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The Good City
Leonardo DiCaprio, Arnold Schwarzenegger, David Lynch, Salma Hayek, Luis Buñuel ou encore Mario Moreno… la liste des figures du cinéma qui ont travaillé à Churubusco est longue. Depuis leur fondation il y a quatre-vingts ans, ces studios, les plus grands d’Amérique latine, ont fait briller le septième art, tant dans son versant national qu’international.
Sur la carte, Churubusco englobe plusieurs quartiers du sud de la Ciudad de México (CDMX). Dans ce coin de la capitale, on a beau se trouver assez loin de l’hypercentre – à 25 minutes de la place de la Constitution, ou Zócalo –, la circulation peut se montrer des plus chaotiques.
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Nouvel eldorado du cinéma
Le fleuve Churubusco qui coulait là a été recouvert par un boulevard périphérique, auquel on a donné son nom, durant la phase de modernisation de CDMX, dans les années 60. Pourtant, dès qu’on bifurque vers l’entrée du country club, un air de faubourg verdoyant prend le dessus sur les gaz des pots d’échappement.
Après avoir renseigné l’identité de notre hôte à la guérite de l’accueil, nous pénétrons dans ce grand quartier fermé où les stars ne risquent pas d’être dérangées par les rares passants qui déambulent à l’ombre des arbres. La plupart sont des étudiants du Centre national des arts, des différentes écoles d’art ou bien des employés de l’Institut mexicain de cinématographie (Imcine).
Dans le bureau d’Erwin Neumaier, réalisateur et directeur général des studios Churubusco, deux grandes photos attestent de l’urbanisation de la zone. Dans la première, le Churubusco d’origine semble posé, comme par magie, au beau milieu d’une plaine déserte. Dans la seconde, la moindre parcelle a été divisée pour former un enchevêtrement complexe de résidences, de maisons, d’immeubles…
« Churubusco a été créé pendant la Seconde Guerre mondiale ; il y avait beaucoup d’argent qui arrivait à Mexico pour produire de la publicité, commente Erwin Neumaier. Le propriétaire des terrains, qui était cinéphile, décida de reproduire les meilleures installations étatsuniennes. »
Grâce à un accord trouvé en 1943 entre l’entrepreneur Emilio Azcárraga Vidaurreta et RKO, l’une des principales sociétés de production de Hollywood, Churubusco est inauguré deux ans plus tard. L’État mexicain met la main dessus en 1950 et en garde, depuis, le contrôle.
Hollywood pour modèle
L’inspiration hollywoodienne saute aux yeux dès l’entrée, où se trouvent deux des huit foros (plateaux) des studios. Sans le grand drapeau mexicain qui flotte dans le ciel dégagé du clément hiver mexicain, on pourrait se croire à Los Angeles. « C’est ici qu’ont été tournés Conan le Barbare et Total Recall, avec Schwarzenegger », se remémore Mario Argumedo.
Fils et petit-fils de photographes, Argumedo a connu Churubusco lorsqu’il était enfant et y a mené toute sa carrière. Aujourd’hui responsable de l’entretien des projecteurs et des moviolas, qui servent au montage des films, il nous conduit dans le dédale des allées et dans les couloirs des studios, du laboratoire, de la salle de montage…
Intimement lié à l’industrie américaine, le développement du cinéma national a permis aux artistes locaux de créer une identité propre. Lancé avant Churubusco, dès les années 30, le cinéma mexicain connaîtra son âge d’or dans les années 50, durant lesquelles, précise Neumaier, « ce qui se produisait au Mexique était largement vu partout dans le monde hispanophone, et même en Europe de l’Est ».
À partir des années 90, le nouveau cinéma mexicain, porté, notamment, par les réalisateurs de renommée internationale Guillermo del Toro, Alejandro González Iñárritu et Alfonso Cuarón, a remis le pays sur le devant de la scène.
« Sur un plan symbolique, l’apport de ces noms au cinéma national est considérable. Tous trois se sont formés ici et ont mené des projets localement », conclut Claudia García Covarrubias, réalisatrice et directrice de la production de Churubusco. La preuve ? Le succès récent du film Roma (2018), de Cuarón, qui rend hommage au quartier le plus en vogue de la capitale. Un succès 100 % mexicano.
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