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The Good Culture // Books

10 très bons livres qui mettent en scène Los Angeles 

Books

The Good Culture

Que vous vous prépariez à partir à Los Angeles ou voyager depuis votre canapé, cette liste s’adresse à vous. Elle vous fera découvrir un Los Angeles où le soleil brûle plus qu’il ne brille et où les mythes existent seulement pour être démolis. Voici 10 livres pour humer l’air de la Cité des Anges.

A travers les récits qui ont construit la ville comme ceux qui tentent de les mettre à mal, le mythe de Los Angeles est un formidable terrain de jeux pour écrivains et leurs livres. Réputée superficielle et détestée des intellectuels, la cité accueillit pourtant, dans le désordre, Charles Bukowski, Joan Didion, James Ellroy, John Steinbeck, Bret Easton Ellis et même une certaine Simone de Beauvoir, passée par là en 1947 lors d’un voyage où elle découvrit le Dia de los Muertos. Alain Mabanckou, prix Renaudot 2006, s’est passionné pour les Etats-Unis dans son ouvrage « Rumeurs d’Amériques », y rappelant que L.A. n’avait pas de réalité physique — elle était faite de nos obsessions, de nos projections et de notre admiration.


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10 livres qui se déroulent à Los Angeles

10 livres, du plus culte au plus énigmatique, qui décrivent Los Angeles, une ville de tous les possibles, où les communautés comme les classes sociales s’entrechoquent. Autant d’ouvrages pour traverser les époques — le Hollywood des Sixties comme l’ambiance des années 90 —, palper la pauvreté comme l’oisiveté, ressentir le vent à Long Beach ou bien la tension de Skid Row. Tourner la page, vous y êtes.

« Suite(s) impériale(s) » de Bret Easton Ellis

Spécialiste de la jeunesse des années 90-2000, cet écrivain star ne cesse d’utiliser Los Angeles dans ses romans. Il en est même l’étendard pour une toute une génération. Mieux, tous ses livres se répondent, créant une constellation de personnages qui viennent et repartent, faisant parfois de la figuration dans les ouvrages suivants, bref, la littérature de Bret Easton Ellis est le monde même de Bret Easton Ellis. Logique donc qu’elle s’ancre à Los Angeles ou l’auteur est lui-même né.

En 2010, son roman « Suite(s) impériale(s) » fait sensation car il est la suite, 25 ans après, de « Moins que zéro », le tout premier ouvrage de l’auteur écrit alors qu’il est encore étudiant. Le topo : « Clay, l’anti-héros du premier best-seller de Ellis, Moins que zéro, revient à Los Angeles. Il a vingt ans de plus, il est un peu plus vieux, un peu plus seul et désœuvré. Il retrouve ceux qu’il a connus dans sa jeunesse, Blair, Trent, Julian, Rip… Les représentants d’une génération dorée et perdue, abandonnés à la vacuité, la solitude et la vanité qui les détruisent. » Avec Bret Easton Ellis, le sexe, la drogue et le rock’n’oll ne sont jamais loin. Et c’est avec délice qu’on se plonge dans ce Los Angeles à vif, où la vanité est portée au pinacle et où la violence n’a d’égal que la froideur de l’écriture.

« Suite(s) impériale(s) » de Bret Easton Ellis, 20 € chez Robert Laffont.

« Mauvais joueurs » de Joan Didion

Difficile de ne retenir qu’un livre de celle qui fut élue « femme de l’année » en 1968 par le Los Angeles Time. Décrire l’Amérique, ce fut tout le travail de cette journaliste née en 1934 à Sacramento en Californie (au Nord de Los Angeles), issue d’une famille californienne depuis cinq longues générations. Et cela pèse pour cette auteure qui a toujours mêlé le destin de ses personnages au lieu dans lequel ils évoluaient. Mais pour s’immiscer dans le Hollywood des années 70, quoi de mieux que de relire « Mauvais joueurs », dont le titre en VO « Play It as It Lays » pourrait signifier « selon la donne ».

