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The Good City
Si elle garde son statut de passerelle financière entre la Chine et le reste du monde, Hong Kong s’est lancée dans un vaste plan pour devenir un hub digital international et se « verdir ». Tour d’horizon de ses (nouveaux) atouts.
« Hong Kong est en train de devenir une plateforme internationale d’innovation technologique pour un futur durable. » Bien qu’il reprenne les termes officiels du plan lancé par le gouvernement de la ville en décembre 2022, Sun Dong ne cache pas sa confiance. Secrétaire à l’Innovation, aux Technologies et à l’Industrie du gouvernement de Hong Kong, il inaugure le Digital Economy Summit et l’exposition InnoEx, consacrée à la « technovation », l’innovation technologique.
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Digitale et verte
Ces événements promettent d’être un succès au vu des nombreux participants présents dès le premier jour en ce printemps 2024. Tous les officiels qui prennent ensuite la parole tiendront le même discours : si Hong Kong reste une grande place financière – le septième marché boursier mondial –, la ville mise désormais largement sur l’innovation digitale en général, et l’intelligence artificielle (IA) en particulier, pour construire des smart cities, verdir la mobilité, améliorer l’offre de soins et la qualité de vie des habitants.
Autrement dit, Hong Kong veut diversifier son économie. Non contente d’être une passerelle pour les capitaux entre la Chine et le reste du monde, la ville entend s’imposer sur la scène de l’innovation et de la technologie. Cette ambition s’inscrit dans le cadre de la Greater Bay Area (GBA), sorte de projet de Silicon Valley chinoise.
Outre les Régions administratives spéciales (RAS) de Hong Kong et de Macao, la GBA englobe neuf grandes villes, dont Shenzhen, Guangzhou (Canton), Foshan, etc. En consolidant les ressources, les compétences, les équipements de recherche, elle veut gagner sa place dans le club des hubs mondiaux alliant technologie, innovation et finances autour de grands pôles de recherche et d’industrie.
L’exposition regorge de « technovations » en tout genre. Si certaines sont déjà connues, elles sont souvent améliorées par les entreprises de la région. Ainsi, Goo Vision a allégé le masque de vision 3D pour le cinéma ou la visioconférence, son dernier-né pèse moins de 200 grammes et se règle à la myopie du porteur.
Même opération d’optimisation chez Kenking, qui pro – pose un exosquelette d’aide à la manutention de 1,8 kilo, batterie incluse ! Interprète en langue des signes, chien robot détecteur de produits chimiques ou radioactifs, nanorobot pour neurochirurgie ou création de vidéos à partir d’une photo et d’un texte grâce à l’IA, les produits présentés montrent que la Chine n’est pas en reste en matière d’innovation.
Le climat mis à l’honneur
Thèmes mis à l’honneur dans les conférences comme sur l’exposition, les sujets liés au climat et à l’environnement montrent que la prise de conscience est en marche. « Parce que la réglementation est très forte en Europe, les entreprises françaises ont pris ces sujets à bras-le-corps et ont aujourd’hui de l’avance sur les entreprises de HongKong, où il y a peu de contraintes », explique Marie-Hélène Prévot, présidente des Conseillers du commerce extérieur de la France à Hong Kong.
Cette avance explique la forte présence hexagonale sur InnoEx, où le stand « So French, so innovative » accueillait 30 sociétés, dont la moitié de start-up, sous la bannière d’un « avenir durable grâce à l’innovation ».
Si Saint-Gobain, Schneider Electric, Veolia ou Dragages (Bouygues) entre autres sont particulièrement présentes, c’est parce qu’elles espèrent aider Hong Kong à résoudre l’équation complexe à laquelle elle est confrontée en matière de décarbonation.
« Dans moins de vingt ans, Hong Kong comptera 9 millions d’habitants, soit un million de plus qu’aujourd’hui. Or, elle ne peut pas s’étendre. Pour devenir une ville durable, elle va devoir rénover et reconstruire en plus propre. Pour cela, il lui faut du béton décarboné, des sources d’énergie propre, des réseaux d’assainissement, du tri et du traitement des déchets, des transports verts, etc. » détaille Gérard Wolf, fédérateur Ville durable à l’international auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
Hong Kong pourra aussi s’inspirer du projet « low carbon city » de Shenzhen, un démonstrateur des technologies mises en œuvre pour concevoir des villes « bas carbone », pour lequel Huawei a conçu les équipements de gestion de l’énergie photovoltaïque et les réseaux de données et de pilotage des systèmes. Preuve que la Chine, elle aussi, a pris la question climatique à bras-le-corps !
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