The Good Look
Watches
De sympathique évènement régional, les Geneva Watch Days sont devenus un important salon horloger, notamment pour les indépendants. La cinquième édition s’est tenue fin août/début septembre, à Genève. Elle regroupait une cinquantaine de marques.
Il fait beau et chaud sur Genève en cette fin août 2024. Sous le soleil, la cité helvète à l’emblématique jet d’eau revêt des petits airs de station balnéaire. Les vélos envahissent les rues, et le lac, arpenté par d’innombrables petits bateaux, se pare de ravissants tons bleu pâle. Les habitants, aux épidermes surchauffés, se pressent aux Bains des Pâquis, à la recherche d’un peu de fraîcheur. Cet immuable lieu de loisirs lacustres, délicieusement suranné, et sa plage intemporelle font le plein de baigneurs et de nageurs. Ce temps radieux est une vraie aubaine pour cette édition 2024 des Geneva Watch Days. Les marques horlogères qui y participent, pour la plupart indépendantes, sont en effet installées en showrooms dans divers grands hôtels ou à leurs boutiques. « Tu imagines les allers-retours entre hôtels s’il pleuvait à verse ?, frémit un collègue journaliste. Ce ne serait pas la même limonade. »
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Les Geneva Watch Days 2024
Lancé en 2020, sous l’impulsion notamment de Jean-Christophe Babin, PDG de Bulgari, et de Georges Kern, président de Breitling, ce salon horloger ouvert au public et gratuit accueillait alors une dizaine de marques. Le chemin parcouru est impressionnant.
Ce qui frappe dans la liste des 53 exposants de cette année, c’est l’œcuménisme qui règne. Parmi les participants, on croise des enseignes de grands groupes : Breguet, Blancpain ou Glashütte Original (Swatch Group), Frédérique Constant et Alpina (Citizen) ou encore Bulgari et Daniel Roth (LVMH). Des indépendants importants comme Breitling ou Oris. Et une majorité de petites marques créatives et iconoclastes comme MB&F, De Béthune, Jacob & Co, H. Moser & Cie, Louis Erard, Greubel & Forsey ou encore Konstantin Chaykin… In fine, ces exposants dessinent le portrait d’une horlogerie vivace et variée, dont les créations originales sont souvent rafraîchissantes.
Bien sûr, cette année, les discussions tournent beaucoup autour de l’entrée de Chanel chez MB&F et du rachat de L’Épée 1839 par LVMH…
Sélection (partiale !) des meilleures nouveautés du salon
1/ H. Moser & Cie : Endeavour Perpetual Calendar Passion Fruit
La petite manufacture suisse totalement intégrée s’est alliée cette année à Underd0g. Ce jeune studio british entend rendre la gaieté au secteur horloger (il y a du boulot !). Le fruit de cette union entre indépendants créatifs, c’est une série de deux montres enluminées, inspirées par les fruits de la passion. Leurs cadrans reprennent les coloris jaune et violet de ce fruit granuleux. Elles sont éditées chacune à 100 exemplaires. Notre préférée : l’Endeavour Perpetual Calendar Passion Fruit au boîtier en acier de 42 mm. Elle arbore un cadran en or jaune 18 carats martelé, orné de laque pourpre et d’émail Maracuja fumé « Grand Feu ». Le résultat est splendide !
2/ Ressence : Type 3 BB2
Cette marque belge crée des montres de science-fiction. Leur affichage utilise des disques qui donnent l’impression d’une montre électronique alors qu’il s’agit d’une montre mécanique. L’enseigne en vend 6 ou 800 par an, freinée qu’elle est par les capacités de production de ses prestataires. Elle s’appuie sur une cinquantaine de revendeurs dans le monde. Pour Genève, elle propose une petite évolution de sa Type 3 : la Type 3 BB2 Edition monochromatique à la lecture améliorée. La forme très organique, façon galet, du boîtier en titane est préservée. Cette montre a gagné le Red Dot Design Award 2024, dans la catégorie horlogerie. Elle est disponible contre 40 300 € (hors taxes). À l’avenir, Ressence souhaite monter des collaborations avec des artistes notamment — peut-être aux prochains Geneva Watch Days ?
3/ Trilobe : Nuit Fantastique Éditions Ombre et Lumière
Le noir, le blanc, le noir et blanc, la marque française joue les contrastes avec ces 2 montres de la série Nuit Fantastique. L’une couvre son cadran grainé de blanc et ses guichets de noir. L’autre inverse ces coloris. Ce faisant, la marque entend rendre hommage à Jean Dubuffet, artiste peintre et sculpteur français qui créa moult œuvres où le blanc se retrouve encadré de noir, comme dans sa série Hourloupe notamment. On retrouve dans ces deux montres toute l’originalité des cadrans maison où chaque composante du temps possède son propre affichage. Dans le cas présent, le grand anneau indique les heures, les deux roues excentrées les minutes et les secondes.
