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C’est une histoire que seuls les Suisses auraient pu écrire. Les Américains y auraient ajouté un sens de la démesure, les Coréens des écrans digitaux... Amael Cohades et Nicolas Freudiger ont quant à eux choisi d’avancer main dans la main pour révolutionner un monde finalement parfois rigide, celui de l'horlogerie.
Votre tocante est cassée ? Passez-la au four, elle se soignera toute seule ! Ceci n’est pas une prophétie utopique mais bel et bien une trajectoire déjà palpable de l’avenir du secteur horloger : ID Genève et CompPair ont uni leurs forces pour créer la première montre capable de s’auto-régénérer.
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ID Genève et CompPair mettent les pendules à l’heure
2020 marque le début de l’aventure des deux entrepreneurs. Chacun de leur côté, Amael Cohades et Nicolas Freudiger ambitionnent de faire changer, à leur échelle et dans leurs secteurs respectifs, la façon dont « les choses se font ».
Amael Cohades lance CompPair, suite logique industrielle au doctorat qu’il a soutenu. Voilà des années qu’il planche sur l’idée de matériaux régénératifs. « Quel meilleur déchet d’un déchet qui n’en est pas un ? » questionne-t-il, réthorique.
C’est ce pavé dans la marre qui interpelle Nicolas Freudiger, cofondateur de ID Genève, une marque horlogère dans la plus pure tradition helvète, a ceci près qu’elle s’appuie sur l’économie circulaire, financée en moins de 48 heures grâce à un financement participatif en ligne. « ID » tient pour identité, en référence aux idées disruptives que proposent Nicolas et ses deux associés Cédric et Singal dans le monde très rigide de l’horlogerie suisse. La maison est la première de son microcosme a voir été certifiée BCorp — une mini révolution en soi.
Les deux hommes se rencontrent au Change Now Summit qui se tient à Paris en 2022. L’un cherche à faire entrer ses matériaux révolutionnaires (ils équipent déjà, à l’époque, l’aérospatiale européenne) dans le quotidien ; l’autre de nouvelles idées pour créer des garde-temps toujours plus écologiques sans tirer un trait sur la qualité swiss made.
Une montre capable de s’auto-régénérer
Après la Circular 1, en acier 100 % recyclé, sold out en quelques mois, et la Circular S qui en reprenait les grands préceptes tout en les adaptant à l’énergie solaire, ID Genève vient donc d’introduire, en collaboration avec CompPair, la Circular C. La majeure partie des composants de cette montre sont composés de Regenerative Carbon™, l’un des matériaux révolutionnaires produits par le manufacturier suisse. Celui-ci est le résultat d’un alliage de fibres de carbone recyclées provenant de vieilles turbines capable, donc, de se régénéré sous la simple action d’un four.
Difficile d’expliquer comment un matériau issu de l’industrie peut se régénérer. Pourtant, c’est possible. « Nous nous inspirons de la nature et du corps humain, explique Amael Cohades. Si les tissus organiques peuvent se soigner, pourquoi pas les matériaux ? »
De longues années de recherche et développement ont mené CompPair à être à même de produire ce genre de matières régénératives. La Circular C en témoigne : un petit tour au four et, hop! Les égratignures et autres micro fissures internes s’auto-soignent. Un tour de magie à ne pas tenter à la maison : il vous faudra retourner votre montre à ID Genève pour que la marque répare votre tocante.
« Disrupter » le secteur horloger
Parce que la maison a également fait de la modularité sa spécialité, les autres composantes qui pourraient être amenées à être endommagées sur l’une de ses montres pourra également être facilement remplacées, alors que les mécanismes suisses sont en général si complexes qu’ils rendent le remplacement de leurs pièces ardu.
La Circular C sera mise en vente a seulement 20 exemplaires dans un premier temps. Si son développement suit son cours comme prévu, une plus large série de montres capables de s’auto-régénérer devrait voir le jour au deuxième trimestre 2024.
CompPair poursuit quant à lui son développement commercial pour démontrer à l’industrie « classique » que ses solutions sont doublement « éco » : écologique mais aussi économique. « Réparer plutôt que remplacer, là n’est-il finalement pas le futur ? ». Le Regenerative Carbon™ peut en effet être utilisé pour produire des produits destinés au public (les skis Salomon en sont le dernier exemple en date), remettant en cause l’obsolescence programmée, mais également des machines, permettant aux industriels de ne pas remplacer mais, encore une fois, de réparer.
A partir de 5540 CHF (+ taxes), bientôt en vente sur le site internet de ID Genève.
Site internet de CompPair Technologies Ltd.
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