Horlogerie
Bonne nouvelle. Il existe en France des domaines viticoles dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler et dont les vins s’avèrent pourtant aussi grands qu’un Château Cheval Blanc. Voici notre sélection des pépites confidentielles dans lesquels investir sa pépie.
« Mets-toi bien, Monique, ça ne coûtera pas moins cher ! » C’est sur cette maxime pleine de bon sens entendue au détour d’un Paris-Beaune en TER que nous est venue l’idée de ce papier. Car en matière de vin, « se mettre bien » coûte désormais un rognon, surtout en cas de sérieux penchant pour le Pomerol ou le Gevrey-Chambertin. Faut-il pour autant abandonner bourgognes et bordeaux sur le bas-côté ? La réponse est non : à l’ombre de grands domaines et vénérables châteaux dont les prix atteignent des sommets, des vignerons plus confidentiels creusent lentement leur sillon, et leurs noms s’échangent à voix basse entre cavistes, sommeliers et amateurs éclairés. Si certains ont déjà vu leur cote multipliée par cinq en l’espace de quelques années – rareté oblige –, il y a fort à parier que nous n’en sommes qu’au début, et qu’il est grand temps d’investir dans ces futures stars du vignoble hexagonal.
1. Domaine Camille Thiriet, en Bourgogne
C’est sur les hauteurs de Comblanchien, à quelques kilomètres des plus rutilantes parcelles de la Côte d’or, que la jeune Camille Thiriet et son compagnon Matt cultivent quelques hectares de vignes, dans la discrétion la plus totale. Au départ, elle voulait être nez, avant de se détourner du secteur de la parfumerie pour embrasser une carrière de vigneronne. Dès le départ, le duo s’inspire des plus grands et se fie à son instinct, ciselant des bourgognes « de garage », comme elle se plaît à les désigner, avec en 2016 une production qui n’excède pas 2000 bouteilles, vinifiées sans eau ni électricité.
Pourtant, aucun ascendant punk à signaler sur des jus éclatants, dont la pureté ne cesse de croître au fil des millésimes. Encensés par la critique Outre-Atlantique, leurs vins s’arrachent désormais dès leur sortie, et de nombreux sommeliers parlent déjà de nouveau prodige du vignoble bourguignon…
2. La Closerie Saint-Roc, à Bordeaux
Amoreau. Le nom d’une famille emblématique du vignoble bordelais, à la tête du fameux Château Le Puy, dont les vins restent parmi les seuls à passer entre les fourches caudines des sommeliers « natures » des plus sévères bistrots parisiens, souvent remontés comme des coucous contre le bordelais. Ce que l’on sait moins, c’est qu’un autre domaine vient de rentrer tout récemment dans leur giron, poétiquement baptisé la Closerie Saint-Roc, à Saint-Emilion. Si les rouges de Château Le Puy nous avaient déjà émus par leur texture de velours et cette étonnante vibration qui semble irradier chaque gorgée, les derniers nés de la Closerie ont surpassé toutes nos attentes, et l’on peut d’ores et déjà prédire que quelques années en cave en feront de pures merveilles, qui d’ici là seront sans doute devenues parfaitement introuvables.
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3. Maxime Renaudin, dans le Languedoc
« Aujourd’hui, je reçois des demandes du monde entier pour obtenir les vins de Maxime, parfois davantage que pour la Romanée Conti ! » affirme un caviste de Montpellier ayant préféré garder l’anonymat, et on le comprend. Car le phénomène Maxime Renaudin, jeune prodige formé auprès du regretté Laurent Vaillé –, de l’inabordable domaine de la Grange des Pères – fait l’objet d’une convoitise qui dépasse largement ses ambitions. Mais est-ce notre faute si ses rouges modestement estampillés IGP Pays d’Héraut sont d’ores et déjà d’une beauté à vous faire rentrer dans le désordre ? Pourtant, il faudra savoir en savourer chaque gorgée, tant les cinq hectares de vignes qu’il cultive sont loin de couvrir la gloutonnerie des plus riches collectionneurs. Si l’on déplore le fait que de si beaux vins fassent les choux gras de la spéculation, mieux vaut placer ici son pécule plutôt qu’en bitcoins ou en fonds de pension.
4. Cellier Saint-Benoît, dans le Jura
Mâchoire carrée, œil vif, précision de faucon… Benjamin Benoît avait à peine plus d’une vingtaine de printemps le jour où il prit la relève au pied levé la relève d’un père brutalement disparu. Avec un domaine de quelques hectares jouxtant les vignes d’un certain Pierre Overnoy (légende jurassienne des vins naturels), le Cellier Saint-Benoît figure aujourd’hui parmi les vins que les sommeliers étoilés se passent sous le paletot. Des chardonnays à faire passer un Meursault pour un vulgaire vin de table, et des rouges encore jeunes mais susceptibles de devenir au « fil des ans » de véritables bombes à retardement. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais sobre : il est encore possible de faire main basse sur les précieux flacons, dont les prix restent encore abordables pour des jus d’un tel cachet – et parce que leur relative verdeur a l’avantage de faire fuir les soiffards à l’affût de vins déjà prêts à boire.
5. Domaine du Collier, dans la Vallée de la Loire
Dissipons le mystère d’entrée : c’est bel et bien la descendance du Clos Rougeard qui se cache derrière le domaine du Collier. Avec un tel héritage à porter, en voilà un qui n’a pas intérêt à enfiler des perles, tant les prix des vins de son père Charly ne cessent de grimper. Si ceux des siens sont déjà relativement élevés (il faudra compter environ 150€ pour s’offrir le moindre rouge, et sans doute autant pour un blanc), il y a fort à parier que ses chenins et cabernets francs seront bientôt hors de portée, tant leur finesse est déjà celle des vins prêts, sinon à boire, au moins à entrer dans la légende…
L.D
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