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Si tous les grands noms de la musique se pressent pour jouer à Coachella, en Californie, le festival le plus hype du monde est aussi l’occasion d’une programmation parallèle, conviant architectes, artistes et designers à imaginer des installations monumentales sur le site de l’Empire Polo Club. Lors de la dernière édition, Architensions a réalisé l’une des plus spectaculaires : The Playground.
Événement mythique s’il en est, le Coachella Valley Music and Arts Festival se tient chaque année à Indio, sur le site de l’Empire Polo Club, à 200 kilomètres à l’est de Los Angeles. La programmation musicale convie les noms les plus en vue du moment, alignant des cachets stratosphériques que peu de festivals peuvent se permettre.
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En parallèle, Coachella invite chaque année des architectes, artistes et designers à investir les lieux pour y déployer leur créativité sans d’autres limites que celles de leur imagination. Ils et elles sont sélectionnés parmi les signatures les plus pointues de la scène contemporaine, donnant une autre dimension à la manifestation.
Chiffres clés de Coachella
- Date de création : 1999.
- Nombre d’éditions : 22 (le festival fut annulé en 2020 et 2021 en raison de la pandémie de Covid-19), toutes organisées par Goldenvoice.
- Durée : depuis 2012, le festival est planifié sur deux week-ends successifs. Cette année, il aura lieu du 14 au 16 avril et du 21 au 23 avril 2023.
- Surface du site : 32 ha.
- Nombres de scènes officielles : 7.
- Nombre de visiteurs : 750 000 en 2022 (125 000 par jour).
- Nombre d’artistes programmés : 167.
- Plus gros cachet : en 2022, The Weeknd a touché 8,5 M $ pour jouer à Coachella.
- Prix d’un passe pour 3 jours : à partir de 549 $ (gratuit pour les moins de 5 ans).
L’objectif est de créer la surprise et d’en mettre plein la vue aux aficionados qui ne manquent pas d’immortaliser ces installations monumentales par des selfies et autres clichés qui inonderont les réseaux sociaux le temps du festival musical devenu le plus rentable du monde.
Installations immersives
En 2022, 11 installations immersives ont ainsi pris place durant les deux week-ends d’avril du festival, parmi lesquelles The Playground, signé -Architensions, artistes invités aux côtés d’Estudio Normal, de Kiki Eijk ou encore de Do LaB. Derrière ce studio d’architecture et de design basé à New York et à Rome se cachent Alessandro Orsini et Nick Roseboro. Le premier est architecte et n’était jamais allé au festival auparavant ; le second est designer et musicien.
Lui connaît bien Coachella, puisqu’en 2016 ce trompettiste chevronné y a joué avec LCD Soundsystem. The Playground se compose de quatre tours réalisées en structure acier dont la hauteur varie de 12 à 17 mètres. Les architectes ont puisé leur inspiration du côté de New Babylon de Constant Nieuwenhuys, un projet utopique d’urbanisme développé dans les années 60, qui prend la forme d’un espace labyrinthique semblant échapper à toute règle établie, laissant place à l’improvisation et au hasard.
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« Alors qu’en société utilitariste et d’économie de temps on poursuit par tous les moyens l’orientation optimale dans l’espace, garantie d’efficacité, à New Babylon, on privilégie la désorientation qui permet l’aventure, le jeu, le changement créateur. L’utopie New Babylon a toutes les caractéristiques d’un espace labyrinthique à l’intérieur duquel les mouvements ne subissent plus la contrainte de quelque organisation spatiale ou temporelle. La forme labyrinthique de l’espace social new babylonien est l’expression directe de l’indépendance sociale », écrit Constant Nieuwenhuys dans un texte publié en 1975. C’est cette liberté qu’Architensions a insufflée dans The Playground, une installation aussi photogénique qu’onirique.
5 questions à Architensions
Au nom du collectif Architensions, studio d’architecture et de design, Nick Roseboro (à gauche) et Alessandro Orsini détaillent la vision et les intentions du projet The Playground et comment ils ont travaillé avec les organisateurs du festival.
