The Good Business
Le quartier Vertbois cache de nombreux trésors. Entre la place de la République et le musée des Arts et Métiers, c’est un triangle empli de créativité qui se forme. Art de vivre, gastronomie, design… ce hameau parisien est une pause dans la capitale. Nichés l’un en face de l’autre, le café-disquaire Rupture Record et la librairie-galerie Rupture Arts & Books - inaugurée en 2021 -, sont les symboles mêmes d’une «slow culture» émergente. The Good Life est allé à la rencontre de leur fondateur, Alexandre Sap.
Depuis 2017, Rupture bouscule les codes de la culture. À sa tête, Alexandre Sap, entrepreneur dans le milieu artistique, qui eut l’idée lors du premier confinement de créer son comptoir culturel Rupture après un séjour au Soho House de Berlin. Sa devise ? « Si tu ne peux pas aller vers la culture, il faut que celle-ci vienne à toi.» Sa récente acquisition des éditions Imbernon et de sa librairie placée au troisième étage de la Cité Radieuse Le Corbusier, à Marseille, amène The Good Life à dresser le portrait d’un fondateur pas comme les autres. Rencontre.
Rupture en quelques dates et chiffres
- 2017 : Ouverture de Rupture Record
- 2021 : Ouverture de Rupture Arts & Books
- 2022 : Rachat des Éditions Imbernon et sa librairie à la cité radieuse La Corbusier à Marseille
- 4 : le nombre d’adresses en Europe
- 1 M : le chiffre d’affaires d’une boutique
- 75 000 : le nombre de visiteurs dans sa boutique à Marseille
Un entrepreneur visionnaire
«J’ai eu la chance d’avoir plusieurs vies professionnelles, toutes dans la culture mais à travers des univers différents.» D’abord ingénieur du son pour l’émission de télévision Taratata, diffusée sur France 2, puis fondateur de son propre label de musique, Alexandre Sap aiguise, en l’espace d’une vingtaine d’années, son couteau suisse. Selon lui, chaque métier peut être réinventé : «Cela m’a donné l’idée d’imaginer un café disquaire servant de siège social pour notre maison de disques puis de fonder une librairie galerie où tout se croise et s’interconnecte.»
« Ralentir… voilà ce que Rupture propose dans ses comptoirs culturels. »
De nos jours, le monde culturel ne cesse d’évoluer. La mondialisation, en grande partie responsable, a provoqué un raz-de-marée dans la manière de se cultiver. Les algorithmes présents sur les plateformes de streaming ou sur les réseaux sociaux entraînent une sorte de dictat qui influence nos goûts et nos choix. Et Alexandre Sap l’a bien compris : «Nous devons remettre la beauté et la bonté au centre de toutes nos préoccupations, raconter à nouveau de belles histoires et sortir des circuits de promotion.» Rupture est entouré de treize investisseurs répartis à Paris, à Marseille et à Venise. Selon l’entrepreneur, ce « club de rupturiens » permet de faire revivre la culture d’une manière plus vertueuse.
Ralentir… voilà ce que la maison artistique propose dans ses comptoirs culturels. Alexandre accorde une grande importance à ce terme de « comptoir ». Dans le Marais, à Marseille ou à Venise, chacune des adresses sont d’anciens comptoirs portuaires, où s’échangeaient de précieux biens. Rupture perpétue la tradition et invite ceux qui pénètre son antre à faire une pause loin de l’effervescence de la ville.
Rupture, un lieu deux en un
Rupture, c’est donc avant tout un «mode de vie» ne ressemblant à aucun autre. Un lieu qui puisse faire dialoguer tous les arts ensemble sans distinction. Alexandre affirme : «L’interdisciplinarité est le futur de nos modèles culturels, nous devons nous ouvrir à tous les courants d’expression artistiques parce qu’ils se fertilisent les uns les autres et permettent de faire émerger de nouveaux modèles de création artistique.» L’entrepreneur évoque, à travers son réseau culturel, la possibilité que deux domaines différents – comme la restauration et la littérature – créent entre eux des «interconnexions» presque évidentes.
À la fois galerie, maison d’édition, librairie, disquaire… Rupture est un lieu hybride qui propose au sein de ses trois boutiques des produits qu’il chérit et qu’il produit allant du prochain livre de l’artiste Emmanuelle Luciani à un vinyle d’Hawksley Workman. Alexandre Sap véhicule une sorte de collection personnelle dans ses comptoirs. « Ma sélection s’inspire aussi de l’environnement où se trouve mes boutiques. Pour Marseille, il fallait que la librairie soit tournée vers les habitants. C’est pour cela que j’ai ajouté un rayon enfant et sélectionné de beaux livres d’art. C’est des choix du cœur avec une certaine esthétique. »
« Rupture, c’est l’idée du voyage et de la mixité des mélanges »
Que ce soit chez Rupture Arts & Books, Rupture Record ou Rupture & Imbernon, il se dégage une influence des années 1970 orchestrée par le designer et architecte d’intérieur Pierre Gonalons. Ce sont de véritables «œuvres d’art» où la culture et le design s’entrechoquent pour ne former qu’un. « Dans chacune de nos boutiques, nous essayons d’installer une espèce de rupture mais en gardant toujours la racine. »
En 2023, Rupture nous donne rendez-vous à Venise, à San Polo, pour l’ouverture de son quatrième espace prévu pour le lancement de la 18e édition de la Biennale d’architecture de la ville italienne. La nouvelle boutique sera un mélange des trois boutiques où il sera possible de dénicher le dernier bouquin édité par la maison, un vinyle vintage ou encore une pièce de collection. Il conclut : «Les yeux maintenant rivés sur l’Orient, dans le sillage de la route de la soie…»
Découvrir l’univers de Rupture
> Rupture Record. 11 Rue du Vertbois, 75003 Paris.
> Rupture Arts & Books. 24 Rue du Vertbois, 75003 Paris.
> Rupture et Imbernon. 280 boulevard Michelet 3ème Étage, 13008 Marseille.
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