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Conçue pour la course à pied en 1982, la 990 est devenue une reine de la culture sneakers, sans jamais perdre de son ADN au fil de ses nombreuses réinterprétations.
Boston, printemps 1978. Jim Davis, propriétaire de New Balance, a rendez-vous avec ses designers. Ils ont une idée folle et urgente : concevoir la meilleure chaussure de course à pied de tous les temps. Et s’imposer sur ce marché dont New Balance n’a pas encore saisi tout le potentiel. Depuis la victoire de Frank Shorter sur cette distance aux jeux Olympiques de 1972, à Munich, le cœur des États-Unis bat au rythme du « running boom ».
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Dans la foulée de ce chantre du sport santé, des millions d’Américains grattent le bitume tous les week-ends. Et cherchent à s’équiper. Sur la côte Ouest, les innovations d’une petite marque cool – Nike – séduisent les étudiants, les athlètes de club et les néo-runners du dimanche. « Nioubee » doit donc frapper fort. Jim Davis donne carte blanche, du temps et de l’argent à ses équipes. Il vient de prendre la meilleure décision de sa vie…
Quatre ans plus tard, la New Balance 990 – ainsi baptisée parce que « sur une échelle de 1 000, elle vaut 990 », dixit la pub – sort enfin des labos. Un bijou de confort, de souplesse et d’endurance (sa semelle extérieure est 30 % plus résistante que la moyenne) qui doit son premier quart d’heure de gloire à son prix jamais atteint pour une running : 100 dollars !
Cette somme n’effraie pas les coureurs, conquis par ses vertus premium qui ravissent aussi – et c’est une surprise – les yuppies et les branchés new-yorkais. « Ils se l’offrent comme on s’achète le dernier gadget high-tech à la mode, raconte Claire Boulanger, marketing manager France. Chose rare, pendant une grosse décennie, la 990 connaît deux belles vies : l’une sportive, l’autre lifestyle. »
Une New Balance 990 v3 pour ses 30 ans
L’allure de ce fulgurant best-seller au destin hybride n’est modifiée que par petites touches jusqu’en 1998, année de son grand lifting. Au daim d’origine s’ajoutent des pièces de mesh dodues et une semelle plus musclée. Les courbes de cette 990 v2 ont vingt ans d’avance, préfigurant les futures tendances normcore et dad shoe. Dans l’interstice, New Balance la décline made in UK dans son usine de Flimby, dans le nord-ouest de l’Angleterre.
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Notamment pour satisfaire la demande d’un certain… Steve Jobs ! Déjà fan de la 990, le patron d’Apple suggère, croquis à l’appui, quelques innovations à apporter à ce qui devient la 991 en 2001, puis la 992 en 2006. Ce VRP de luxe l’associera à son invariable look légendaire – pull noir Issey Miyake et denim bleu clair – jusqu’à sa mort, en 2011. Un an plus tard, pour ses 30 ans, New Balance renoue avec sa numérotation américaine (990 v3).
Fabriquée aux États-Unis – un parti pris industriel qu’elle ne manque pas de rappeler à Barack Obama en lui adressant une paire à son nom –, la v3 devient la chouchoute des figures de la street-culture. Tandis que Nike et Adidas dépensent des fortunes en name dropping (Kanye West, Pharrell), New Balance est draguée par les designers stars de la religion sneakers (Teddy Santis, Ronnie Fieg) et les labels les plus pointus (Starcow, Patta) qui veulent accoler leur nom à « ce modèle qui, aujourd’hui encore, est le préféré des collectionneurs », complète Claire Boulanger.
Désormais bien installée au sein du hall of fame de la kicks, la 992 s’offre une seconde vie, en 2019, avec la v5 dont s’amourache la Gen Z, très à cheval sur la question du style, mais aussi sur celle de l’éthique dans l’étiquette. « Nos études montrent qu’en plus de son style intemporel les conditions RSE dans lesquelles elle est fabriquée, sur le sol américain, sont un critère d’achat. »
Mieux : cette sneaker « portée par les top-modèles de Londres comme par les darons de l’Ohio » fait le pont entre deux générations. Les puristes de la première heure ne jurent que par son camaïeu de gris, et leurs enfants sont à l’affût des collabs qui lui sont consacrées. Un peu comme une Stan Smith ou une Air Force 1. Le sentiment d’overdose en moins.
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