Hotels
The Good Guide
L’Experimental Group a développé une signature hôtelière comme il n’en existe nulle autre. Forte d’un ADN mâtiné de mixologie, l’enseigne bouscule les codes de l’hospitalité pour mieux les accorder aux attentes de l’époque.
En juillet dernier, le chausseur et styliste Christian Louboutin entrait au capital de l’Experimental Group. Que de chemin parcouru depuis 2007, date de l’ouverture de leur premier bar à cocktail, l’Expérimental Cocktail Club, dans le quartier Montorgueil, à Paris. C’est que l’histoire de ce groupe hôtelier a, pour ainsi dire, démarré dans un shaker !
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Hospitalité expérimentale
Ses fondateurs – Olivier Bon, Pierre-Charles Cros et Romée de Goriainoff – n’ont pas 75 ans à eux trois, mais se connaissent par cœur depuis l’enfance. Forts de virées outre-Atlantique alors qu’ils sont étudiants, ils arrivent à l’évidence que la France a un sacré train de retard en matière de bar à cocktails. Sans réel fonds propres ni expérience de management, ils décident de se lancer avec une première adresse, puis deux autres dans la foulée.
À l’époque, on ne peut compter que sur le Harry’s Bar et feu Le Forum pour déguster un drink qui tient la route, mais dans une ambiance, soyons honnêtes, plutôt propice à ravir les « vieux » messieurs. Ces trois ouvertures successives font un carton auprès de la jeune génération qui, bien souvent, découvre les saveurs des boissons mixées.
Autant dire que « l’Expé » va largement lancer le mouvement de la mixologie dans l’Hexagone, en formant notamment des barmen qui, plus tard, ouvriront leur propre lieu. Très vite, les trois acolytes voient grand et décident de s’exporter, histoire de montrer à Londres et à New York comment les Frenchies s’y entendent en matière de cocktails.
Dans la foulée, un quatrième complice, Xavier Padovani – qui connaît parfaitement l’univers des spiritueux – rejoint l’aventure, en même temps qu’un partenaire financier, Jean Moueix, héritier de Pétrus, ne va cesser de les aider à aller plus loin dans leur rêve. « En fait, dès le début nous avions bien en tête cette idée d’ouvrir des hôtels en y injectant ce qui nous animent : bien boire, bien manger et faire la fête », souligne Romée de Goriainoff.
Le premier établissement hôtelier ouvre pile au bon moment, au bon endroit, dans un Pigalle en pleine mutation. « Le concept était simple : un lobby minuscule, mais un bar et un restaurant au rez-de-chaussée et des chambres au-dessus », explique Olivier Bon, dont la compagne, l’architecte d’intérieur Dorothée Meilichzon, va devenir l’une des signatures stylistiques du groupe.
Des chefs qui bouleversent les codes de la restauration, à l’image de Giovanni Passerini et Grégory Marchand, les accompagnent sans hésiter dans l’ouverture de nouveaux établissements, désormais aussi bien en France – Biarritz et Cannes– qu’à l’étranger : Venise, Verbier, Minorque, Ibiza, les Cotswolds… Très souvent, les adresses reprises disposent d’un charme fou, mais sont de belles endormies, auxquelles l’Expé, grâce à l’art de vivre qu’il y injecte, donne une seconde vie.
Achats et développement
En 2021, le groupe prend une nouvelle ampleur, puisque les quatre associés parviennent à lever 380 millions d’euros auprès de Brookfield Asset Management et à entraîner la BPI avec eux. « Au total, 350millions vont être confiés à une foncière qui va assurer l’achat d’établissements, et 30 seront assignés au développement du groupe », explique Pierre-Charles Cros.
En effet, le groupe n’est pas propriétaire des adresses, mais s’assure que chacune soit développée selon une charte identitaire qui lui est propre. Désormais, L’Experimental Group est présent dans six pays et se trouve à la tête d’une vingtaine d’établissements, qui ne sont d’ailleurs pas toujours associés à un hôtel.
Ainsi du Stereo, à Londres, un club mythique dont on nous dit qu’il était impossible de ne pas vouloir le relancer, ainsi que d’un bar à vin, La Compagnie des vins sur‑ naturels, et d’un Expérimental Cocktail Club, que le quatuor vient tout juste de rouvrir à New York « Le covid est passé par là depuis nos premières aventures à Manhattan, mais c’était incroyable de constater à quel point le public attendait que l’on revienne », explique Xavier Padovani, soulignant que le projet d’un hôtel est bien dans les tuyaux.
Chacun pense pour quatre
À bien y réfléchir, cette entreprise confirme la maxime qu’on est plus fort à plusieurs que tout seul. « On se voit très régulièrement, on a des réunions hebdomadaires, mais chacun pense pour quatre lorsqu’il a une décision à prendre. C’est aussi une vraie force pour pouvoir être dans plusieurs endroits en même temps », fait remarquer Romée de Goriainoff.
Aujourd’hui, l’Experimental Group emploie près de 900 personnes, chiffre qui ne devrait pas fléchir si l’on en juge les ouvertures déjà annoncées : le plus grand hôtel de Val‑d’Isère, un établissement à Rome l’été prochain et, contre toute attente, la reprise du Sinner, en plein Marais, qui devient dès janvier l’Experimental Marais.
« Nous avons travaillé avec l’architecte Tristan Auer pour remettre à plat la décoration et l’accorder à nos codes », explique Xavier Padovani. Et déjà, des destinations comme Chamonix, Saint-Moritz ou Comporta sont à l’étude. La clientèle de voyageurs, désormais très fidèle, sait bien qu’en mode travail, comme en loi‑ sir, elle va retrouver la même offre de service, les mêmes standards et, surtout, cette atmosphère si singulière qui fait la signature inimitable de l’Expé.
Experimental Chalet Val‑d’Isère
Ce 5‑étoiles est le premier hôtel de L’Expé dans les Alpes française. « Après l’Experimental Chalet Verbier, nous voulions un établissement du même ordre côté français, à la fois proche des pistes et au centre d’une station. Nous aimions l’atmosphère de Val-d’Isère et n’avons pas hésité à saisir une occasion qui s’offrait à nous de créer ce second Experimental Chalet », souligne Pierre-Charles Cros.
C’est aussi la première réalisation en station pour l’architecte d’intérieur Dorothée Meilichzon. Aussi, elle a souhaité partir d’une page blanche après avoir fait vider les intérieurs de l’ancien Aigle des Neiges. Mais elle en a conservé l’enveloppe plutôt typique de Val-d’Isère, avec ce mélange de lauze, bois et béton, très proche de l’esprit des lodges américains.
À partir d’un concept architectural qu’elle a nommé l’Esprit de la forêt, elle a dessiné le moindre détail des agencements, en se tenant à une ligne à la fois alpine et moderne. Elle a d’ailleurs fait un clin d’oeil aux pistes voisines en créant « l’enduit ski » qui rappelle les traces s’entremêlant dans la neige.
Pourvue de 110 chambres, l’adresse dispose d’un espace bien‑être avec un spa et une piscine de 25 mètres, ainsi que deux restaurants (une brasserie contemporaine et une table consacrée au fromage) et, bien sûr, un bar à cocktails qui promet d’être l’adresse incontournable de l’après-ski. Rue de la Poste, Val-d’Isère (Savoie).
Experimentalchaletvaldisere.com
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