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Le repli des levées de fonds couplé aux incertitudes macroéconomiques a mené plusieurs fintech à réaliser des plans de licenciements, 2024 - TGL
Le repli des levées de fonds couplé aux incertitudes macroéconomiques a mené plusieurs fintech à réaliser des plans de licenciements, 2024 - TGL
Marine Mimouni

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Les fintech à la recherche d’un second souffle

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Les start-up spécialistes des services financiers ont dû composer avec une année 2023 particulièrement difficile. Le repli des levées de fonds couplé aux incertitudes macroéconomiques a mené plusieurs fintech à réaliser des plans de licenciements. L’année 2024 devrait être une période de consolidation. Explications.

Le repli est global. S’il y a quelques années, les fintech comptaient parmi les start-up les plus recherchées par les investisseurs, l’année 2023 a marqué un important coup de frein.


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« Au cours des années 2021 et 2022, les levées de fonds des fintech françaises ont été particulièrement significatives » explique Alain Clot, président de France FinTech.
« Au cours des années 2021 et 2022, les levées de fonds des fintech françaises ont été particulièrement significatives » explique Alain Clot, président de France FinTech. Annie Spratt / Unsplash

Aux États-Unis, le secteur fintech a vu son financement total chuter de 36 %, pour atteindre 18,2 milliards de dollars en 2023, une diminution notable par rapport aux 28,5 milliards de dollars enregistrés en 2022. L’Europe est plus touchée encore, avec un repli des levées de fonds de 70% sur un an entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023.

En France, d’après les données de France FinTech (association regroupant les fintech, insurtech et regtech françaises), les levées de fonds ont chuté d’environ 70% en 2023 par rapport à 2022, atteignant 919 millions d’euros, soit un niveau similaire à celui de 2020, année de crise sanitaire.

La fin de l’argent facile

Un repli qui s’explique par une remontée des taux directeurs opérée par les banques centrales afin de contrer l’inflation. Les investisseurs – et les fonds de capital-risque en particulier – doivent désormais composer avec un environnement macroéconomique plus incertain.

Les start-up spécialistes des services financiers ont dû composer avec une année 2023 particulièrement difficile.
Les start-up spécialistes des services financiers ont dû composer avec une année 2023 particulièrement difficile. This is Engineerin / Pexels.

La fin de l’argent facile a induit de nouvelles stratégies d’investissement, et les spécialistes du capital-risque se montrent désormais beaucoup plus prudents qu’auparavant. En clair, si le capital amorçage destiné à accompagner le lancement d’un projet se porte bien, notamment grâce à l’accompagnement public des investissements, les levées de fonds permettant de passer au développement commercial, elles, se tarissent grandement.

« Au cours des années 2021 et 2022, les levées de fonds des fintech françaises ont été particulièrement significatives. Durant cette période, les acteurs qui pouvaient se le permettre ont, dans un contexte de remontée des taux, allongé leur trésorerie en acceptant des dilutions de capital. Ces levées de fonds anticipées, un recours beaucoup plus marqué à la dette et des plans de recentrage et d’économie expliquent une bonne résilience d’ensemble de l’écosystème», explique Alain Clot, président de France FinTech.

La résilience du secteur est sans conteste liée à sa jeunesse: les offres sont encore en cours de développement, portées par une digitalisation de plus en plus forte. Ainsi, si l’entreprise américaine PayPal, créée en 1998, est souvent citée comme la première fintech au monde, l’essor réel des fintech est particulièrement récent.

Sur sa trentaine de licornes , la France compte désormais 13 fintech. L’année 2023 a été marquée par des réductions d’effectifs notables, à l’instar d’acteurs tels que PayFit.
Sur sa trentaine de licornes , la France compte désormais 13 fintech. L’année 2023 a été marquée par des réductions d’effectifs notables, à l’instar d’acteurs tels que PayFit. Pixabay

Selon le cabinet Accenture, les investissements annuels dans les fintech sont passés de 928 millions de dollars en 2008 à près de 3 milliards de dollars en 2013, soit plus du triple. En 2020, ce sont quelque 105 milliards de dollars d’investissements dans les fintech qui ont été réalisés.

L’affaissement enregistré en 2023 ne devrait donc être qu’une parenthèse, d’autant plus que les progrès technologiques en cours sont exponentiels. Néanmoins, pour passer le cap de l’année 2023, il a fallu revoir les effectifs à la baisse.

Sur sa trentaine de licornes (start-up dont la valorisation est au-delà de un milliard de dollars), la France compte désormais 13 fintech. L’année 2023 a été marquée par des réductions d’effectifs notables, à l’instar d’acteurs tels que PayFit (automatisation des systèmes de paie et RH), qui a réduit ses effectifs de 20% (200 personnes licenciées).

Désormais, les fintech qui parviennent à séduire les investisseurs sont celles qui offrent une rentabilité à court et moyen termes.
Désormais, les fintech qui parviennent à séduire les investisseurs sont celles qui offrent une rentabilité à court et moyen termes. DR

D’autres protagonistes sont concernés: Sunday (solution de paiement à destination des restaurants), après avoir licencié 90 collaborateurs, a choisi de fermer plusieurs marchés. Enfin, sur le volet des cryptomonnaies, Coinhouse s’est séparé d’une trentaine de collaborateurs sur soixante-dix, tandis que Ledger a licencié 12% de ses effectifs en 2023.

Le site de France FinTech, qui est aussi une plate-forme d’emploi, comptait 500 offres référencées fin 2023, contre un millier en 2021. Le secteur emploie désormais 54600 personnes, dont 8600 hors de France, tandis qu’en 2023 la création nette d’emplois s’est établie à 5000 postes.

La rentabilité avant tout

La typologie de profils recherchés est aujourd’hui en passe d’évoluer : « Sous l’impulsion des fonds de capital-risque, la quête de rentabilité s’est intensifiée. Nous avons ainsi assisté à un affaissement de la recherche des experts tech au profit des profils plus commerciaux », constate Alarik Bussé, Senior Tech Recruiter & Team Manager chez Urban Linker.

Le site de France FinTech, qui est aussi une plate-forme d’emploi, comptait 500 offres référencées fin 2023, contre un millier en 2021.
Le site de France FinTech, qui est aussi une plate-forme d’emploi, comptait 500 offres référencées fin 2023, contre un millier en 2021. Carlos Muza / Unsplash.

Désormais, les fintech qui parviennent à séduire les investisseurs sont celles qui offrent une rentabilité à court et moyen termes. Les technologies disruptives qui nécessitent d’importantes levées de fonds pour se développer peinent à séduire les fonds de capital-risque.

Le secteur n’étant pas encore à maturité, des rapprochements entre acteurs sont à prévoir, permettant d’opérer des synergies entre technologie innovante et capacité à industrialiser une production.

Selon le Palmarès Fintech100, réalisé par la société de capital-risque Truffle Capital, le chiffre d’affaires des entreprises du secteur a augmenté, en moyenne, de 80% en 2022. Si la tendance est à la concentration, les acteurs qui se distinguent ont aujourd’hui des revenus importants, les dotant d’une solidité financière.


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