The Good Business
C’est l’un des endroits les plus singuliers de toute l’Amérique, une ville réputée pour son défilé de Mardi gras, ses boîtes de jazz, ses délicieuses cuisines cajun et créole, et son architecture coloniale aux mille couleurs. Fondée en 1718, ainsi nommée en l’honneur du régent Philippe d’Orléans, puis vendue en 1803 à la jeune Amérique par Napoléon Bonaparte, La Nouvelle-Orléans conserve un peu de son identité française et son centre-ville historique a gardé le nom de French Quarter. LaToya Cantrell, sa maire démocrate, l’une des rares femmes à diriger une grande ville américaine, nous a ouvert les portes de la « Big Easy », joyau culturel unique, dont l’éclat est d’autant plus merveilleux qu’il est fragile.
Mais l’histoire récente du berceau du jazz résonne aussi au son d’une mélodie funèbre : celle de l’ouragan Katrina, qui a causé plus de 1 800 morts et des milliards de dollars de dégâts en 2005. Symbole de résilience absolue en Amérique, La Nouvelle-Orléans arbore désormais un autre emblème – dont elle se passerait sans doute – en tant que ville témoin à l’heure de l’urgence climatique. Sa maire LaToya Cantrell en dit plus à The Good Life.
À lire aussi : Santander : 11 questions à la maire Gema Igual Ortiz
Longtemps, LaToya Cantrell, 51 ans, a été considérée comme une rebelle à l’ordre politique de La Nouvelle-Orléans. Fervente catholique au discours très progressiste, LaToya Cantrell s’est fait un nom sur le terrain après le passage de l’ouragan Katrina.
« J’ai constaté à quel point notre ville est résiliente »
À la tête d’une association de plus de 20 000 habitants de Broadmoor, un quartier populaire totalement dévasté, LaToya Cantrell a su lever des millions pour reconstruire les écoles, rouvrir la majestueuse bibliothèque et accélérer le retour des habitants. Cet effort remarquable dans une ville profondément démocrate lui a ouvert la voie, en 2012, à une élection au conseil municipal, où elle n’a cessé de défendre les intérêts de la population et des laissés-pour-compte.
Et ce qui devait arriver arriva : en novembre 2017, la native de Los Angeles a été élue maire, devenant la première femme à la tête de la ville, en trois cents ans d’histoire. Réélue facilement quatre ans plus tard, avec 63 % des voix, LaToya Cantrell connaît toutefois un second mandat plus difficile.
En cause : son style sans fioritures, qui heurte ses adversaires, et, plus prosaïquement, des critiques politiques mêlant un taux de criminalité qui plafonne, une approche jugée trop stricte dans la lutte contre le Covid-19 et une crise rampante du ramassage des ordures.
À l’heure où nous bouclions ce numéro, ses détracteurs s’échinaient à réunir des milliers de signatures pour tenter d’organiser une élection de rappel. Ses supporters, eux, ne manquent pas de rappeler que LaToya Cantrell serait ici victime d’un fléau de la politique américaine : la « misogynoire », une forme de sexisme spécifique aux femmes noires. Bien résolue à ne pas se laisser faire, c’est donc une LaToya Cantrell combative qui nous a reçus dans cette ville pareille à nulle autre.
À lire aussi : Genève : 13 questions à la maire Marie Barbey‑Chappuis
The Good Life : Le président français Emmanuel Macron a profité de sa venue aux États-Unis, en décembre dernier, pour faire la promotion de la francophonie dans votre ville si emblématique des relations franco-américaines. Que persiste-t-il du lien entre les deux pays ?
LaToya Cantrell : Les liens entre La Nouvelle-Orléans et la France remontent au XVIIe siècle, lorsque les Français ont revendiqué une grande partie de l’Amérique du Nord, y compris ce que nous appelons aujourd’hui la Louisiane. Depuis la fondation de notre ville, en 1718, notre histoire et notre culture sont donc profondément attachées à la France, comme en témoignent notre patrimoine architectural, notre cuisine ou encore la prévalence de la langue française. Mais cela faisait presque cinquante ans qu’un président français n’avait pas visité La Nouvelle-Orléans. La France est un partenaire commercial majeur, et les liens se sont renforcés à cette occasion.
