Vins et spiritueux
On l’oublie trop souvent, mais le champagne est un vin et, comme tel, il se bonifie avec l’âge. The Good Life a sélectionné pour vous ces vieux millésimes d'exception !
Si les caves urbaines ne sont pas forcément adaptées à un long vieillissement, autant laisser les maisons champenoises s’occuper de préserver les flacons pendant plusieurs décennies. Dans la fraîcheur des crayères, creusées pour certaines il y a plus de deux mille ans, les levures contenues dans les bouteilles continuent leur processus d’accompagnement et d’enrichissement aromatique des champagnes pour une première phase de vieillissement.
Le dégorgement, c’est-à-dire l’ouverture des bouteilles pour éliminer les levures, et le dosage – l’ajout d’une liqueur plus ou moins sucrée – vient sceller l’apogée du vin qui entame alors une seconde vie. Si les champagnes jeunes sont faciles à appréhender, réjouissants immédiatement, les vieux millésimes plongent le consommateur dans un univers de complexité, chaque bouteille évoluant à son rythme.
Alors, que ce soit pour marquer un anniversaire, un événement ou tout simplement pour découvrir la plénitude et la complexité aromatique de ces champagnes, laissez‑vous entraîner dans l’univers riche – et parfois très onéreux – de ces vins d’exception.
Notre sélection de champagnes vieux millésimes
- Charles Heidsieck. Les années en « 1 » sont réputées difficiles en Champagne, et 1981 n’a pas dérogé à la règle, un millésime aussi beau que rare. Pourtant, la Collection Crayères de Charles Heidsieck a choisi de célébrer les 40 ans de cette vendange en sortant de ses caves ce champagne millésimé. Assemblage de 60 % de pinot noir et de 40 % de chardonnay, dégorgé en 1987, il se révèle minéral et forestier, avec des notes de grillé et de moka, soutenues à l’agitation de notes de mandarine, pamplemousse et gingembre confits et de figues séchées. Creusées au IIIe siècle avant J.-C., les crayères de Charles Heidsieck recèlent encore de nombreux trésors que la maison sait faire ressortir au bon moment.
- Laurent-Perrier. L’idée de la gamme Grand Siècle est d’associer plusieurs millésimes exceptionnels pour imaginer l’année parfaite. Assemblage de 10 des 17 grands crus des années 1995, 1993 et 1990, cette édition n° 17 « Les Réserves » s’ouvre sur une effervescence fine et élégante. Un nez frais d’agrumes confits, puis de notes de miel de châtaigne, de noisette et d’amande grillée se prolonge par des arômes de tabac, de truffe et de pain grillé. La bouche est ample et soyeuse, avec des notes grillées et épicées. Elle se termine par une finale tout en longueur et en fraîcheur, avec une complexité rare. Pour préserver ses arômes, ne le servez pas trop frais (entre 12 et 14 °C) et accompagnez‑le d’un homard rôti ou d’un plat à la truffe.
- Piper-Heidsieck. Il n’est pas courant qu’une maison de champagne lance une nouvelle collection, surtout avec un millésime aussi ancien. Mais Émilien Boutillat, le jeune chef de cave de Piper-Heidsieck désigné Sparkling Winemaker of the Year 2021, n’a pas hésité. Le choix du millésime lui permet de rendre hommage aux chefs de cave qui l’ont précédé et à leur savoir-faire dans la sélection des meilleurs vins. En ajoutant un dosage à base de chardonnay de 2019, il tend un pont entre deux époques. Le résultat : un vin dynamique et étonnamment frais, au bel équilibre, présenté dans un coffret en chêne massif. Attention, seulement 2021 bouteilles de ce Hors-Série ont été tirées au niveau mondial.
- Henriot. Huit générations de la famille Henriot ont contribué à constituer la collection « Mémoires », des flacons précieusement conservés en caves. Pour cette cuvée des Enchanteleurs, 6 crus historiques de la maison ont été assemblés à parts égales autour d’une même année de vendange – ici, 1959. Une année extraordinaire qui a donné un champagne à la jeunesse éternelle, charismatique et élégant. Au nez, des notes d’agrumes frais et de fruits jaunes s’entremêlent à des nuances boisées et fumées. L’aromatique est intense. En bouche, c’est la fraîcheur qui est marquante et souligne la singularité des terroirs. Tapissant, onctueux, généreux et distingué, ce grand champagne offre une expérience gustative unique et mémorable.