4/ Frédérique Constant : Classic Moonphase Date Manufacture Malachite
La manufacture reprise en 2016 par le japonais Citizen est habituée aux montres classiques, vendues à prix raisonnable. Pour ce salon, elle propose la nouvelle Classic Moonphase Date Manufacture beaucoup plus exclusive. Elle s’inscrit dans la grande tradition des montres à cadran en pierre. Ici, il s’agit de malachite vert pâle. Ce modèle de 40 mm en or gris emporte le mouvement manufacture à phases de lune sorti au dernier Watches & Wonders. Sa réserve de marche de 72 heures est deux fois plus importante qu’auparavant. Cette montre élégante est limitée à 36 exemplaires. Son prix est de 29 995 euros.
5/ Breitling : Navitimer B19 Chronograph 43 Perpetual Calendar
Pour fêter dignement ses 140 ans, Breitling présente un trio de nouveautés animées par son Calibre B19. Il s’agit du premier mouvement maison, à la fois chronographe et calendrier perpétuel. Il est conçu pour afficher la date sans réglage, pendant un siècle environ !
Ces trois montres sont éditées à 140 exemplaires et basées sur des modèles iconiques de la manufacture : Chronomat, Premier… Notre préférée est la Navitimer 43 mm, en or rouge, montre préférée des pilotes depuis plus d’un demi-siècle — et peut-être la nôtre parmi les nouveautés des Geneva Watch Days 2024.
6/ Daniel Roth : Tourbillon, la beauté des Geneva Watch Days 2024
Cette marque horlogère, lancée en 1988 par Daniel Roth, est désormais intégrée à la branche horlogerie de LVMH. Elle propose de très jolies montres caractérisées par leur boîtier à double ellipse. Relancée en 2023, cette enseigne bénéficie désormais de l’appui technique de La Fabrique du Temps, la manufacture horlogère de LVMH. Pour cette édition des GWD, le modèle Tourbillon revient en version or rose, éditée à 20 exemplaires et désormais dotée d’un fond transparent. Cet original garde-temps affiche notamment les secondes en trois sections en forme d’éventail. Subtil et captivant !
7/ MB&F : M.A.D.1S
Juste avant l’ouverture du salon, on apprenait qu’après B&R et F.P. Journe, Chanel entrait au capital de MB&F à hauteur de 25 %. Cette participation, on s’en doute, a fait grand bruit. Pour Maximilien Busser, il s’agit d’une façon de pérenniser son iconoclaste fabrique et aussi de s’appuyer sur le réseau de fournisseurs de la Maison de la rue Cambon. Au salon, la petite marque exposait une très spectaculaire pendule Albatross composée de 1520 pièces. Réalisée en collaboration avec L’Épée 1839, elle prend la forme d’un Zeppelin de 60 cm de long et 17 kg. Parlons aussi de la montre M.A.D. qui, dans cette version M.A.D.1S, adopte une boîte de 42 mm plus fine avec 15 mm d’épaisseur, au lieu de 18,8 jusque-là. Elle est animée par un mouvement La Joux-Perret G101 doté de 68 heures de réserve de marche. La grande originalité de cette pièce reste son insolite affichage, intégré à son flanc.
8/ Gerald Genta : Gentissima Oursin
Petite exception dans notre sélection, avec ce trio de montres féminines, aussi piquantes que sexy ! Elles s’inscrivent dans la collection Gentissima de cette marque du groupe LVMH, qui porte le nom du plus célèbre designer horloger. Le boîtier en titane de 36,5 mm s’inspire de l’oursin. Il se pare de 223 pointes de métal ou de diamants, rappelant les pics de l’épineuse créature aquatique. Le mouvement est un GG-005 à remontage automatique dérivé du Zénith Elite. Reste qu’avec sa boîte seulement étanche à 30 m, cet oursin n’aime pas trop faire trempette…
9/ Konstantin Chaykin : ThinKing Prototype 2
Cet artisan russe s’est fait connaitre par ses créations horlogères iconoclastes et amusantes. Les cadrans des montres de la collection Wristmons, représentent des visages. Cette étonnante ThinKing s’inscrit justement dans cette famille. Ses deux cadrans affichent les heures d’un côté et les minutes de l’autre. Ils représentent les yeux du personnage. Amusant ! Dans le cas présent, cette montre déjà originale, bat en outre, avec 1,65 mm d’épaisseur, un record de finesse. Elle améliore les précédents records détenus par Bulgari ou Richard Mille.
Elle est créative et drôle mais c’est aussi une vraie pièce de haute horlogerie. Cette dualité la rend vraiment captivante.
10/ Alpina : Heritage Automatic
Les passionnés de rééditions historiques vont applaudir des deux mains. L’Heritage Automatic d’Alpina reste en effet, parfaitement fidèle à l’esthétique art-déco du modèle dont elle s’inspire. Il s’agit d’une montre des années 1920, exhumée des archives maison. La typographie du logo de cadran comme le boîtier rond de 38 mm, font furieusement vintage. Son prix est de 1695 euros. Rappelons qu’Alpina a été reprise par Frédérique Constant en 2002. Depuis, elles ont toutes deux été intégrées au groupe japonais Citizen.