Je me suis aussi récemment rendue à Juan-les-Pins pour conclure un accord de jumelage. Je remercie sincèrement le président Macron pour l’initiative qu’il a annoncée [le plan « French for All », qui vise à développer l’apprentissage de la langue française aux États-Unis, de la maternelle à l’enseignement supérieur, NDLR]. C’était déjà un enjeu de développement avant sa visite et ça l’est encore plus désormais. Je suis très enthousiaste à ce sujet, et tous nos étudiants le sont aussi, car il s’agit autant d’un investissement que du renforcement de l’amitié et de l’éducation.
La Nouvelle-Orléans est également le berceau du jazz, l’endroit où se tient l’un des carnavals les plus renommés du monde et un lieu reconnu pour sa culture culinaire. Comment tirez-vous profit de ce patrimoine culturel et historique pour attirer des touristes ?
Nous ne tirons pas profit de notre histoire ou de notre patrimoine culturel, nous investissons dedans ! Nous investissons dans notre population ! C’est comme ça que nous préservons cet héritage et que nous pourrons garantir que cette ville de classe internationale, vieille de trois cents ans, continuera de prospérer. Nous savons que nos musiciens locaux et nos artistes jouent un rôle essentiel dans le développement du profil touristique de La Nouvelle-Orléans.
Ils sont l’épine dorsale de notre ville et la colonne vertébrale de notre économie. C’est notre mode de vie, nos traditions uniques, nos qualités culturelles – notamment le jazz et la cuisine, mais cela va au-delà – qui attirent les visiteurs du monde entier à La Nouvelle-Orléans, année après année. Les dernières festivités de Mardi gras ont été parmi les plus importantes depuis plus de dix ans. Alors à nous de continuer à être cette ville accueillante, qui partage sa culture, qui prospère, et cela passe par cet investissement dans nos habitants.
À lire aussi : Interview : rencontre avec Valérie Plante, mairesse de Montréal
Justement, le tourisme est l’activité principale de La Nouvelle-Orléans. Mais c’est un secteur d’activité qui profite d’abord aux propriétaires de restaurants, d’hôtels ou encore aux promoteurs immobiliers. Quels moyens déployez-vous pour permettre aux travailleurs précaires, mais centraux dans l’écosystème, de profiter eux aussi de cette manne ?
Lorsque je suis devenue maire, en 2018, j’ai lancé une campagne contre l’État de Louisiane intitulée « Fair Share ». Alors que La Nouvelle-Orléans accueille 19 millions de touristes par an, l’essentiel de la manne fiscale provenant de la taxe sur les ventes et de celle sur les hôtels et motels restait au niveau fédéral, sans être réinvestie dans la ville.
J’ai donc lancé cette campagne pour encourager un partage équitable, et j’ai remporté cette bataille. Une partie de la taxe sur les hôtels et les motels est désormais investie directement en faveur des personnes et des communautés culturelles qui font la spécificité de la ville et méritent d’être mises en avant comme nos musiciens et nos cuisiniers, et toutes ces activités qui vont de pair avec le Mardi gras : la parade traditionnelle des Indiens, les masques, les poupées…
Pour la première fois de notre histoire, nous réinjectons de l’argent dans la culture. En 2022, qui marque le début de cette dynamique, nous avons dépensé cinq millions de dollars à cet effet. À mesure que le tourisme reprend et que les séjours vont se multiplier, les sommes vont augmenter. C’est ainsi que nous équilibrons les choses et que nous montrerons aux personnes dont nous dépendons pour notre économie que nous nous soucions d’elles, que nous ne les considérons pas seulement comme un business et que nous leur rendons leur dignité avec un vrai salaire.
The Good Life : Avec près de 280 homicides pour 377 000 citoyens en 2022, la ville a l’un des taux de criminalité les plus élevés par habitant des États-Unis. N’est-ce pas un sujet de préoccupation majeur, dans un contexte où l’économie et l’image de la ville reposent largement sur le tourisme ?
