Florence est une terre historique de maroquiniers… mais aussi d’horlogers. Ainsi, le génial Léonard de Vinci y imagine, dès la fin du xve siècle, l’une des premières machines à mesurer le temps. Quelques siècles plus tard, en 1860 plus précisément, c’est dans ce berceau de la Renaissance qu’Officine Panerai voit le jour. En 1916, la célèbre manufacture de montres de plongée sport chic se consacre à la fabrication de garde-temps destinés à la marine militaire italienne. Quand la marque est rachetée par Vendôme Luxury Group (devenu Richemont), nombre de ses dirigeants se retrouvent dehors. En 1997, ils décident de lancer leur propre enseigne horlogère, avec le souhait que le produit prenne le pas sur le nom. C’est la raison pour laquelle ils choisissent d’appeler leur maison Anonimo (« anonyme », en italien).
Celle-ci vit ses premières années à Florence. Conscients de la force d’être établis dans cette ville, les patrons mettent en avant cet ADN et soulignent, notamment, que la marque s’appuie sur des compétences régionales. Ainsi, pour la conception de ses garde-temps au boîtier de bronze, la société recrute directement au sein de l’artisanat local, le travail du métal étant une autre spécialité traditionnelle florentine. Les premières années, Anonimo fabrique, en très petites séries, des montres puissantes et robustes, principalement destinées au marché intérieur. Elles reçoivent des mouvements Swiss made ETA ou Valjoux, rehaussés par ses propres complications, fabriquées en interne.
En 2005, la marque doit s’ouvrir à l’international pour assurer son développement, mais elle se heurte à un manque de capacités financières. Le soufflé retombe et Anonimo entre alors dans une semi-léthargie. Jusqu’en 2012, où elle est rachetée par un homme d’affaires luxembourgeois très discret du groupe Promobe. Ce passionné d’horlogerie entend développer l’enseigne, qui est transférée en Suisse en 2013. Une nouvelle équipe dirigeante décide de mettre l’accent sur la collection Militare, initialement présentée en 2001.
Celle-ci se caractérise par un boîtier « coussin », une spécificité de la maison, et un cadran aux chiffres disposés en triangle, clin d’oeil au « A » d’Anonimo. Elle dispose, en outre, d’une couronne protégée qui se loge à midi. Une nouvelle ligne, Nautilo, la rejoint en 2006 et constitue, depuis, le deuxième pilier de la marque. L’horloger vient d’exposer une troisième grande famille, nommée Epurato, à Baselworld, la foire internationale de la joaillerie et de l’horlogerie de Bâle, en mars dernier. Très Italian touch dans l’âme, cette montre conserve le boîtier en bronze de forme coussin. En revanche, avec son « petit » diamètre de 42 millimètres et son épaisseur réduite, elle se veut plus urbaine et plus raffinée.
Anonimo et Vulcain : horlogers à la même enseigne
L’année dernière, le propriétaire d’ Anonimo a racheté Vulcain, un fleuron de l’horlogerie helvète bien mal en point, connu pour son modèle Cricket, vu, notamment, au poignet des présidents américains Harry S. Truman et Richard Nixon. Le businessman a confié à ses équipes la mission de relancer cette marque en parallèle du développement d’ Anonimo. Depuis, tout le monde a été rapatrié au Locle, siège historique de Vulcain, avec pour objectif de réaliser de salutaires synergies.
Côté positionnement, les deux firmes n’occupent pas le même segment. Vulcain fabrique des garde‑temps haut de gamme, dotés de complications très sophistiquées. Anonimo, elle, est implantée sur le marché de la montre sport chic, autour de 2 500 euros. A moyen terme, ses ventes devraient s’élever à 20 000 exemplaires par an, c’est-à-dire dix fois plus qu’en 2017. Mais, pour en arriver- là, Anonimo doit impérativement… sortir de l’anonymat. C’est bien parti !