The Good Guide
Où égrener son coup de fourchette avant l'hiver ? Néo-bistrots, tables élégantes ou comptoirs à emporter, The Good Life vous aiguille à travers une sélection de dix nouveaux restaurants parisiens.
Chaud devant ! The Good Life dresse la carte d’une ville où la scène food est, depuis longtemps, en perpétuel renouvellement. La preuve avec ses dix nouveaux restaurants à Paris.
1. Prunier : la renaissance
150 ans… Déjà ! Sans qu’on ne lui distingue la forme d’une ride, cette institution parisienne a sauté sur l’occasion pour s’octroyer un nouveau souffle. Nouveau décor, nouveau chef : Prunier se réinvente. Yannick Alléno sera désormais l’ambassadeur du bon goût de l’adresse de l’avenue Victor Hugo où il sublimera le caviar (of course !) tout en lui apportant un twist résolument moderne et visionnaire.
Côté décoration, comme si Ernest Hemingway, Oscar Wilde ou encore Francis Scott Fitzgerald prenaient encore place régulièrement à table, l’esprit Art déco n’a pas quitté les lieux. Sous la houlette de l’architecte d’intérieur Alexandra Saguet, Prunier parait réenchanté. Epaulée par les Studios Gohard et l’Atelier du Mur, forts d’un savoir-faire artisanal de haut vol, les trésors originels du lieu se voient raviver, de ses moulures à ses fresques, en passant par ses tissus précieux, le tout remis au goût du jour.
Notre recommandation : s’armer d’une petite cuillère de nacre pour gouter avec patience chaque caviar jusqu’à élire son favori.
• 16 avenue Victor Hugo, 75116 Paris. Réservations.
2. Ardent : le plus brûlant
Les néo-bistros ont la cote à Paris. Tout récemment ouvert, Ardent fait lui-aussi dans la tradition revisitée et ajoute à la recette un détail de taille : la cuisson par le feu de tous (ou presque) ses aliments. Un concept mis en pratique par le chef Benoît Leconte (ancien de chez Bien Élevé, Beef Club et Bachaumont) qui tombe à pic, à l’orée de l’hiver… Attention néanmoins à ne pas qualifier l’adresse de « viandarde », celle-ci usant du charbon de bois comme exhausteur de saveurs aussi bien pour les viandes que les légumes, sans nécessiter l’ajout de matières grasses.
Dans la salle de ce nouveau restaurant, les flammes se déploient à vue depuis la cuisine ouverte. Sobrement décoré d’un mobilier en bois clair qui adoucit des murs partiellement recouverts d’une faïence rappelant un laboratoire de chimie et leurs miroirs veillis, la mise en scène d’Ardent a été réalisée par l’agence DOD de David-Olivier Descombes. La lumière naturelle tient une place prépondérante dans le scénario de ce décor, subtil écho au feu qui fait vibrer l’adresse.
Notre recommandation : laissez-vous guider par les suggestions du jour.
• 40 rue Richer, 75009 Paris. Réservations.
3. Shosh : aller-simple pour Jérusalem
Déjà bien installée à Jérusalem et Tel Aviv, la team d’Assaf Granit, Tomer Lanzman, Dan Yosha et Uri Navon élargit sa présence à Paris en inaugurant Shosh. Ils avaient enflammé les diners avec Balagan, bousculé la capitale avec Shabour puis réinventé le végétal chez Tékès. Shosh incarne quant à lui incarne la cuisine de leurs grands-mères, celle-ci représentée en la personne de Shoshanna, dite « Shosh ».
A rebours des adresses parisiennes de la bande, chez Shosh vibre une atmosphère surannée où trônent photos de famille et chandeliers chinés sur les brocantes. Même idée en cuisine où les bouchées millimétrées d’Assaf Granit se muent en plats généreux qui se servent à la louche. L’inspiration de la carte quant à elle est immuable, voguant du côté d’Israël, ou plutôt, comme le précise Assaf « de toutes les cuisines qui, en s’entremêlant, ont façonné la cuisine de notre pays ». Pas ou peu de service à table — seulement quelques places assises sont disponibles.
Notre recommandation : prendre une belle portion de Pititim, sorte de pâtes grillées en forme de petites boules et du labneh en side.
• 14 rue Saint-Sauveur, 75002, Paris.