LaToya Cantrell : La sécurité publique est l’une de mes préoccupations majeures, non seulement pour les visiteurs, mais aussi pour nos résidents. Effectivement, en 2022, nous avons enregistré plus de 260 meurtres dans notre ville. À cela s’ajoutent dix-huit de nos jeunes qui ont été tués parce que des armes à feu n’avaient pas été gardées en lieux sûrs. Derrière ce chiffre, il y a également un grand nombre de violences domestiques, des procès devant jury qui ne se sont pas tenus pendant plus d’un an à cause du Covid-19, des capacités réduites des forces de l’ordre pour les mêmes raisons… Il s’agit donc d’une multitude de problèmes sur lesquels nous nous concentrons.
Nous constatons toutefois que la sécurité publique évolue dans la bonne direction, qu’il s’agisse des crimes contre les personnes, qui ont baissé de 17 %, ou des vols de voitures, qui ont baissé de 53 %. Nous portons aussi une attention toute particulière aux armes à feu et nous développons une nouvelle stratégie pour les retirer des rues et tenir les criminels responsables de leurs actes. Grâce à l’allocation fédérale du plan de sauvetage américain, nous avons pu financer notre service de police mieux qu’avant la pandémie, en recrutant de nouveaux agents.
Nous envisageons aussi la question d’un point de vue holistique, et pas seulement pour enfermer les gens, en nous attaquant aux causes profondes de la criminalité : l’emploi, la santé mentale, la toxicomanie… Nous nous préoccupons parallèlement des jeunes délinquants. J’ai créé par décret un groupe de travail sur la réduction des crimes violents, qui s’est avéré efficace pour réunir dans une même pièce, lors de réunions hebdomadaires, tous les responsables de la sécurité publique, de la santé, des systèmes judiciaire et éducatif et le conseil municipal. Les choses évoluent dans le bon sens.
À lire aussi : Nouvelle-Orléans : Girls (of jazz) Power !
La Nouvelle-Orléans capitalise également sur un autre domaine lié à l’entertainment, mais moins connu que la musique : celui du cinéma. Est-ce une industrie vraiment porteuse ?
Oh oui ! C’est un autre volet de notre économie culturelle. La Nouvelle-Orléans est devenue un véritable centre de production. Nous sommes la quatrième ville du pays, derrière Los Angeles, New York et Atlanta. Ce nouvel atout économique a engendré un record d’un milliard de dollars de recettes. Nous sommes reconnaissants aux entreprises comme Sony, Universal Pictures et Netflix, qui sont venues tourner dans notre magnifique ville, sollicitant nos talents locaux, tant à l’écran qu’en coulisse. C’est un phare pour La Nouvelle-Orléans, dans lequel nous voulons continuer d’investir.
Au lendemain de la dévastation des côtes et de certaines plates-formes pendant l’ouragan Katrina, plusieurs compagnies pétrolières ont déménagé leur siège pour s’établir au Texas. Quelle politique déployez-vous pour redonner de l’attractivité à la ville et attirer des entreprises de premier plan ?
Le secteur du tourisme est l’un de nos piliers les plus solides, mais le Covid-19 nous a rappelé une leçon : il faut se diversifier et miser sur les forces de notre communauté. Nous sommes un incubateur et un foyer d’innovations dans le domaine des sciences biologiques, de la technologie et de l’ingénierie.
Notre croissance et notre trajectoire sont une grande source d’enthousiasme
Mon administration travaille donc à accélérer notre croissance dans le domaine de la santé en tant que centre de recherche de classe mondiale. Deux de nos entreprises technologiques sont devenues des licornes l’année dernière, ce qui est la preuve qu’ici on ne fait pas que se lancer, on peut aussi passer au stade supérieur. Nous investissons en parallèle dans le développement à grande échelle de batteries ici même, au sein de La Nouvelle-Orléans.
La NASA est également très présente et nous voulons renforcer nos partenariats. Nous avons notamment une entreprise comme LM Wind Power, installée sur l’un de leurs campus, qui développe des éoliennes vendues dans le monde entier. Un rapport produit par American Growth Project a classé La Nouvelle-Orléans en onzième position dans le domaine de la productivité laborale.
C’est une augmentation de vingt-huit places au cours des quinze dernières années. Notre croissance et notre trajectoire sont une grande source d’enthousiasme. Nous devons faire face à des défis colossaux, nous sommes en première ligne du changement climatique, et nous sommes au rendez-vous. De plus, nous constatons que les investissements dans nos infrastructures sont autant de perspectives pour les emplois du futur.
