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Le 5 juillet dernier, le bikini a fêté ses 77 ans. De la piscine Molitor à Ursula Andress, retour sur son histoire et son évolution au fil des années.
Le bikini, de nos jours, ne soulève plus guère de controverses. Pourtant, à son apparition, ce maillot de bain était un symbole de transgression et de lutte féministe…
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Le bikini est vieux de presque 1500 ans !
L’une des premières représentations du bikini se retrouve dans une mosaïque romaine datant du IVe siècle et conservé dans une ancienne villa sicilienne, la Villa Romana del Casale. La mosaïque en question, représentant des femmes en train de faire de la gymnastique, a depuis été surnommée Bikini Girls.
Pour autant, et pendant longtemps, le look de bord de mer de ces dames répondait à des codes complètement différents. Au début du XXe siècle, la tenue de baignade comprenait encore des larges pantalons longs jusqu’à la cheville, des jupes avec des sous-vêtements et des tuniques avec manches bouffantes jusqu’au coude.
L’histoire du bikini moderne débute au Molitor
L’histoire du bikini moderne ne commence, donc, que le 5 juillet 1946, à l’hôtel Molitor de Paris, lors d’un concours de beauté. Louis Réard, tailleur et ancien ingénieur qui, quelques années auparavant, avait repris en main le magasin de lingerie de sa mère, dévoile ce jour-là au monde le maillot de bain le plus petit jamais pensé jusqu’alors : quatre triangles de seulement 30 pouces de tissu imprimé ! Le bikini était né, un nom faisant écho à l’île de Bikini, dans l’archipel Marshall, où les États-Unis testaient pendant ces mêmes années leurs armes nucléaires…
La danseuse du Casino de Paris Micheline Bernardini, à seulement 19 ans, fut la première porter ce deux-pièces microscopiques sous les regards choqués du public du concours de beauté. Une vraie bombe atomique venait d’être larguée sur la société de l’époque qui voulait le corps féminin demeure toujours caché des regards impudiques. Son inventeur, quant à lui, cherchait tout l’inverse, permettre aux femmes de se sentir libres, confiantes et élégantes sur les plages et au bord des piscines… mais aussi leur offrir un bronzage plus confortable.
« L’émancipation du maillot de bain a toujours été liée à l’émancipation des femmes » — Olivier Saillard, historien de la mode.
Les stars donnent le coup d’envoi
Considéré comme transgressif, scandaleux et mais aussi « peccamineux » (relatif au péché) par le Vatican, le bikini fut à la fois acclamé et décrié dans ses premières années de circulation dans le commerce. Certains pays, comme les États-Unis, l’ont même interdit dans certains lieux publics. Il fut néanmoins rapidement adopté, dans les années 50, par les jeunes femmes de la jet-set de la Côte d’Azur et des stations balnéaires huppées. Les reines de beauté et divas du cinéma en firent de même, participant à démocratiser pour de bon le deux-pièces dans les mœurs françaises, puis étrangères.
De Jayne Mansfield, à Raquel Welch en passant par Ava Gardner et les Italiennes Sophia Loren et Gina Lollobrigida, les stars d’Hollywood affichent alors ce nouveau micro maillot de bain comme un objet d’expression féminine. Une certaine Marilyn Monroe est photographiée sur le tournage du film Niagara en 1951 portant un deux-pièces rayé ; Audrey Hepburn, quant à elle, le sera en bikini et lunettes XL par Terry O’Neill — une photo qui fit le tour en mode. La regrettée Jane Birkin marquera également les annales dans la même tenue, assise sur un rocher, les cheveux ébouriffés, le regard sérieux fixé à l’objectif de Victor Blackman.
Comment, enfin, ne pas citer Ursula Andress, la première Bond Girl de la franchise James Bond, sortant de l’eau dans Permis de Tuer (1962), comme tournant de la carrière du bikini au cinéma…
La fin du tabou
L’histoire du maillot deux-pièces se lie, dans les années 80, à celle du sportswear. Le bikini s’adapte, dans son design et ses matières, aux exigences des disciplines sportives en vogue sur la plage comme en mer. Les marques de vêtements de sport développent alors des bikinis conçus spécialement pour les activités aquatiques et les sports nautiques tels que le surf, la natation et le beach volley, dotés de bretelles ajustables, de soutiens-gorge intégrés et de coutures renforcées pour assurer un ajustement confortable, même lors d’activités intenses. L’exubérance de l’époque s’exprime aussi dans les couleurs vives, imprimés floraux et rayures qui viennent égayer le maillot de bain.
Au début des années 90, le bikini n’est définitivement plus tabou. Petit à petit, les préjugés, les condamnations et les interdictions des premières années s’effacent. Sur les podiums, Karl Lagerfeld le fait défiler, rhabillé d’un maxi logo Chanel — celui-ci sera porté par les plus grandes top models du moment, de Naomi Campbell à Christy Turlington.
Dans le milieu sportif, il devient l’uniforme officiel des joueurs olympiques de volleyball de plage en 1996 — qui fait aujourd’hui débat — alors qu’à la télévision, Miss America abroge son interdiction, permettant aux participantes de le porter pendant sa compétition — la partie maillot de bain du concours a été ensuite abandonnée en 2018.
Le port du bikini soulève depuis régulièrement des discussions, qu’elles soient stylistiques ou sociétales. Il truste en revanche sans faillir les couvertures estivales des magazines féminins qui lui accordent en boucle un sujet, celui du « bikini body » (un corps que l’on est supposément censés sculpter avant l’été) alors que les maisons de mode et les marques de prêt-à-porter n’en finissent pas de le réinventer dans le goût de l’époque.
L.P.
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