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Marine Mimouni

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Christian Estrosi : « A Nice, nous avons de l’eau potable pour des décennies »

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Nice a entamé une petite révolution sous l'impulsion de Christian Estrosi, ex-LR qui a rejoint Horizons, le parti d'Edouard Philippe. Depuis 2008, l'ancien ministre devenu maire s'attache à faire de la capitale de la Côte d'Azur beaucoup plus qu'une station balnéaire. Entretien.

Il fait bon vivre à Nice. Du moins, c’est ce qu’on dit. Et son maire, Christian Estrosi, ne pourra pas dire le contraire. Ce natif de Nice et maire de la capitale de la Côte d’Azur depuis 2008, nous parle de sa ville et des enjeux auxquels elle fait face pour se développer sans devenir invivable. Tourisme, enjeux écologiques, économie… L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a pour sa ville d’autres ambitions que le tourisme. 


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Portrait de Christian Estrosi.
Portrait de Christian Estrosi. Julien Oppenheim

The Good Life : Comment définiriez-vous l’identité des Niçois ? 

Christian Estrosi : Elle est à la fois méditerranéenne et alpine. Le brassage de la population et son cosmopolitisme font de la majorité des habitants des Niçois d’adoption. Mais ils sont conscients du privilège de vivre entre la mer et la montagne, au carrefour du bleu et du vert. Ils se sont aussi approprié l’histoire de leur ville, et aiment l’architecture variée qui lui confère sa beauté. L’identité niçoise est forte : une habitante arrivée il y a vingt ans du Danemark m’a dit que sa famille se sentait plus niçoise que danoise. 

L’économie de Nice est dominée par le tourisme. Comment faire évoluer l’offre ? Faudra‑t‑il, à terme, limiter le nombre de touristes ? 

Christian Estrosi : Au mot touristes, je préfère celui de visiteurs. Nous voulons promouvoir notre art de vivre, notre patrimoine naturel, culturel et scientifique, voire nos atouts en matière de santé. Nous souhaitons donc limiter le nombre de tours de la ville en bus, et celui des ferries débarquant 300 voitures qui traversent Nice. Ce qui compte, c’est le nombre de nuitées des visiteurs : il a augmenté de 10 % entre 2019, l’année précédant la pandémie, et 2022, grâce à l’inscription de la ville au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce qui nous a valu cette distinction, ce sont la plus belle église orthodoxe du sud de l’Europe, les palais de la reine Victoria et du tsar de Russie, l’observatoire conçu par Charles Garnier et Gustave Eiffel… 

Nice est la 5e commune de France par son nombre d’habitants, dont beaucoup sont de nouveaux installés, attirés par la présence de la mer, la proximité de la montagne et les activités sportives et de loisir qui y sont liées.
Nice est la 5e commune de France par son nombre d’habitants, dont beaucoup sont de nouveaux installés, attirés par la présence de la mer, la proximité de la montagne et les activités sportives et de loisir qui y sont liées. Julien Oppenheim

Christian Estrosi, vous cherchez aussi à attirer des industries innovantes et des start‑up. Comment gérer la concurrence avec Sophia Antipolis, la puissante technopole voisine ? 

C. E. : Cette concurrence n’existe pas. Nous recherchons surtout des firmes dans les secteurs de la santé et des écotechnologies, alors que les points forts de Sophia Antipolis sont les télécoms et l’électronique. J’ai aussi voulu attirer des grandes écoles, pour créer un campus de l’innovation et du numérique. Depuis quatre ans, le CNAM, Centrale, trois écoles d’informatique et l’ISART (jeux vidéo) se sont installés. De quoi convaincre des entreprises innovantes et des centres de recherche de rejoindre IBM, Schneider, Veolia, EDF, Cisco… 

Le bassin d’emploi niçois dépasse largement les frontières de la métropole Nice‑Côte d’Azur. Regrettez‑vous le découpage de cette métropole, qui s’enfonce dans l’arrière‑pays, mais ne comprend qu’une faible portion du littoral urbanisé ? 

C. E. : Ce découpage, que j’ai voulu, prend en compte deux grands sujets d’avenir : l’eau et l’énergie. Avec des géographes et des climatologues, nous avons pris le sommet des bassins versants, suivi le Var et le Paillon, les deux fleuves qui nourrissent les nappes phréatiques, et placé les limites sur le littoral à l’ouest de Cagnes‑sur‑Mer et à Cap‑d’Ail. La neige des montagnes nous offre une garantie d’alimentation en eau potable pour des décennies. Durant la sécheresse de 2022, nous avons fourni de l’eau à Monaco et à Menton. De plus, cet écosystème nous assure que le tiers de l’énergie de la métropole sera renouvelable en 2030, grâce à l’hydroélectrique et à la géothermie, complétés par le solaire, la filière bois et la valorisation des déchets. 

Nice se transforme à toute allure. Ce changement d’identité ouvre de nouveaux horizons à la cinquième ville de France.
Nice se transforme à toute allure. Ce changement d’identité ouvre de nouveaux horizons à la cinquième ville de France. Julien Oppenheim

Ce découpage place trois stations de ski dans la métropole niçoise. C’est inattendu… 

Christian Estrosi : C’est un formidable atout, pour les habitants comme pour la promotion du tourisme d’hiver. Le syndicat mixte que j’ai créé afin de développer Auron, Isola 2000 et Saint‑Dalmas‑le‑Selvage a investi 160 M € pour agrandir le domaine skiable, assurer l’enneigement et générer des programmes immobiliers et hôteliers. En 2023, nous avons battu notre record de chiffre d’affaires. De même, à l’autre bout du territoire, sur le littoral, nous montons une régie qui va centraliser la gestion de nos sept ports, de Cap‑d’Ail au Cros de Cagnes, afin de développer l’accueil et les services pour les bateaux de la grande plaisance. Vous voyez, on y revient toujours : la mer et la montagne… 


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Site de la mairie de Nice.

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