Art
The Good Culture
Quelles sont les expositions de photos à ne pas manquer cet été ? La réponse par 3.
Des regards croisés à la célébration des J.O., les expositions voient le médium photographique comme une archive vivante chargée d’émotion.
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Monstres sacrés à Arles
Lee Friedlander est un artiste américain dont le travail gravite autour du paysage social depuis les années 50. Célébré par le MoMA, le MET et le Whitney Museum, à New York, son langage visuel en noir et blanc inclut des reflets, des visages brouillés par des structures ou des ombres superposées et des autoportraits partiellement obstrués. Les clichés proposent des fragments de vies qui s’entrechoquent pour former une vision cubiste du monde.
Joel Coen est un cinéaste américain oscarisé, moitié du duo « les frères Coen », à qui l’on doit, notamment, les cultissimes Fargo et The Big Lebowski. À l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles et des 20 ans de la Fondation LUMA, le centre d’art monte Lee Friedlander Framed by Joel Coen, une exposition née de la collaboration entre ces deux monstres sacrés.
Dans la Galerie des Archives, située dans la Tour élevée par l’architecte Frank Gehry, 70 tirages et un film passent en revue la carrière du premier via l’objectif du second. Les plans disloqués et les effets de miroir prennent alors la forme de petits récits étranges, dont on essaie de dégager un sens.
Sur le trottoir, un homme en parka attend près d’une femme visible dans le rétroviseur d’un bus. Ces individus se croisent-ils ou est-ce le cadre qui leur prête une relation qui n’existe que dans notre regard ? La composition évoque le pouvoir sournois des images, dont on connaît la capacité de nuire autant que d’émerveiller.
Plus loin dans l’exposition, la série The Little Screens met en scène des téléviseurs qui retransmettent des images de starlettes et de figures politiques des années 60. Posés dans des chambres de motels d’un autre temps, les petits écrans agissent comme autant de réceptacles de solitudes de passage.
Lee Friedlander Framed by Joel Coen, LUMA Arles, du 1er juillet au 29 septembre. Rencontres-arles.com
Figer l’instant présent à Rennes
En 1964, Raymond Depardon part couvrir les JO de Tokyo pour l’agence de presse Dalmas. Pendant six éditions des Jeux (1964-1980), il capture les moments décisifs qui mènent à l’exploit sportif, ainsi que le panel d’émotions des champions, dans la joie ultime comme dans la défaite. Il immortalise aussi les gestes politiques forts restés gravés dans l’histoire, comme le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico en 1968, et la prise d’otage de la délégation israélienne à Munich en 1972.
Raymond Depardon, Les jeux Olympiques 1964-1980, Frac Bretagne, jusqu’au 5 janvier. Fracbretagne.fr
La fabrique du monde à Dundee
Le V&A puise dans ses collections pour analyser le rôle de la photographie dans le développement de l’urbanisme moderne. Au-delà du témoignage ou du reportage, les images recèlent des indices qui améliorent notre compréhension de la ville. Les clichés d’Henri Cartier-Bresson, Berenice Abbott et Paul Strand se lisent alors comme des outils de recherche, tandis que les photos aériennes en collage de Sohei Nishino brossent un portrait contemporain de Dundee, métropole écossaise estampillée « ville créative de design » par l’Unesco.
Photo City: How Images Shape the Urban World, V&A Dundee, jusqu’au 27 octobre. Vam.ac.uk
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