À lire aussi : Interview : 3 questions à José-Luis Martínez-Almeida, maire de Madrid
Chaque année, La Nouvelle-Orléans essuie une terrible saison des ouragans, qui réveille la crainte d’une nouvelle catastrophe comparable à Katrina, qui avait dévasté la ville en août 2005. Dix-huit ans après, qu’est-ce qui a changé sur le terrain de la lutte climatique ?
Au cours de ces dix-huit dernières années, nous avons investi dans des pratiques d’atténuation des inondations et dans des infrastructures destinées à rendre notre ville plus sûre. L’un des plus grands chantiers, avec le gouvernement fédéral, a été le système de réduction des tempêtes, qui a coûté au total 14,5 milliards de dollars pour protéger cette ville.
Et en 2021, lorsque l’ouragan Ida est arrivé sur notre territoire, le même jour que l’ouragan Katrina seize ans plus tôt, eh bien cet investissement énorme s’est avéré efficace, car il nous a permis de rester au sec et en sécurité. Nous continuons donc d’investir dans nos infrastructures, pour retenir l’eau, l’empêcher de s’écouler dans nos égouts, et nous remplaçons même les canalisations qui n’ont pas été changées depuis plus de cent vingt ans.
Nous avons tiré des leçons. Il ne fautpas seulement se préparer aux ouragans, mais également s’attendre à des tempêtes et des tornades de plus en plus fréquentes et de plus en plus rapides. Un autre défi consiste ainsi à mettre en œuvre un modèle d’hébergement d’urgence sur place, car le temps ne joue jamais en notre faveur lorsqu’il faut évacuer nos populations.
Nous devons aussi faire face aux vagues de chaleur. Il nous incombe de prendre en compte tous ces phénomènes météorologiques afin de protéger nos résidents. Des leçons et des rapports d’action sont établis après chaque saison des ouragans. Nous sommes actuellement en pleine préparation, car la saison cyclonique de juin est sur le point d’arriver. Nous faisons tout notre possible pour protéger l’avenir de cette ville.
L’émérite journaliste Nathaniel Rich, spécialiste des questions climatiques et habitant de La Nouvelle-Orléans, confiait récemment au journal Le Monde que ce rapport à l’urgence climatique est un élément qui rend la ville intéressante. Il disait que les locaux voient les choses sans faux-semblant, que chaque saison d’ouragans pourrait être la dernière et que, d’une certaine façon, cela en fait déjà une ville de demain. « Nous sommes en paix avec le risque extrême et l’imprédictibilité du futur. Ce n’est pas vraiment le cas dans le reste du pays », dit-il. Allez-vous dans son sens ?
Je suis d’accord avec ça. J’ai vu l’évolution et le changement dans ma ville, et pas seulement en tant que maire. J’ai été une leader communautaire après l’ouragan Katrina, j’ai contribué à reconstruire ma communauté en partant de la base, et ce sont ces initiatives qui ont mené cette ville vers le rétablissement. Depuis ces différents postes, j’ai pu constater à quel point notre ville est résiliente, qu’elle est un modèle dans ce pays et dans le monde entier.
J’ai aussi été beaucoup en contact avec d’autres leaders dans le monde, notamment à travers le C40 Cities Climate Leadership Group [une organisation qui rassemble 94 des plus grandes villes du monde, en vue d’inventer des moyens de lutter contre le changement climatique, NDLR]. La crise climatique est une réalité. Il est donc essentiel de mettre en commun les leçons apprises et les meilleures pratiques.
À lire aussi : L’Atelier Ace tease son futur hôtel à la Nouvelle-Orléans, Maison de la Luz
En novembre 2017, vous avez été la première femme élue à la mairie de la ville, cinq ans après avoir intégré le conseil municipal. Symboliquement, était-ce important de rejoindre le club très restreint des femmes à la tête de grandes villes américaines ?
LaToya Cantrell : Absolument ! Il était primordial de montrer aux habitants, et plus encore aux femmes et aux enfants de ma communauté, qu’une femme pouvait être élue à la tête de cette ville, pour la première fois en trois cents ans d’histoire. Ça a aussi beaucoup compté lorsque la ville et ses habitants ont décidé de nouveau, lors de ma réélection de novembre 2021, que l’avenir serait féminin.
