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Des domaines en vue mettent en avant le grand potentiel qualitatif du rosé, jusqu’à une capacité de garde inattendue. Y a plus de saison ! - TGL
Des domaines en vue mettent en avant le grand potentiel qualitatif du rosé, jusqu’à une capacité de garde inattendue. Y a plus de saison ! - TGL
Edward Fury

Vins et spiritueux // Tentations

Rosé de garde : ces domaines qui révolutionnent les vins de Provence

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Ce n’est plus seulement ce jus d’été servi bien frais au soleil, qu’on ose même en « piscine » débordant de glaçons. Des domaines en vue mettent en avant le grand potentiel qualitatif du rosé, jusqu’à une capacité de garde inattendue. Y a plus de saison !

Comme tout bon producteur de vin, le Domaine de Terrebrune a lancé au printemps sa cuvée 2024. Sa couleur éclatante, légèrement ambrée, laisse deviner sa vivacité et un brin de typicité. L’été s’annonce bien avec ce rosé de garde.


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Rosé de caractère

Pour cette propriété d’excellence de Bandol, sur la plus petite et la plus atypique des quatre appellations que compte le Var, c’est presque un crève-cœur de sortir ses vins si tôt, après quelques mois d’un court élevage. D’ailleurs, à la vente, il y a aussi le millésime 2019 !

Les vignes du Château La Costes.
Les vignes du Château La Costes. DR

« Nous proposons même le 2017 et le 2015 à la restauration, renchérit Jean d’Arthuys, le copropriétaire de ce vignoble magique face à la Méditerranée. Les amateurs commencent à comprendre qu’il existe des rosés de garde. J’ai d’ailleurs récemment organisé une verticale sur vingt ans. »

L’ancien dirigeant du groupe M6, reconverti dans la vigne, est persuadé que l’avenir appartient aux « vins de personnalité ». Sur les terroirs de Bandol, où l’on produit aussi des rouges magnifiques et des blancs racés, il prêche des convaincus qui se nomment Château de Pibarnon, Tempier ou La Bégude.

La Commanderie de Peyrassol.
La Commanderie de Peyrassol. One wine production

Ailleurs en Provence, l’idée qu’on pourrait en finir avec la saisonnalité du plus éphémère des vins infuse les esprits. En douceur. Conçu pour vite passer l’été sur la plage ou au bord de la piscine, il étanche aussi la soif des directeurs financiers : quel meilleur rapport que de vider les stocks en trois mois ?

Mais après quinze ans de croissance continue, le rosé voit sa consommation s’essouffer, notamment en Amérique du Nord, son eldorado. Cet essor fulgurant a aussi masqué la qualité d’un vignoble, le plus ancien de France sur des terroirs très variés, qui reste écrasé par sa couleur fétiche, 88 % de la production en AOC à elle seule.

Le raisin du domaine Minuty.
Le raisin du domaine Minuty.  Hervé Fabre

Et si le temps était venu d’apprécier ce qui peut aussi être un grand vin ?« Le rosé a une image de vacances et de convivialité, mais il est difficile à élaborer et requiert un savoir-faire, répond Éric Pastorino, président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence. Nous voulons développer les rosés de garde, que j’appelle rosés millésimés, comme en Champagne. »

Cultiver la singularité

L’allusion n’est pas feinte. Comme dans les bulles, le rosé de Provence devient un repaire de marques à l’envergure internationale, souvent menées par des groupes : Minuty, Sainte-Marguerite, Ott, Miraval… Chez Esclans, propriété de Moët Hennessy portée par la multimillionnaire cuvée Whispering Angel, on commercialise les grands vins Château d’Esclans et Les Clans sur des millésimes anciens. Les indépendants voient s’ouvrir l’espace pour une jolie niche de vins très travaillés.

Les vignes du domaine Minuty.
Les vignes du domaine Minuty. Roberta Valerio

Prenez Bruno Paillard, fondateur justement de la maison champenoise du même nom, il cultive cette singularité dans sa propriété provençale du château des Sarrins. « Les vignes y sont des clairières dans les bois », dit-il des 27 hectares en bio dans les collines du Haut-Var, dont il tire un rosé nommé Secret, élevé en barriques, comme un vin de garde, vendu actuellement sur le millésime… 2021.

Au château La Mascaronne voisin, l’homme d’affaires Michel Reybier a choisi de produire exclusivement à partir de son vignoble alors que le modèle provençal passe beaucoup par le négoce. « Nous avons fait un gros travail d’identification des terroirs pour cartographier dans le détail nos parcelles, explique celui qui détient également Cos d’Estournel, à Saint-Estèphe. Je veux continuer à faire des rosés dans la fraîcheur et dans l’aromatique, mais avec plus de précision. La garde viendra de la naturalité. »

Le Château de Pibarnon.
Le Château de Pibarnon. Roberta Valerio

Certains voient plus loin encore. Née en 2021 à Tavel, cette appellation du Gard spécialisée dans le rosé, qui n’a jamais dévié de ses vins à la robe profonde, l’Association internationale des rosés de terroir veut fédérer largement autour de cette mise en valeur de crus qualitatifs.

Le collectif regroupe des beaux domaines du Sud, dont bien sûr les bandol de Terrebrune ou Pibarnon, mais pas seulement. Se joignent des producteurs du Languedoc et de Bordeaux, de Sancerre et de Champagne, du fameux vignoble des Riceys, dans l’Aube, ainsi qu’à l’étranger, jusqu’en Italie ou au Liban.

Les vignes du Domaine de Terrebrune.
Les vignes du Domaine de Terrebrune. Brice Portolano

L’association est menée par Philippe Guigal, qui a acquis le Château d’Aqueria en Tavel, dont la cuvée L’Héritage patiente deux ans avant de sortir de cave. Acteur majeur et très puissant de la vallée du Rhône, aux millions de bouteilles produites dans toutes les appellations, il sert de locomotive à un mouvement irréversible selon lui : « Ces rosés sont intemporels, ce sont de vrais vins qui n’ont pas vocation à suivre des modes. »


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