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The Good News
La propulsion électrique a mis du temps à toucher le monde de la montagne hivernale. C’est chose faite avec les MoonBikes, de petits engins fun et stylés, développés dans les Alpes, pour les Alpes… et qui rayonnent bien au-delà.
Cela fait partie des idées qui sonnent comme une évidence une fois qu’elles ont vu le jour : développer une minimotoneige électrique qui serait aux gros Ski-Doo (marque du canadien Bombardier, leader d’un marché de 130 000 motoneiges par an) ce qu’est un vélo électrique à une moto grosse cylindrée… Zoom sur le Moonbike.
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Cette idée, c’est Nicolas Muron qui l’a eue, voyant chez ses grands-parents, en Haute-Savoie, la pauvreté des moyens de mobilité en hiver, avec quelques motoneiges, des automobiles munies de chaînes… et c’est tout.
Ce jeune ingénieur de 37 ans a été formé aux Arts et Métiers et à Georgia Tech, aux États-Unis. Sa spécialité est l’aéronautique et il passera six ans chez Dassault Aviation, avant de se lancer, en 2017, dans son projet. « La motoneige, c’est cher, très masculin, difficile à conduire, lourd… Des engins certes puissants et avec une grande autonomie, mais surdimensionnés », constate-t-il.
C’est ainsi qu’il en vient à imaginer le MoonBike, un appareil plus maniable, léger, requérant peu de maintenance. Il se lance en rejoignant d’abord le campus de start-up Station F, à Paris, puis l’incubateur des Arts et Métiers. Mais s’attaquer à un tel projet ne va pas sans difficultés techniques.
Au-delà des pessimistes, qui prédisent des batteries souffrant du froid, les premières ébauches de test éprouvent de vrais soucis de rendement. Et comme souvent, c’est un peu par hasard que la solution est trouvée : en passant la marche arrière ! Tout un symbole…
Puissance et autonomie pour le Moonbike
« Nous nous sommes rendu compte que le parcours d’effort était meilleur : un moteur à entraînement direct était la solution, explique Nicolas Muron. En plus, cela n’émettait presque aucun bruit et augmentait la puissance et l’autonomie. J’ai déposé le brevet dans la foulée. »
Il faut alors sonder les clients potentiels du MoonBike, construire des démonstrateurs techniques, d’abord dans une entité spécialisée de Michelin, puis chez Bosch, après une levée de fonds de 650 000 euros auprès de business angels séduits par l’idée de cette motoneige écologique.
Les marques d’intérêt se multiplient, et cinquante machines sont produites pour rejoindre les stations de ski. Le dessin est cosigné par le designer industriel Christopher Santerre et Nicolas Muron trouve le nom MoonBikes : « Je voulais un nom qui marque et puisse devenir générique. La lune évoque la légèreté, l’aéronautique, le silence de l’espace, le blanc ; et “bike”, comme un vélo, tout simplement. »
La deuxième levée de fonds, en 2021 (4,5 M €), permet de passer à la vitesse supérieure. En plus du siège, à Annecy, MoonBikes ouvre une filiale à Boulder, dans le Colorado. Car le cœur du marché est en Amérique du Nord, où la réglementation est moins limitative qu’en France.
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