Et je le dis parce que mes deux principales adversaires étaient des femmes. Je ne prends pas cela à la légère et j’ai toujours pensé que c’était gratifiant de savoir que je ne serai pas la dernière. Dans un pays où l’on tente d’entraver les femmes, et les femmes noires en particulier, je prends cette mission très au sérieux.
Vous avez été élue conseillère municipale en 2012, vous aviez promis de « mener avec intégrité » votre mandat à la tête de la ville, mais vous avez aussi essuyé des critiques, depuis, sur sa gestion. L’épreuve du pouvoir rend-elle les choses plus difficiles ?
L’intégrité est un principe que je défends, à chaque instant. J’ai fait mes preuves dans cette ville et dans cette communauté en obtenant des résultats, en relevant les défis, en m’abaissant à des tâches peu sexy pour ramasser des pots cassés qui traînaient depuis des décennies.
Mais pour laisser une ville dans un meilleur état que celui dans lequel je l’ai trouvée, il n’y a pas le choix. Je ne permettrai à personne de me distraire ou de me placer dans une position où je devrais défendre mon travail, tout simplement parce qu’il parle de lui-même. Mon bilan a été exposé et reconnu.
Dans une administration, tous les départements doivent fonctionner comme un seul homme, en se soutenant mutuellement, et c’est mon mode de gouvernance. Ces critiques tiennent aussi, malheureusement, beaucoup au fait que je suis la première femme maire, qui plus est de couleur, et que j’ai dû dire non à de nombreuses occasions et prendre des décisions difficiles au moment du Covid-19. En l’occurrence, certaines personnes, ici, n’avaient pas l’habitude qu’on leur dise non. Mais même si j’ai été attaquée, parfois de façon très déshumanisante, je ne peux pas me laisser distraire, je dois rester concentrée sur mon travail.
À lire aussi : La Nouvelle-Orléans, héritage et renouveau au son des cuivres
Des personnalités vous ont-elles inspirée ou vous inspirent-elles encore ?
Mon inspiration vient de mes ancêtres et de ma famille. J’ai eu des exemples, des femmes fortes dans ma famille, qui ont toujours plaidé sur le terrain pour l’égalité des droits, pour l’équité et pour l’inclusion. J’ai été impliquée dans l’organisation communautaire dès mes 14 ans. Plus tard, j’ai été élue secrétaire de la chambre de commerce locale. J’attribue cela à la façon dont j’ai été élevée.
Et je m’appuie aussi sur mes frères et sœurs maires du monde entier. Nous partageons des leçons, nous partageons des challenges, nous partageons parfois juste notre frustration, mais cela nous aide à comprendre que nous ne sommes pas seuls, que nous avons des défis similaires, et que nous pouvons les affronter si nous restons concentrés et unis dans la façon dont nous nous soutenons les uns les autres.
Comment imaginez-vous La Nouvelle-Orléans dans vingt ans ? Quelle ville aimeriez-vous transmettre à vos enfants ?
Vous avez choisi ce chiffre de « vingt » pour votre question et cela me fait sourire, car l’une des initiatives que j’ai défendues bec et ongles auprès de nos électeurs a justemenst été pensée pour se déployer sur cette durée.
Elle consiste en l’adoption d’une taxe qui va permettre d’offrir très tôt des places à l’école, pour des enfants âgés de 0 à 3 ans. Un véritable fossé se creuse à cet âge-là ; or, en donnant à des enfants la possibilité d’apprendre tôt, on peut l’atténuer. Cette politique est un moyen de réduire considérablement la pauvreté et les inégalités dans notre ville.
J’espère donc que, dans vingt ans, nous verrons une ville plus équitable, plus sûre, plus durable, plus résiliente, et cela passe par la façon dont nous investissons dans notre population, nos communautés, nos acteurs culturels, nos étudiants, nos petites entreprises, nos travailleurs, et ça commence avec nos enfants en bas âge. Ce que nous sommes en train de créer, et que nous allons continuer de bâtir dans les trois, quatre prochaines années, ce sont les fondations sur lesquelles la ville reposera dans les vingt à cinquante années à venir. Notre futur est prometteur.
À lire aussi : Interview : 3 questions à Carlos Moedas, maire de Lisbonne