- Dom Pérignon. Dom Pérignon n’est produit qu’à partir de la vendange d’une seule et même année avant de patienter de longues années dans la tranquillité des caves. À chaque millésime, un nombre limité de flacons est destiné à une maturation plus longue pendant laquelle les levures continuent à transmettre leur énergie au vin. Le champagne acquiert ainsi une ampleur, une longueur et une intensité décuplées. Ce que la maison appelle la « Plénitude 2 ». Pour ce millésime, Dom Pérignon est l’une des rares maisons à avoir fait le choix de proposer un vintage. Le résultat est superbe, avec des notes d’abricot, riches et charnues, des arômes floraux, tandis que la bouche se révèle élancée, très minérale, avec une fraîcheur intense, avant une finale saline, savoureuse.
- Krug. À chaque millésime, la maison met de côté une petite quantité de bouteilles pour un vieillissement prolongé : la Krug Collection. En offrant ainsi une seconde vie aux vins sélectionnés, Krug permet aux amateurs de découvrir une autre facette de ses champagnes. Ce 1988 fait partie de trois années exceptionnelles pour la maison, un millésime opulent et sensuel qui s’ouvre sur des notes exotiques, de fruits blancs, avant d’évoluer vers des arômes de truffe noire, d’épices et une touche florale. Longueur et fraîcheur caractérisent la bouche, avec des notes de fleur d’oranger, de figue sèche, d’épices douces et une pointe de sirop d’érable, de chocolat noir et des notes plus toastées. Une superbe complexité, ronde et cristalline à la fois.
- Nicolas Feuillatte. Cuvée de prestige de la maison, Palmes d’Or et son flacon facetté emblématique représentent l’excellence d’un millésime. Pour composer ce champagne, les chardonnays et pinots noirs des meilleurs terroirs ont été sélectionnés. Après un long vieillissement en cave, le vin garde une effervescence très jeune, avec un cordon de bulles persistant. Le nez, complexe et mature, développe des arômes de violette, de cerise juteuse, avant d’évoluer vers des notes plus beurrées et pâtissières. Ample et onctueuse, la bouche offre des arômes de fruits écrasés avant l’apparition de notes de moka, d’épices. La finale est élégante, harmonieuse et épanouie. Truffe et caviar seront de bons compagnons.
- Moët & Chandon. Depuis 2005, Benoît Gouez est le chef de cave de Moët & Chandon. C’est lui qui veille sur les trésors laissés dans les caves par ses prédécesseurs. Un terrain d’expérimentation pour révéler le caractère singulier de chaque millésime. Ce que Benoît Gouez fait avec ce millésime 2002, chaud et sec. Dégorgé en février 2017, le Grand Vintage Collection 2002 garde un fruité confit (poire, agrumes, mirabelle) et la maturité s’impose, toastée, sur des notes chaleureuses de moka, châtaigne grillée et cigare, dans un nez complexe et mature. La bouche est imposante et suave, avec une texture qui évoque les fruits cristallisés, la nougatine et la pomme d’amour. La finale est salivante, sur des notes réglissées et poivrées.
- Philipponnat. Derrière les deux lettres « L.V. » se cache un long vieillissement de vingt ans et des flacons disponibles en quantité très limitée – quelques centaines de bouteilles seulement par millésime, 311 pour le 2000 – et dégorgés six mois avant leur mise en marché. Deux décennies au cœur des caves de la maison pendant lesquelles les champagnes acquièrent une complexité supplémentaire, tout en conservant leur fraîcheur. Ce millésime difficile – la grêle a détruit une partie des vignes – offre cependant un beau volume en bouche et beaucoup de rondeur. Les chardonnays (30 %) sont séduisants, frais et équilibrés avec une belle aromatique. Les pinots noirs, quant à eux, sont puissants, ronds, charpentés et bien structurés. L’ensemble est très séduisant.
- Pommery. Pour ce millésime d’exception, la maison rémoise Pommery a sélectionné les raisins de chardonnay et de pinot noir des meilleures parcelles de trois grands crus : Aÿ, Avize et Cramant. Inspirée par la fondatrice de la maison, Madame Pommery, cette cuvée a été imaginée par Alain de Polignac, 8e chef de cave de Pommery, pour lui rendre hommage. Ce 2005 s’ouvre sur des arômes floraux de tilleul et d’aubépine, puis fruitées, avant que la vanille et la noisette grillée ne s’expriment à l’aération. La bouche est harmonieuse, minérale, avec des notes florales et fruitées qui rappellent le nez. La finale, tout en douceur, vient souligner la pureté du vin, portée par une légère amertume qui apporte du relief.
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