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The Good Culture
Besoin de vous évader ? The Good Life vous a déniché cinq pépites littéraires à découvrir cet hiver.
Certains affrontent les sommets pour se retrouver face à eux-mêmes, d’autres, pour suivre une trace, réelle, métaphysique. Il en va ainsi de la littérature. The Good Life vous a sélectionné 5 romans à lire lors de votre séjour en montagne.
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5 romans à lire à la montagne, au coin du feu
1 – Haletant
Au détour des trente glorieuses, le plan neige fut décrété. Un nouvel eldorado s’ouvrait dans les cimes. Avec des idéalistes. Quelques brutes. Une lutte pour le pouvoir. Et de sales histoires qu’il vaudrait mieux oublier. Vingt années plus tard, de la station des Confins ne subsistent
qu’un village quasi abandonné et d’antiques pylônes rouillés. L’hiver arrive. La route est bloquée. Plus de communication possible. Même l’alcool vient à manquer.
Serait-ce l’endroit idéal pour un jeune écrivain en mal d’inspiration ? En slalomant entre les époques, Eliott de Gastines s’adonne à un jeu de massacre de l’âme humaine. On glisse froidement dans l’un de ces romans socials vers le thriller sans pitié. Dans un huis clos haletant et austère, l’engrenage infernal est lancé à mesure que les personnages livrent leur part d’ombre. Jusqu’à un feu sans artifice dans le silence de la tempête. Un premier roman glaçant.
> Les Confins, Eliott de Gastines, J’ai lu, 288 p., 7,80 €.
2 – Bouleversant
Dimanche 8 septembre 2002, 15 h 15. Au sommet de l’Everest, un jeune homme de 23 ans chausse son surf. Un dernier grand et beau sourire aux sherpas et le voilà parti. Tout ce qui est blanc se descend… Sauf que là, on ne le reverra plus. La trace de Marco Siffredi se perd quelque part dans les nuages, à 8 700 m d’altitude.
Dans ce roman, Antoine Chandellier revient sur la destinée d’un génie de la poudreuse devenu légende. Une jeunesse à la montagne, les premiers exploits, la sensation de liberté et cette mort qui rôde depuis l’enfance. Alpiniste et snowboardeur, Marco repoussait les lois de la gravité avec l’insouciance d’un Rimbaud des cimes.
Suivre, au grès des pages de l’un de ces romans, sa trace tout en courbes, c’est rencontrer une personnalité attachante, avec ses doutes, ses rêves fous et une profonde humanité. « Des centaines de morts pour rien », diraient certains. Car demeure « la » question : une fois atteint le sommet, que faire après ?
> La Trace de l’ange. La Vie de Marco Siffredi, Antoine Chandellier, Guérin, 392 p., 15 €.
3 – Un roman vertigineux à flanc de montagne
Un écrivain et une célèbre alpiniste sont sous une tente. En pleine tempête, à 6 500 m d’altitude. La discussion peut s’engager le temps d’une nuit sans sommeil. Entre l’angoisse de la page blanche et le regret de salir une neige vierge, Erri De Luca multiplie les parallèles poétiques et métaphysiques. Qui approfondit le mieux la solitude ? L’alpiniste sur « l’escalier de la Lune » ou le poète saisi par un sentiment d’urgence ?
Dans un style magnifiquement épuré, ce roman passionnant est l’occasion de découvrir la face nord de l’auteur : son engagement politique, un passé d’ouvrier et sa profonde connaissance de la Bible. L’homme est à nu en s’attaquant au ciel, car « si tu ne sais pas si tu peux te fier à un ami, invite-le en montagne ». Une rencontre au sommet, hors du temps.
> Sur la trace de Nives, Erri De Luca, Folio, 176 p., 7,50 €.
4 – Enivrant
Et si le concierge avait dit vrai et qu’un dragon vieux de plusieurs millions d’années était pris dans les glaces quelque part entre la France et l’Italie ? Il n’en faut pas plus pour alimenter les rêves d’enfant de Stan, obscur paléontologue parisien. C’est certain, il va faire la découverte du siècle, et entraîne dans sa folle opération un vieux guide italien et les scientifiques Umberto et Peter.
Sauf que, une fois sur le glacier, l’âpreté du labeur et de la montagne ainsi que l’expérience de la vie de groupe ramènent les apprentis explorateurs à une dure réalité. Jean-Baptiste Andrea use d’humour et de lyrisme pour sonder un autre mystère : celui des méandres de l’enfance, de la violence et de la démence.
Dans l’isolement total, la brèche aux souvenirs s’ouvre à mesure que les hommes creusent le sol gelé. Entre roman d’aventure et récit initiatique, une jolie mécanique fait passer de la farce au drame. Une expédition dans l’ivresse des sommets et de l’utopie.
> Cent millions d’années et un jour, Jean-Baptiste Andrea, Folio, 320 p., 8,70 €.
5 – Un livre monumental, comme la montagne
S’il n’y en avait qu’un… Considéré comme « le » chef-d’œuvre de la littérature allemande du XXe siècle, La Montagne magique, de Thomas Mann, retrace la visite d’Hans Castorp à son cousin, au sanatorium de Davos. Prévu pour ne durer que quelques semaines, le séjour va se prolonger… Englué, fasciné, émerveillé, le jeune homme fait la connaissance d’un étrange microcosme, celui des « gens d’en haut ».
La conscience du temps s’efface alors et l’auteur entraîne lecteur et héros vers l’élévation : un cocon ouaté de réflexions philosophiques sur l’éternel combat entre spiritualité et matérialisme. Tableau d’une société décadente, l’ouvrage est une somme minutieuse sur l’attente, le déni
et le choix.
Fourmillant d’histoires dans l’histoire, le ton détaché et ironique de ce roman permet d’approcher au plus près de l’âme des personnages. Car « il y a deux routes qui mènent à la vie. L’une est la route ordinaire, directe et honnête. L’autre est dangereuse, elle prend le chemin de la mort, et c’est la route géniale ».
> La Montagne magique, Thomas Mann, Le Livre de Poche, 1 176 p., 12,90 €.
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