L’histoire de Maria, trentenaire et ancienne actrice, dont on comprend qu’elle nous parle depuis un hôpital psychiatrique, qui va remonter le temps et dévoiler pourquoi elle y a atterri. Un roman extrêmement moderne dans la forme et le propos, puisqu’il parle avant tout de santé mentale mais aussi de la perte de sens. Il raconte un Los Angeles qui s’ennuie, entre paillettes cinématographiques et aridité de l’âme, un Los Angeles dont le soleil brûle et éblouit, sans oublier les belles décapotables fonçant à travers la nuit, le champagne au bord de la piscine soupoudré de barbituriques et l’histoire d’une femme perdue dans un monde de faux-semblant.

« Mauvais joueurs » de Joan Didion, 19 € chez Grasset.

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« Le Dahlia Noir » de James Ellroy

En plus d’être un polar culte, « Le Dahlia Noir » est une plongée dans la Californie post-Seconde guerre mondiale. Cru, violent et dur, l’univers que dépeint James Ellroy s’inspire d’un fait-divers qui fit la une du Herald Express pendant douze semaines. Tout commence le 15 janvier 1947 lorsque la police de Los Angeles trouve le cadavre nu d’une femme de 22 ans, coupée en deux, « Betty » Short. S’en suit une descente aux enfers aux côtés de Dwight « Bucky » Bleichert et de Leland « Lee » Blanchard, deux flics du LAPD. Ce qu’on oublie souvent de dire, c’est qu’au-delà du fait-divers, le roman est empreint d’une douleur toute personnelle puisque la mère de James Ellroy fut assassinée à Los Angeles le 22 juin 1958.

La ville y est noire, baignant dans un trafic constant et un racisme ambiant. Tout comme dans ses autres romans, « L.A. Confidential », « White Jazz » ou « Le Grand nulle part », James Ellroy la décrit comme un bourbier de magouilles, de perversion et de transgression, dépeint à la perfection dans l’adaptation de Brian de Palma à l’écran qui fixa à tout jamais dans nos imaginaires le Los Angeles noir des années 40 et 50.

« Le Dahlia Noir » de James Ellroy, 11,20 € chez Payot & Rivages dans la collection Rivages/Noir.

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« La filature », d’Arnaud Sagnard

Sortons du Los Angeles violent pour prendre la route d’un L.A. plus vert, bercé par les tribulations d’un chauffeur de bus, Daniel Stein, qui à l’aune de ses 62 ans, se voit relégué chez les « hiboux », comprendre : ceux qui assurent le service de nuit, le poste le moins enviable de la profession alors qu’il n’a jamais fait de vague, c’est à n’y rien comprendre. L’idée de cette lecture nous est venue en lisant un article du Monde qui racontait comment l’auteur avait en tête « une fiction dont l’histoire, se déroulant à Los Angeles, serait rapportée du point de vue d’un bus. « C’était ultra-difficile à écrire, ça posait plein de problèmes, j’ai fini par laisser tomber », se souvient-il.

Appâté voire amusé par l’idée, on ouvre ce bouquin de 200 pages et tombe nez à nez avec l’univers de Raymond Chandler, grand écrivain américain, auteur de romans policiers et une course poursuite insensée entre Jonathan Harris, employé de la Pacific All Risk Insurance, et notre chauffeur de bus épié. Finalement, on déambule toujours dans un Los Angeles des faux-semblants où les junkies de Skid Row côtoient les invisibles.

« La filature », d’Arnaud Sagnard, 19,50 €, numérique 14 € chez Stock.

« Demande à la poussière » de John Fante

Publié en 1939, le roman semi-autobiographique de John Fante est un incontournable de la littérature et un immanquable des ouvrages qui évoquent Los Angeles. Le pitch : Arturo Bandini, fils d’immigré italien, est un écrivain sans le sou, vivant dans un hôtel miteux de Bunker Hill dans le Los Angeles des années 30. Du haut de sa colline, il peut observer les lumières de la ville dans laquelle il se plonge. Il erre de café en café et rencontre Camilla Lopez, une serveuse mexicaine, dont il tombe peu à peu amoureux malgré sa réticence, son envie d’épouser une Américaine pour faciliter son ascension sociale et sa culpabilité catholique. L’écriture de son roman et son histoire avec Camilla vont se télescoper lorsque son éditeur lui propose une somme d’argent pour publier son manuscrit mais que Camilla tombe malade puis disparait. Une histoire de survie, d’errance, un drame sublime.

