Getaway
The Good Guide
De passage à São Miguel, The Good Life a sélectionné les plus belles randonnées à faire sur l'île portugaise.
Ce joyau de verdure est une oasis préservée à la beauté étrange. Un jardin secret au milieu de l’Atlantique Nord, orné de volcans et de vallons aux couleurs vibrantes de la malachite. Avec ses 746 kilomètres carrés et ses 140 000 habitants, São Miguel est l’île principale de l’archipel portugais des Açores – qui en compte neuf –, situé à quelque 1 500 kilomètres des côtes européennes et à 3 500 kilomètres des Amériques. Terre d’escale bien connue des navigateurs, c’est aussi une destination prisée par un autre genre d’explorateurs, ceux qui se déplacent à pied. Les possibilités de treks y sont infinies.
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Dès l’arrivée sur le tarmac de l’aéroport, l’intensité des éléments se rappelle à nous. Au loin, la mer est agitée et le vent souffle dans la multitude d’arbres et de fleurs multicolores qui jaillissent de part et d’autre des constructions. La végétation luxuriante semble prête à reprendre ses droits à tout moment. On devine un sol nourri par des pluies abondantes, qu’on ne tardera pas à éprouver. « Ici, on vit quatre saisons en une journée », s’amusent les Açoréens.
L’adage se confirmera lors de chacun de nos treks. On peut marcher une heure sous un grand soleil, puis, l’instant d’après, se retrouver piégé dans un épais nuage qui nous coupe du monde, avant que se révèlent les panoramas spectaculaires d’une terre vivante sortie des profondeurs où se rencontrent trois plaques tectoniques.
Si le climat est idéal en été, l’île est agréable à visiter tout au long de l’année, et les brouillards automnaux lui confèrent une atmosphère surnaturelle et poétique. Outre le temps, on est saisi par la diversité des paysages. Il y a des volcans escarpés et des plaines d’herbe bordées d’hortensias mauves et de camélias roses. Mais aussi des forêts si denses qu’il y fait presque toujours nuit.
Les troncs et les sols sont recouverts d’une mousse duveteuse et de larges feuilles luisent d’un éclat tel qu’un jardinier semble les avoir lustrées. Le bruit des gouttes d’eau se dissipe soudainement et laisse place à un silence solennel alors que l’on approche un lac immense au sommet d’un volcan. Chaque balade enivre.
Au bout de quelques heures, on ne sait plus très bien où l’on est, si ce n’est au milieu de nulle part. Passé l’étourdissement de ce face-à-face avec une nature puissante, nous avons sélectionné cinq itinéraires variés, pour découvrir cette île fascinante à la force des mollets.
Étape 1 : Lagoa do fogo
12 km – 4 heures
Ce Lagoa do Fogo, qui trône dans une réserve naturelle en plein centre de l’île, est une destination qui se mérite. Il faut traverser plusieurs mondes avant d’y arriver. Depuis la petite localité de Praia, un long sentier de terre battue sillonne entre des champs où paissent des vaches hollandaises noir et blanc, importées sur l’île au XVIIIe siècle, qui assurent la production de 50 % du fromage portugais.
Après avoir parcouru ce qui ressemble à s’y méprendre à un pâturage alpin, on entre dans une forêt de grands cèdres du Japon, où l’on suit une levada, canal d’irrigation traditionnel qui permet de recueillir les eaux de pluie et de source pour alimenter les parties les plus reculées de l’île.
On se retrouve alors dans l’insolite vallée Ribeira da Praia, constellée de petits locaux techniques désaffectés qui servaient autrefois à filtrer l’eau du lac et qui confèrent désormais aux lieux une légère ambiance dystopique.
La randonnée se poursuit au milieu des eucalyptus, des pittospores ondulés et des acacias, qui laissent place à un spectacle d’une beauté saisissante : un lac bleu se déployant dans le cratère effondré d’un volcan endormi depuis un demi-siècle. Et si, par chance, les nuages sont absents, on devine la mer au loin.
Étape 2 : Lagoa das Sete Cidades
2,5 km – 1 heure
C’est le paysage le plus célèbre des Açores et probablement le plus beau. Situé au nord-ouest de l’île, Sete Cidades se compose de deux lacs majestueux, nichés dans une caldeira de cinq kilomètres de diamètre formée par l’effondrement d’un volcan il y a 22 000 ans.