4. Recoin : enfin une suite au Café du Coin
Déjà à la tête d’une poignée des plus réjouissants bistrots contemporains de Paris, Florent Ciccoli ouvre une adresse que l’on peut considérée comme étant la petite-sœur de son Café du Coin. Astucieusement nommée Recoin, elle duplique les codes qui ont fait du précédent opus un succès : une décoration faussement dans son jus et de savoureuses assiettes à partager.
C’est donc dans un cadre lumineux, meublé de formica et de bois clair, que s’échangent les créations du chef finlandais Marlo Snellman. Osées et texturées, celles-ci couplent cru et cuit, végétal et carné, léger et gourmand, le tout dans un ballet incessant qui nécessite de faire de la place à table si l’on souhaite vivre l’expérience à fond. Bonne idée : chez Recoin, c’est le midi qu’on se régale et le soir qu’on picole. Ainsi, dès l’afterwork, les bouteilles vivantes se placent centre de la scène et l’offre gastronomique se voit quelque peu réduite.
Notre recommandation : la carte évolue quasiment chaque jour, fiez-vous à vos instincts.
• 60 Rue Saint Sabin, 75011 Paris, France. Réservations.
5. Dante : l’un des nouveaux restaurants à Paris les plus réussis de l’année
Lui aussi niché dans le IXe arrondissement de la capitale, Dante entre au top de nos nouveaux restaurants favoris de l’année. Menée par une jeune cheffe formée à l’intransigeance à l’école Ferrandi, du maître Ducasse et aux fourneaux de la Présidence du Sénat ou du Grand Véfour, l’adresse se distingue par la précision de l’exécution de son menu parfaitement balancée par son originalité.
Distillant des saveurs tantôt espagnoles, tantôt asiatiques ou encore sud-américaines, impossible de la positionner la cuisine de Rebecca Beaufour sur une carte du monde. « Je cuisine selon mes goûts du moment » explique-t-elle, une philosophie qui a également dicté la décoration de son restaurant. Initialement confiée à un cabinet d’architecture d’intérieur parisien, la cheffe-propriétaire a en effet repris les rênes de la mise en scène de Dante qu’elle a imaginé en néo-bistrot élégant. La courbe est omniprésente : elle ouvre la cuisine sur la salle, adoucit les larges tables, sculpte des niches dans les murs… Le mobilier, en bois brut, prolonge l’effet solennel des murs laissés blancs, un unisson que viennent bousculer de larges suspensions de cuivre et des banquettes en velours rouge théâtre.
Notre recommandation : les ravioles de jamón iberico et les gnocchis à la sauge.
• 14 Rue de Paradis, 75010 Paris. Réservations.
6. Carmona : cousu-main
Après Froufrou et Bœuf sur le Toit, le créateur de mode Alexis Mabille prolonge son incursion sur la scène de l’architecture d’intérieur. Mieux, il inaugure un studio de design dédié à la discipline, ce qui laisse évidemment entendre que de nombreuses nouvelles adresses s’ajouteront à la liste… Quoiqu’il en soit, c’est au pied de la Tour Eiffel que le styliste a imaginé le décor de Carmona, un restaurant aux faux airs d’hacienda.
Esteban Salazar Martinez est aux fourneaux de ce petit coin d’Andalousie, une première pour le chef colombien. Logiquement, sa carte invite la péninsule ibérique à table, composant avec les classiques de la gastronomie locale (croquetas, Pimientos de padrón, tortilla, patatas bravas). Celle-ci propose également un choix complet de plats tantôt raffinés, tantôt généreux, qui fait le grand écart entre crudos et plats en sauce, l’idéals pour ouvrir puis sustenter son appétit.
Notre recommandation : les croquetas de chou-fleur et marscarpone en entrée, plus digestes que la traditionnelle recette au jamón, et le tartare d’agneau et ses betteraves en croûte de sel.
• 10 avenue de New York, 75116 Paris. Réservations.
7. Arboré : jardin urbain
Révélée dans Top Chef, c’est à Ménilmontant que s’est épanouie la cheffe Pauline Séné. Invitée à remettre en marche la table de l’hôtel Royal Madeleine, elle signe pour l’occasion une carte peut-être moins ambitieuse et plus lisible, adaptée à la clientèle d’un VIIIe arrondissement où se croisent les businessmen et les touristes. La générosité et la précision demeurent néanmoins les maîtres-mots de sa cuisine, on nous le promet, résolument tournée vers l’organique qu’elle sublime en sauces et grâce à de puissants condiments.
