Culture
Basés à New York, les architectes de Stonehill Taylor sont spécialisés dans l'hôtellerie et font face, comme le reste de la planète, à la pandémie. Inquiétudes, avenir, voyage post-coronavirus... Rencontre avec Sara Duffy, directrice des intérieurs.
Stonehill Taylor a marqué New York (et les Etats-Unis) de son empreinte. C’est à ce cabinet d’architectes de Manhattan que l’on doit, entre autres, l’Eliza Jane (Nouvelle-Orléans), le Moxy Chelsea, les hôtels NoMad de New York et Las Vegas et le spectaculaire TWA Hotel à JFK. C’est d’ailleurs Sara Duffy, Principal of the Interiors Division, qui a dirigé l’architecture d’intérieur vintage du bâtiment de Eero Saarinen. Alors qu’il est désormais certain qu’il y aura un avant et un après Covid-19, le tourisme, donc l’hôtellerie, devrait connaître de grands bouleversements.
6 questions à Sara Duffy, Stonehill Taylor :
The Good Life : New York est l’un des plus grands clusters du Covid-19. Continuez-vous à travailler ? Comment ?
Sara Duffy : Stonehill Taylor est pleinement opérationnel. Toutes les équipes continuent à travailler à distance, grâce aux outils de management en ligne, qu’il s’agisse de GoToMeeting ou d’outils que nous avons développé en interne.
The Good Life : Quelle est votre stratégie pour « le jour d’après » ?
Sara Duffy : Pour le moment, nous restons concentrés sur le présent et nous accélérons sur la préparation de nombreux projets en cours… Si la construction est fortement perturbée dans certaines villes, nous avons pu, en profitant du fait que les lieux soient vides, avancer des rénovations dans quelques hôtels. Concernant l’avenir, les discussions continuent avec nos clients, et nous sommes toujours à la recherche de nouveaux projets… Comme avant ! L’ambition de Stonehill Taylor est de consolider sa présence aux Etats-Unis, et développer de nouveaux marchés, notamment en Asie du Sud-Est.
TGL : Le Covid-19 n’aura donc aucun impact sur votre façon de travailler ?
S.D. : Si, bien sûr ! Le monde du design devra répondre à la pandémie en trouvant des solutions pour favoriser les connections entre les gens, tout en prenant en compte les gestes barrière et la distanciation sociale. La santé et le bien-être devront être encore davantage au cœur de notre travail, de la circulation de l’air à la distribution de la lumière. Il y aura également un retour à la nature, parfois littéralement, parfois juste avec du végétal, des espaces ouverts et des œuvres d’art. Enfin, il devient indispensable, alors que l’on prend de plus en plus conscience de la valeur de ce qui nous entoure, de remettre l’accent sur la durabilité.
« Après la crise, les gens auront un besoin vital de voyager »
TGL : Votre activité est directement liée au tourisme. Cela vous inquiète ?
S.D. : L’industrie du voyage et toutes ses composantes, dont l’architecture et le design d’hôtels, devront vite rebondir et jouer un rôle prépondérant dans la relance économique et pour reformer les liens sociaux. Après la crise, les gens auront un besoin vital, même si ce n’est pas au bout du monde, de voyager, partir à l’aventure, chercher du confort dans de beaux hôtels… Ces éléments sont importants pour tous les humains, et communs à toutes les cultures.
TGL : Justement, la diversité est l’une des spécialités du cabinet. On ne conçoit pas un Moxy comme un NoMad…
S.D. : Chaque projet a son propre ADN : quartier, histoire, contexte culturel. La première chose que nous faisons, c’est de passer beaucoup de temps et s’immerger autour du futur hôtel. Pour le NoMad, par exemple, nous avons revitalisé un immeuble de bureau style Beaux-Arts et avons créé une atmosphère parisienne à New York. Concernant le Moxy, nous avons puisé notre inspiration dans le Flower Distric et son héritage, pour raconter son histoire à travers le design.
TGL : Quel est votre hôtel favori parmi ceux que vous avez dessiné ? Et celui que vous n’avez pas dessiné ?
S.D. : Mon préféré, sur lequel j’ai travaillé, est le TWA Hotel. Avoir la possibilité d’amener notre touche personnelle dans le terminal de Saarinen, c’est l’opportunité d’une vie. Celui que je n’ai pas décoré, mais dont j’aurais rêvé prendre les rênes, est l’Opposite, à Pékin. Il est spectaculaire, rempli d’œuvres d’art magnifiques et possède la plus belle piscine en acier que j’ai vue de ma vie.