Ici, Los Angeles devient le terrain âpre des laissés-pour-compte, ceux qui ne peuvent prétendre au rêve américain. « Los Angeles, donne-toi un peu à moi ! Los Angeles, viens à moi comme je suis venu à toi, les pieds sur tes rues, ma jolie ville je t’ai tant aimée, triste fleur dans le sable, ma jolie ville. », dit le héros au début de ce roman, double parfait de John Fante, lui-même immigré italien, venu du Colorado à la Californie, et lui-même apprenti écrivain. On erre avec Arturo Bandini à Long Beach, on découvre les bars et les ombres aux coins des rues, on se promène sur Olive Street, on est comme le héros, une petite fourmi dans cette ville où tout est possible, où tout est poussière.

« Demande à la poussière » de John Fante, 7,50 € chez 10/18.

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« Jours tranquilles, brèves rencontres » d’Eve Babitz

Plongez Los Angeles dans les années 60 et la lumière semble de retour. Dans ce roman à la forme si particulière Eve Babitz raconte plusieurs histoires, non sous la forme de nouvelles mais presque comme un témoignage. Le ton y est unique. On y croise une starlette qui déteste sa célébrité et fuit les studios pour se saouler dans cette ville frénétique, des descriptions de l’architecture typique de L.A., j’ai nommé les bungalows, des questions rhétoriques sur l’art dans la ville, sa perfection et sa superficialité et, globalement, beaucoup de coupes de champagne. En somme, des micro-récits raconté par la reine du dilettantisme de l’époque et racontant la scène culturelle – du cinéma et de l’art – à Los Angeles, plus encline à festoyer qu’à débattre.

Eve Babitz est drôle et légère, elle truffe même son roman de commentaires en italique pour intéresser son cher et tendre : « Puisqu’il est impossible de faire lire quoi que ce soit à celui que j’aime à moins qu’il n’en soit le sujet ou le destinataire, je vais truffer ce livre d’italiques en œufs de Pâques afin que cette fois il ne mette pas deux ans et demi à lire mon livre comme ce fut le cas pour le premier. C’est en séduisant un non-lecteur que je compte fixer Los Angeles. » Mais évidemment, nous nous égarons. Car c’est la vie même d’Eve Babitz qu’il faudrait aussi étudier – lire ! – pour revenir dans ce Los Angeles-là. Immortalisée à jamais, nue, sur une photo d’elle à 20 ans, jouant aux échecs avec Marcel Duchamp, la filleule de Stravinsky était une personnalité hors norme ; Elle mériterait bien plus de reconnaissance qu’elle n’en a aujourd’hui.

« Jours tranquilles, brèves rencontres » d’Eve Babitz, 11€ chez Gallmeister.

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« The Girls » d’Emma Cline

Le premier roman d’Emma Cline suit le parcours d’Evie Boyd, adolescente rêveuse et solitaire de 14 ans à la fin des années 60, qui se laisse prendre dans les filets d’une certaine Suzanne, puis en tombe amoureuse, alors qu’elle appartient à une secte. « The Girls » sont évidemment les filles de la famille Manson et Emma Cline raconte ici l’emprise puis le rejet brutal d’Evie par ces filles. En parallèle, le livre adopte le point de vue d’Evie, 30 ans plus tard, avec le recul nécessaire pour une analyse à la mesure de l’événement.

L’ouvrage nous plonge dans l’autre côté du miroir du Flower Power de Los Angeles de ces années-là, le côté glauque et angoissant. La ville y est sous tension, le bitume transpire et les filles sensuelles deviennent violentes. Déjà tous les codes de cette « ville mythifiée qui dévore les rêves des filles, les abandonnant abimées, désenchantées et éperdument seules » qu’on retrouvera dans son troisième roman « Los Angeles » sont là.

