Horlogerie
Nommée Nagaya Tower, cette silhouette de six étages érigée en 2013 dans la ville de Kagoshima est le premier projet de « coexistence intergénérationnelle » au Japon. Une première pour tenter d'enrayer un fléau grandissant.
Au le pays du Soleil Levant, il est assez commun d’être et de se sentir seul, surtout chez les personnes âgées. Pour remédier à ce problème, dans la ville de Kagoshima dans le Sud du pays, un bâtiment construit en 2013 et nommé Nagaya Tower propose un modèle de vie communautaire favorisant les relations intergénérationnelles. Mission : tromper la solitude au Japon.
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Un mélange réussi de jeunesse et population âgée
Cette tour de six étages a été imaginée par le docteur Haruhiko Dozono, 71 ans, déjà fondateur de l’une des premières cliniques de soins palliatifs du pays, convaincu de l’importance des interactions pour la santé psychophysique, notamment pour les populations d’âge avancé.
Plus de 60 % des résidents de la Nagaya Tower, 43 personnes aujourd’hui, ont plus de 70 ans. Néanmoins des « jeunes » de moins de 50 ans qui y vivent aussi, y compris une famille de cinq enfants âgés de 8 à 17 ans. Pour les deux tranches d’âge, de nombreux avantages ont été pensés. Les premiers peuvent profiter de services de soutien à la vie, alors que les plus jeunes peuvent recevoir des rabais sur le loyer en participant à des tâches communautaires, comme changer une ampoule ou déplacer des meubles pour leurs voisins.
La vie communautaire pour défier l’ennui
La tour est bâtie en forme de V, ce qui permet aux résidents de voir les uns et les autres entrer et sortir de chez eux — attention, ici, pas de voyeurisme. Les balcons extérieurs, quant à eux, n’ont pas de cloisons. Deux caractéristiques qui encouragent fortement les rencontres et les échanges. Et c’est toujours dans l’intention de créer une vraie communauté que le bâtiment abrite des espaces partagés, où des activités organisées se déroulent régulièrement.
Plusieurs résidents ont raconté à El Pais Semanal qu’ils ressentent globalement une amélioration de leur santé mentale et de leurs conditions de vie depuis leur déménagement au sein de la Nagaya Tower. Oscar Espinosa Yamamoto, 85 ans, qui s’est installée dans la tour il y a trois ans après avoir vécu seule depuis la mort de son mari, explique être en train d’apprendre à jouer l’harmonica. « Je me sens rajeunir. Les maisons de retraite sont pleines de personnes âgées. Ici, on reste jeunes parce qu’on est entourés de dynamisme », renchérit Kukita, 83 ans, qui s’est installé ici il y a trois ans avec son épouse. Pour Takai, 37 ans, son déménagement représente une façon de « vivre seul, mais pas dans la solitude » et « d’apprendre beaucoup grâce à l’échange entre personnes âgées ».
La solitude au Japon, un problème national
La solitude est actuellement l’un des grands problèmes du Japon. Selon les données des Nations Unies, en 2022, le pays comptait la population la plus âgée du monde avec 29,8% de ses habitants âgés de 65 ans ou plus. Un chiffre qui devrait atteindre 37,5% en 2050.
Une enquête de 2017 menée par l’Institut national de recherche sur la population et la sécurité sociale du Japon montrait que 15 % des hommes âgés vivant seuls parlent à une personne ou moins en l’espace de 15 jours, tandis que 30 % d’entre eux estiment ne pas avoir de proches qui peuvent les aider un peu avec les démarches du quotidien. Pour faire face à la situation, le gouvernement japonais a créé en 2021 un ministère de la Solitude et de l’Isolement Social.
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