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The Good Guide
Récemment récompensé de la 39e place au classement des 50 Best Hotels of the World, le Hoshinoya Tokyo défie toute représentation du temps et de l'espace.
La première fois qu’on enlève ses chaussures au seuil de l’hôtel Hoshinoya, à Tokyo, diverses pensées bien occidentales traversent l’esprit. Vais-je les retrouver ? Ne vais-je pas avoir les pieds sales ? Froids ? « Séjourner à Hoshinoya est une expérience à part entière, souligne Yoshiki Misono, responsable de la communication, le fait d’enlever ses chaussures avant d’y pénétrer permet de dessiner une frontière entre la réalité extérieure et la nôtre ».
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Au cœur de la capitale japonaise
On ne fait pas plus central que ça. Si l’on entend souvent parler des quartiers de Shibuya et Shinjuku pour leur dynamisme et leur folklore, Chiyoda est le cœur de Tokyo, là où le shogunat Tokugawa a établi au XIXe siècle sa forteresse que l’on visite encore aujourd’hui, le château d’Edo. Dans cet arrondissement que l’on considère comme le centre économique et politique de la capitale, voire du pays, de nombreux hôtels de luxe ont élu domicile.
Eux, et parce que dans une capitale où plus de 14 millions d’habitants cohabitent à la verticale les alternatives ne sont pas si nombreuses, s’insèrent pour la plupart dans un immeuble conjuguant étages résidentiels, de bureaux, centres commerciaux et bouches de métro. L’hôtel Hoshinoya Tokyo occupe quant à lui son propre périmètre, un immeuble de 17 étages qui bouscule les codes architecturaux du quartier, recouvert d’une enveloppe d’acier dans un style moucharabieh composé de motifs Edo Komon, qui décorent souvent les kimonos.
Hoshinoya Tokyo, le ryokan urbain
La tradition japonaise est le fil rouge de la décoration de l’hôtel. Décrit comme un « ryokan sur plusieurs étages » par notre hôte du jour, Hoshinoya Tokyo décline, étage par étage, le raffinement des auberges traditionnelles qui font rêver tant de touristes passage au Pays du soleil levant, commençant, donc, par cet étrange sas d’entrée qui brouille les repères.
Un coup d’ascenseur (la tradition s’arrête là où l’exercice physique commence) mène à la réception de l’hôtel, havre de paix quasi silencieux (comme le reste de l’hôtel) où se tient aussi chaque jour une cérémonie du thé. comme l’usage l’oblige, les espaces communs sont dépouillés et ponctués de quelques pièces de mobiliers en bois noble et de peu d’objets de décoration.
Les chambres, 84 au total, qui s’alignent dans des couloirs monacaux, proposent trois niveaux d’hospitalité et se distinguent par leur taille et leur thème. Toutes mettent néanmoins en œuvre le même sens du détail, jouant sur les formes de l’enveloppe architecturale du bâtiment et la transparence des matières traditionnelles de la décoration japonaise (papier Shoji, bambou) pour créer des jeux de lumière sensibles.
Afin de rendre toutes les surfaces agréables aux pieds dénudés, l’architecte japonaises Rie Azuma les a recouvertes d’un tatami traditionnel et ce jusqu’au dernier étage du bâtiment, le plus surprenant peut être.
Une avalanche de surprises
Là se tient un Onsen (bain chaud naturel), le seul du centre de Tokyo, alimentée de façon presque magique par une source située à 1500m sous l’hôtel. Grâce à une percée dans le toit du bâtiment, femmes et hommes séparément (un Onsen s’apprécie nu) apprécieront le ciel tokoite tout en se baignant dans une eau chaude (plus de 40 degrés), riche en sel, garante de la santé physique et mentale de ceux qui la pratique régulièrement.
Cerise sur le gâteau, il faudra céder au menu gastronomique pour comprendre la complexité qui se cache derrière l’apparente simplicité de l’hôtel Hoshinoya Tokyo. Au niveau le plus bas du bâtiment, dépourvu de fenêtres, s’articule un labyrinthe mystérieux qui tient en son centre un roc majestueux qui fait écho à ceux qui recouvrent ses parois, réemploi du chantier d’excavation nécessaire à la construction de l’hôtel.
Sous ses airs de Bat Cave se cache en réalité le restaurant gastronomique du Hoshinoya Tokyo, un théâtre comme on en voit peu, une preuve de plus, s’il le fallait, de la dimension fantasmagorique de cet hôtel sans pareil. L’expérience proposée par le chef Ryosuke Oka, passé chez Pierre Gagnaire, est une succession de mets (15 au total) aussi délicats qu’artistiques, savoureux que jamais vus, né de la sensibilité du chef pour la gastronomie française et son respect pour le terroir japonais. C’est une rencontre qui confine au troisième type que de prendre place dans l’une des huit salles privées qui parsèment le restaurant, assurant à chacun une intimité parfaite pour jouir pleinement de chaque explosion de saveur en bouche.
Nos chaussures nous seront rétribuées à chaque sortie de l’hôtel, sans la moindre question sur notre identité – le personnel est tenu d’avoir en mémoire les visages de ses clients – nos pieds propres et chauds, grâce à l’ hospitalité incomparable des lieux, prêts à se glisser dans leurs souliers… et à retrouver la vraie réalité.
Hoshinoya Tokyo
1 Chome-9-1 Ōtemachi, Chiyoda City, Tokyo 100-0004, Japon
Réservations