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Le directeur créatif de Louis Vuitton s’unit à Moët et Chandon en enroulant un luxueux ruban autour du col de la bouteille. Une parure à la fois légère comme une bulle et ostensible comme une image publicitaire.
Le designer et artiste Pharrell Williams, qui accompagne le groupe LVMH dans ses multiples représentations, souhaite frapper les esprits en se rapprochant de la célèbre marque de champagne. Son idée : magnifier la signature visuelle en amplifiant délibérément le nœud de la collerette, qui constitue depuis 1892 l’emblème de la bouteille de champagne.
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Entre histoire et design
L’ensemble de la gamme va être ainsi repomponné avec un design plus clair, plus frappant, rappelant que le champagne appartient à ces instants surlignés qu’il convient d’applaudir, de secouer avec la ponctuation ô combien allégorique de la mousse qui jaillit. Nous voilà précisément en pleine métaphore du nœud qui, contrairement à ce que ces lignes voudraient suggérer, a un tout autre propos.
Le nœud est en lui même une façon de penser qui consiste à consolider une union, une atmosphère. La boucle revient sur elle-même – le retour aux sources de 1892 – pour mieux enserrer le présent. Avec cette nouvelle bouteille, nous voici donc entraînés loin de ce que pourrait être un nœud gordien, mais, tout au contraire, dans la lumière du panache mousseux, le pétillant des bulles grimpant à la surface. Le nœud Pharrell Williams voudrait tendre vers le destin, le cours de la vie, le karma.
En quelque sorte, pour citer Happy (2013) : « Because I’m happy. » Il nous rapprocherait presque de Jacques Lacan avec son image des trois ronds entrelacés symbolisant le réel, l’imaginaire et le symbolique nécessaires à la construction de l’identité. Pour mieux appuyer son propos, au cas où certains esprits distraits s’en iraient scroller ailleurs, Pharrell Williams et son entourage ont voulu nous « binger » sur l’affaire en dépassant les bornes. Il existera donc des séries limitées tapant fort l’imaginaire.
À part les photos diffusées ici et là, vous ne risquez guère de rencontrer le spectaculaire Uberpiece. Et si c’est le cas, avant de tomber dans les pommes, matez la pièce. Ce jéroboam de trois litres aura été édité à 30 exemplaires, bien évidemment numérotés et logiquement préemptés par les meilleurs clients.
L’excellence artisanale
L’artiste Astrid de Chaillé se sera appliquée sur des lettres peintes à la main avec 89 perles en relief dans la peinture, créant un effet en trois dimensions. Le nœud, quant à lui, aura été surdimensionné, nécessitant 300 heures de travail manuel avec 7 310 perles. Celui-ci a été réalisé par l’atelier parisien Baqué Molinié. « Le travail de ces artisans, précise le communiqué de presse, nécessitant des heures de recherche, d’échanges, mais aussi des heures de broderie et de perlage à la main, reflète un savoir-faire qui est également primordial dans l’élaboration du champagne. »
Ce n’est pas fini. Cette pièce est présentée dans un co ret en bois peint bleu nuit arborant la signature du designer, réalisée par Astrid de Chaillé, qui a appliqué une finition nacrée à l’embossage. Ces 30 pièces numérotées sont disponibles via le service de ventes privées Moët Hennessy, à la boutique d’Épernay ainsi que dans certains bars Moët & Chandon, au prix de 30 000 euros.
En lot de consolation, le « Nœud » connaîtra une déclinaison plus œcuménique, en mode magnum de 1,5 litre en deux versions : le Grand Vintage Collection 2003 (noir) et le Brut Impérial (bleu nuit). Comparés à celui de l’Uberpiece, les tarifs retrouvent des airs de passe Navigo avec 650 euros pour la version bleu nuit et seulement 950 euros pour l’option gains bourienne.
Toutes deux hériteront d’un nœud en tissu surdimensionné, orné de perles et confectionné par les brodeurs et designers textiles de l’atelier Baqué Molinié. Enfin, pour le commun des mortels, le brut impérial de 75 cl a le droit à un petit brossage des dents avec un col de la bouteille lustré de différentes couleurs : l’or, le bleu et le rouge. « La typographie emblématique de la maison évolue pour laisser place à une écriture blanche parsemée de points, semblables à des perles, sur la boîte et directement sur la bouteille également. »
Plus que jamais, l’effet marketing naît de la prolifération du langage de l’image. Cette dernière est devenue comme un gouffre dans lequel notre société bascule, accumulant les aberrations, les chocs, une lointaine poétique et une obsession de combler le vide. Précisément l’inverse du champagne, fût-il en version Moët & Chandon, multipliant l’air, la bulle, l’évanescence. Le monde, aujourd’hui, utilise le paradoxe comme une parabole, le nœud se retourne parfois sur lui-même.
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