Lifestyle
La basket a beau séduire toutes les générations, des souliers plus classiques restent indispensables dans la vie de tous les jours. Cet automne, ils reviennent même à la mode, plaisent aux jeunes consommateurs, en version originale ou vintage, quand ce n’est pas leur chaussant et leur solidité qui forcent le respect.
Il est de bon ton de ranger ses tongs, ses espadrilles, ses Birkenstock et, même, cette année, quelques-unes de ses paires de baskets. Les tendances de la saison plaident en effet pour le retour des véritables et belles chaussures, montés sur des semelles plutôt épaisses, de façon traditionnelle. Après plusieurs années de croissance folle, la basketmania marquerait ainsi le pas. Du moins, sur les podiums des créateurs de mode.
A lire aussi : Comment Vans est devenue la plus cool des marques de sneakers
Le grand retour de la chaussure traditionnelle
« Tous les acteurs du secteur espèrent un revirement, indique Dorval Ligonnière, responsable des études à la Fédération française de la chaussure. Dans le prêt-à-porter, ces effets de balancier permettent aux marques de rebondir. Les professionnels de la chaussure aimeraient bien qu’il se passe la même chose de leur côté, mais, pour l’instant, rien ne l’indique dans les chiffres. Il faut toujours du temps entre l’impulsion d’une tendance par des stylistes et sa répercussion dans la consommation. »
Publiée en janvier 2023, la dernière étude de la FFC portait sur le marché masculin européen, les goûts et les habitudes de consommation. Plus de 7 000 hommes ont été interrogés dans sept pays, dont la France, où ces messieurs ont déclaré posséder, en moyenne, toutes tranches d’âges confondues, un peu moins de 10 paires dans leur placard.
Les chaussures étant, avec les montres et les parfums, les trois biens de consommation dont l’achat leur procure un plaisir maximal. Sur cette quasi-dizaine de paires, quatre sont des baskets, trois des chaussures de ville et le reste des sandales pour l’été et la maison, des bottes de pluie ou des brodequins de haute montagne…
De jeunes classiques
Si l’on prend seulement en compte les fondus de sneakers, l’assortiment est bien évidemment différent. Mais eux disent accorder une importance supérieure à la qualité, au confort ou à la réparabilité lors de l’achat, ce qui donne de l’espoir aux fabricants classiques.
« Les marques emblématiques ont aujourd’hui la cote auprès des jeunes. Ils se les réapproprient, parfois en seconde main. On compte moins de labels émergents dans la chaussure traditionnelle que la basket. Mais ils sont également promis à un bel avenir, car il y a actuellement une volonté générale de consommer moins, mais mieux », observe Virginie Trento, la directrice générale d’Au-delà du Cuir, structure incubatrice de l’ensemble de la filière chaussures et accessoires, qui aide de nouveaux labels à peaufiner leur offre et à se développer.
Au cours des dix dernières années, ADC a ainsi accompagné Jacques Solovière, marque de souliers traditionnels avec un twist pas classique. Parmi ses lauréats, elle compte également Monsieur Moustache possédant déjà une dizaine de boutiques. Ou encore Adieu, griffe parisienne sous influence anglaise des Teddy Boys et des Mods, qui sort juste ce qu’il faut des sentiers battus.
Durabilité et authenticité
« Certes, la chaussure formelle a reculé au cours des dernières années, mais elle a aussi évolué, positive Pierre Heschung, dirigeant du chausseur alsacien du même nom, qui sort d’une passe difficile. Les griffes de luxe ont intégré ce type de souliers classiques dans leur offre, mais, sur le plan technique, il s’agit de produits manufacturés industriellement qui se ressemblent tous. Il leur manque la couture particulière, la lisse ou la patine réalisées à la main qui ajoutent de l’authenticité. Dans la chaussure de tradition, une John Lobb ne ressemble pas à une Weston, qui n’a rien à voir avec une Church’s, qui est différente d’une Heschung. »
Diego Rossetti, l’un des trois frères dirigeants de la griffe italienne du même nom, qui fête ses 70 ans en 2023, reste aussi droit dans ses bottes : « Oui, comme tout le monde, la concurrence de la basket nous a amenés à développer des modèles avec des semelles techniques, en gomme plutôt qu’en cuir, mais nous n’avons cependant rien appris des équipementiers sportifs à propos du chaussant. »
Virginie Trento estime d’ailleurs que le défi est plutôt du côté de ces derniers, à l’heure de consommer de façon plus écoresponsable. « Les fabricants de sneakers doivent s’interroger sur la durabilité de leurs produits, s’inspirer des chausseurs traditionnels qui conçoivent des modèles appelés à durer des années, qui proposent divers services pour les entretenir, les réparer et les ressemeler. »
A lire aussi : Puma Suede, le symbole politique