L’un est bleu, l’autre, vert, et leurs teintes hypnotiques s’admirent depuis divers miradouros… si tant est que le ciel soit dégagé. Il existe plusieurs circuits de randonnée pour tous les niveaux.
Celui qui conduit à Boca do Inferno via le Trilho Canário est superbe et conviendra au plus grand nombre. C’est une boucle qui commence par un chemin découpé dans une forêt touffue impressionnante.
Au sortir du bois, le sentier se fait plus étroit et serpente sur une crête escarpée couverte d’arbres et de fleurs sauvages. On a beau savoir à quoi s’attendre, à l’arrivée au mirador, la vue est époustouflante. Le retour parmi les hortensias et les azalées ne manque pas de charme non plus. En revanche, le spot est si prisé qu’il vaut mieux y aller de bonne heure.
Étape 3 : Pico da Vara
7 km – 3 h 30
Avec ses 1 103 mètres de haut, Pico da Vara est le point culminant de l’île. Son nom sera peut-être familier aux plus-de-20 ans, qui se souviendront que c’est ici que survint le crash de l’avion du célèbre boxeur Marcel Cerdan, en 1949…
Après avoir obtenu une autorisation d’accès (en ligne) et un bulletin météorologique favorable, on s’élance au sommet de l’île sur un sentier, d’abord en terre battue, puis couvert de lattes de bois.
La montée, assez raide, débute au milieu de la forêt d’Atalhada et mène au plateau de Graminhais. La fin du parcours hisse le marcheur au-dessus de la cime des arbres, offrant ainsi une superbe vue de l’île à 360 degrés, à condition, comme toujours ici, de ne pas avoir la tête dans les nuages, ce qui ôterait beaucoup d’intérêt à cette randonnée exigeante.
Étape 4 : Cascade Salto do Prego
4,5 km – 2 heures
Cette randonnée se fait au départ de Faial da Terra, un village perdu entre les montagnes de la pointe orientale de l’île. Ici, la route est aussi agréable que la destination : la cascade Salto do Prego. Le chemin se fait de plus en plus escarpé à mesure qu’on s’enfonce dans la forêt, où l’on croise, de temps à autre, de petites poules brunes.
On grimpe de pierre en pierre, partagé entre l’envie de lever la tête pour admirer la flore qui nous avale et la nécessité de surveiller ses pieds pour ne pas glisser. L’ascension se fait dans un silence certain, qui permet d’entendre, après une demi-heure de marche, la rumeur bourdonnante de l’eau qui tombe.
C’est alors que la jungle s’ouvre sur la fameuse chute d’eau, dans laquelle les moins frileux prendront plaisir à se baigner. Vous pourrez ensuite aller voir sa jumelle, Salto do Cagarrão, non loin, ou rentrer en faisant une boucle par Sanguinho, un charmant bourg restauré en écovillage, avec des maisons aux faux airs de chalets basques.
Étape 5 : Parque Terra Nostra
3 km – 1 h 30
Soyons honnêtes, il s’agit plus d’une promenade que d’un véritable trek. Mais après plusieurs jours à crapahuter, vous serez ravis de déambuler dans ce sublime parc botanique situé dans le sud-est de l’île.
Depuis sa création au XVIIIe siècle, les propriétaires successifs de ce lieu, des botanistes fervents, en ont fait un jardin romantique de plus de 12 hectares, riche de quelque 5 000 arbres exotiques centenaires. La balade sur ses chemins sinueux donne à voir des nénuphars géants, une incroyable collection de palmiers, de cycas, de fougères et de fleurs aux couleurs extraordinaires.
Tout au long du parcours, on est frappé par l’omniprésence de l’eau. L’air est chargé d’humidité, les feuilles dégouttent et le sol est sillonné de ruisseaux orange qui sourdent des sources chaudes de Furnas.
Les téméraires ne résisteront pas à l’envie de barboter dans le grand bassin rempli d’une eau ferrugineuse à 39°C aux vertus thérapeutiques variées. Attention, on en ressort avec un teint hâlé et une délicate odeur de soufre. Ouvert de 10 heures à 18 heures (entrée 8 €).
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