« The Girls » d’Emma Cline, 21 € chez Gallimard.

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« City of Quartz » de Mike Davis

Sous-titré « Los Angeles, capitale du futur », cet ouvrage publié en 1990 aux Etats-Unis (et traduit en français en 1997) est un livre de référence de la sociologie urbaine qui se penche sur tous les aspects de la ville : l’origine de celle-ci, son évolution, ses arts, ses transports, sa politique, son urbanisme ou son architecture. Pourtant l’auteur ne s’interdit pas la fiction, et jongle sans cesse avec le roman et l’essai en se projetant dans ce que pourrait être cette ville aux mille figures.

Los Angeles y est étudiée, comme pour comprendre toute la société américaine : « C’est un prisme grossissant permettant de saisir certaines tendances lourdes. » Une bible de L.A., aussi intéressante qu’impressionnante, définitivement à lire pour tenter d’appréhender cette immensité, ce capitalisme débordant mais, aussi, la magie de Los Angeles. Où l’on apprend que l’industrie du transport en commun, très développée dans les années 20, a été abruptement empêchée devant le développement de l’automobile, que les innovations urbanistiques permettent un contrôle policier qui militarise le privé… L’envers du décor expliqué.

« City of Quartz » de Mike Davis, 15 € aux éditions La Découverte.

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« Mercurochrome » de Wanda Coleman

Quel dommage que cet ouvrage ne soit pas traduit en Français ! Si votre anglais vous le permet, n’hésitez pas, et offrez-vous ce recueil de poèmes. D’abord parce qu’on ne lit jamais assez de poèmes, qu’il faut se perde dans ces rythmes de mots apposés, ensuite parce qu’elle y raconte sa vie de native de Los Angeles devant le racisme, la pauvreté et la violence. Dans son article à propos de sa disparition, le journaliste David L. Ulin du Los Angeles Time écrivait en 2013 : « Travaillant dans la tradition de John Fante, Chester Himes et Charles Bukowski, Coleman a inventé une nouvelle façon de penser la ville : au niveau de la rue, graveleuse, engagée non pas comme un paysage mythique, mais dans le sens le plus fondamental du terme, comme un chez-soi. » Elle, disait être « définie par le trafic dense d’idées et d’ambitions qui se croisent, les collisions territoriales complexes entre les faits et les sentiments, le consumérisme et la culture, le pragmatique et le profond ». Et de résumer ainsi, la ville qu’elle incarnait.

« Mercurochrome » de Wanda Coleman, 18 € chez Black Sparrow Press.

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« Printemps barbare » d’Héctor Tobar

On l’a comparé au « Bûcher des vanités » de Tom Wolfe (écrivain qui aurait évidemment pu être dans cette liste) du XXIème siècle. Ce grand roman ne prend pas de gants : Araceli Ramirez est Mexicaine, elle est une femme de ménage, cuisinière et parfois nounou immigrée sans papier aux Etats-Unis, pas loin de Los Angeles. Dans une belle maison avec vue sur l’océan où elle fait le ménage, elle se retrouve, pas un concours de circonstances, seule avec les deux garçons de 11 et 8 ans de ses employeurs. Elle décide alors de les amener chez leur grand-père sans connaître l’adresse précise. S’en suit une aventure dans le monde de l’extérieur où les deux gamins ahuris, sortis de leur école privée et de leur espace surveillé, découvrent la vie. Et où la justice finira par rattraper Araceli Ramirez qui ne se laisse pas faire une seule minute ! Une intrigue qui ne doit pas faire oublier un sublime roman psychologique.

Dans ce « roman coup de poing » comme il est décrit un peu partout, la ville se dévoile avec toutes ses contradictions, sublime pour une élite, dure et difficile pour les immigrés qu’on ne veut employer qu’à des postes subalternes. Une réalité sociale dans toute sa lucidité avec une description féroce de notre repli sur soi, gangréné par la paranoïa. Magistral !

« Printemps barbare » d’Héctor Tobar, 22,50 € aux éditions Belfond.


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