Cette nouvelle nomination fait suite à la rénovation de l’hôtel achevée en 2018. Marie-Paule Clout signait la décoration intérieure de l’établissement ; elle reprend du service et en revampe le restaurant dans l’idée d’un foisonnant jardin. Couleurs et végétation donnent ainsi à ce nouvel espace, baigné de lumière naturelle grâce à un puits vitré, l’allure d’une oasis protégée du tumulte de la ville.
Notre recommandation : le restaurant ouvre ses portes le 12 octobre.
• 29 rue de l’Arcade, 75008 Paris. Réservations à venir.
8. Sphère : le Japon autrement
Il a étudié le droit avant de se consacrer à la cuisine. Plus autodidacte que formé à la rigueur d’une école, Tetsuya Yoshida a affuté ses couteaux au Japon puis dans une poignée d’adresses françaises, dont deux étoilées (Les Enfants Gâtés et Esquisse). A Paris, le chef signe l’un des nouveaux restaurants les plus pointus du moment avec Sphère où ce natif de Nagasaki rend hommage à sa terre d’accueil plus qu’aux traditions japonaises. Ainsi, c’est le légume qui prend la lumière dans son assiette, de saison cela va sans dire, travaillé dans des jeux de cuissons et de textures qui donnent au plat son relief.
La salle du restaurant est une parfaite traduction de la philosophie du chef. Signé par le studio Anegil (Les Roches Brunes, l’hôtel Fauchon), le décor semble simple mais brille en réalité de ses multiples détails et aspérités. Ses couleurs organiques et sa luminosité tamisée transforment un repas chez Sphère en méditation sensorielle où la rondeurs est, sans surprise, au cœur de l’expérience.
Notre recommandation : les cèpes et œuf parfait en entrée et la queue de lotte rôtie et ses poireaux en plat, mais la carte change régulièrement.
• 18 rue de la Boétie, 75008 Paris. Réservations.
9. Café de l’Alma : le réveil du VIIe
Cette institution familiale de la Rive gauche entre dans une nouvelle ère. Jeanne Boudon reprend en effet les rênes de ce qui est devenu en un demi-siècle le rendez-vous privilégié d’un certain gotha du (show) business du VIIe arrondissement. Après François Champsaur qui avait retapé la brasserie à l’occasion du passage de flambeau des grands-parents aux parents de Jeanne, c’est le duo Gilles & Boissier qui s’est attelé, cette année, à redynamiser le Café de l’Alma dans un mélange foisonnant de matières et d’imprimés.
L’adresse s’est entièrement métamorphosée. Logo, charte graphique, décor et direction, donc, mais aussi chef en cuisine : tout change mais l’adresse demeure la garante d’un héritage solide. Joris Eddahri, déjà dix ans de maison, en a réécrit la carte, y infusant sa patte de trentenaire tout en remettant en lumière les plats favoris des habitués.
Notre recommandation : l’œuf-mayo aux poireaux suivi de la cocote de volaille et ses girolles pour un déjeuner bien franchouillard.
• 5 avenue Rapp, 75007 Paris. Réservations.
10. Maison Kalios : bienvenue en Grèce
Après avoir décliné les trésors de la Grèce dans ses adresses Yaya et fait de ses huiles d’olives un must des cuisines des chefs, Kalios ouvre sa maison. Epicerie couplée d’un traiteur, le label des frères Chantzios fait de la rue des Martyrs son nouveau QG.
Dans un décor signé Uchronia, qui met en scène les totems d’une Grèce fantasmée (l’olivier, les murs de chaux, le sol en ardoise…), la Maison Kalios propose à la fois ses produits bruts (huiles, confitures, fromages, épices…) que l’on retrouvait déjà dans un réseau de distributeurs et, pour la première fois, ses recettes à déguster sur place ou à emporter. Ainsi, de bouchées d’apéros (tzatziki, pita, mezzés…) à des plats cuisinés sur place chaque jour, l’image d’Epinal d’une Grèce trop riche et pas assez raffinée laisse la place à un moment de gastronomie dépaysant.
Notre recommandation : la pita garnie au stifado de bœuf et échalotes confites, un side de tzatziki
• 54 rue des Martyrs, 75009 Paris. Site internet.