinity avait été exposé au public pendant deux semaines dans la ville suisse.
Paris aussi a eu son lot de dinosaures, notamment un rare squelette d’Allosaurus (un spécimen considéré comme le père de T-Rex) décrit comme complet à 70% complet et admirablement restauré, vendu pour 3 millions d’euros à l’Hôtel Drouot en 2020. Composé de 100 pièces, ce squelette retrouvé au Wyoming aux États-Unis en 2016 mesurait 10 mètres de haut et 3,5 mètres de long.
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