Quel était le briefing de Coachella pour concevoir cette installation ?
Il n’y avait pas de thème ni de programme spécifique ou imposé. Coachella s’est appuyé sur l’héritage des éditions précédentes pour expliquer cette invitation, qui consiste à imaginer une installation traduisant la vision du designer ou de l’artiste. Nous avons été très libres dans notre proposition, aussi bien dans l’échelle que dans la matérialité ou pour exprimer nos intentions.
Comment vous ont-ils choisis ? S’agissait-il d’un concours ?
Il nous a été demandé de soumettre une proposition après que l’un des conservateurs du département art et architecture de Coachella a visité notre bureau à New York. Plusieurs designers, architectes et artistes sont invités à soumettre des idées, puis ils choisissent les équipes qui travailleront sur les installations.
Quelles ont été vos principales inspirations pour concevoir ce projet ?
Nous voulions importer un fragment de la ville à Coachella, enraciné dans le divertissement et le jeu, sur un site destiné aux loisirs. L’installation crée un environnement analogue à un théâtre, où les festivaliers peuvent interagir en participant aux performances. The Playground permet une expérience ludique sans trop d’emphase avec la technologie et où l’interaction avec l’espace et sa matérialité offre un nouveau point de vue aux festivaliers, qui deviennent à la fois spectateurs et acteurs.
Avez-vous rencontré des difficultés techniques ?
La seule difficulté technique a été le Covid-19 : nous étions prévus pour Coachella 2020, mais le festival a été reporté plusieurs fois jusqu’en 2022. Cela a représenté de nombreux défis pour la planification et la construction de l’installation.
Quels sont vos prochains projets ?
Nous sommes actuellement sur de multiples réalisations, qui tournent autour du collectif, du bien commun et de la domesticité.
Perspectives et couleurs
Bien que statiques et inaccessibles en hauteur, les tours semblent en perpétuel mouvement, notamment grâce au soleil et au choix des matériaux. Architensions a utilisé des films dichroïques qui projettent des couleurs au sol, tandis que les films effet miroir amplifient des perspectives et reflètent les paysages alentour. Selon le moment de la journée, les ombres portées varient et donnent à voir une image changeante de l’installation.
Les créations sont parfois offertes aux municipalités locales
Le studio revendique également la référence au Teatro del Mondo (1979) d’Aldo Rossi, reprenant à leur compte un dispositif où les festivaliers, à la fois acteurs et spectateurs, peuvent interagir à la manière d’une performance vivante. The Playground sublime la couleur, recourant aux teintes dérivées des spectres magenta et jaune pour les grilles verticales et cyan pour les assises au sol.
Paul Clemente, directeur artistique de Coachella
« Des rencontres surprises avec ces projets démesurés en pleine vallée, baignés dans la musique et l’énergie collective de la foule : ceci est devenu une expérience partagée très attendue au festival. Certaines des œuvres ont été tissées dans l’imagerie archétypale de Coachella. Le programme artistique du Coachella Valley Music and Arts Festival a considérablement évolué depuis sa création, et les participants, qui viennent du monde entier et du sud de la Californie, sont très respectés dans leurs domaines.
Ils présentent des œuvres extraordinaires et pertinentes dans un cadre propice pour inspirer, informer et inviter à un engagement direct avec l’art, mais aussi avec les thèmes sociaux et culturels d’actualité. C’est un aspect unique de ce festival. »
Une fois l’événement passé, certaines créations de Coachella sont désinstallées, parfois offertes aux municipalités locales, tandis que d’autres restent à demeure pendant plusieurs années, comme Spectra de Newsubstance, emblème du festival. Parmi les quatre nouveaux artistes invités pour cette édition 2023 figure le Français Vincent Leroy. Côté musique, c’est la consécration pour Angèle et Redcar, qui feront leur premier Coachella. Rendez-vous en avril !
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