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La voiture électrique : l’énergie pionnière

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On croit souvent que le véhicule électrique est une invention récente, époque Musk. Pas du tout ! Au tout début de l’automobile, il arpentait déjà le pavé.

Non, l’histoire de la voiture électrique ne débute pas avec la Tesla (2003). Loin de là ! Si la firme de Palo Alto a beaucoup fait pour la renommée du véhicule électrique, ce mode de déplacement est apparu bien avant la naissance d’Elon Musk (1971), son iconoclaste fondateur. En réalité, l’électrique est même l’une des énergies pionnières de la locomotion individuelle. Elle suit d’une toute petite poignée d’années l’arrivée des premières automobiles en France et en Allemagne, à la fin du XIXe siècle, et qui fonctionnaient, elles, à la vapeur, au pétrole ou encore au gaz.

Insolite : le Cybertruck de Tesla transformé en camping-car
Insolite : le Cybertruck de Tesla transformé en camping-car DR

Les voitures électriques font leur apparition en France et Grande-Bretagne autour de 1881, et c’est durant la dernière décennie du XIXe siècle qu’elles connaissent un fort développement. En France, Louis-Antoine Krieger lance ses Krieger dès 1890. Très ingénieux, il équipe ses véhicules de nombreuses batteries et place un moteur dans chacune des roues avant. Il étudie même un système de recharge utilisant le frein moteur. On retrouve tous ces systèmes, juste améliorés, sur les modèles actuels. Et, en 1900, plus d’un tiers des voitures qui circulent dans le monde sont électriques.

Arrêt brutal

A l’époque, il s’agit d’une énergie de pointe. Ainsi, en 1899, la Jamais Contente électrique est la première voiture au monde à passer les 100 km/h… soit bien avant Brigitte Bardot sur sa Harley-Davidson. Ce bolide qui prend la forme d’une torpille (pour l’aérodynamique) est mené par l’ingénieur industriel belge Camille Jenatzy. En 1901, la revue La Nature affirme : « Le véhicule électrique est idéal. Il est facile à mettre en route, à manœuvrer (pas de changement de vitesse), il est propre et sûr. Il ne dégage ni bruit, ni vibration, ni odeur. De plus, son entretien est rudimentaire. »

Sorte d’obus monté sur roues, la Jamais Contente électrique est le premier véhicule à avoir dépassé les 100 km/h… en 1899 !
Sorte d’obus monté sur roues, la Jamais Contente électrique est le premier véhicule à avoir dépassé les 100 km/h… en 1899 ! DR

En 1912, la production de voitures électriques connaît son apogée. Dix ans plus tard, elles ont quasi disparu. Entretemps, la Ford Model T sort d’usine (1908). Fabriquée en très grande série (quinze millions d’exemplaires, jusqu’en 1927), cette américaine divise le prix d’une auto par deux et va rencontrer un succès immense.

Les come-back successifs de la voiture électrique

Il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour voir resurgir la voiture électrique. Pour pallier les pénuries de pétrole, les modes de déplacements alternatifs, le gazogène notamment, refont surface. Quelques milliers de véhicules électriques sont alors mis en circulation. En 1941, Peugeot propose la VLV (voiture légère de ville), un « pou de route » de 150 kg, produit à 377 exemplaires. Certains modèles sont avant-gardistes, comme la Breguet, très inspirée de l’aéronautique, ou le cabriolet deux places CGE-Tudor de 1941, à carrosserie en alu.

Le cabriolet deux places CGE-Tudor de 1941 au salon Rétromobile.
Le cabriolet deux places CGE-Tudor de 1941 au salon Rétromobile. DR

Le prix stratosphérique de ce dernier explique qu’Hotchkiss n’en a fabriqué que 200 unités. Le poétique « Œuf » électrique, autoconstruit par le génial artiste designer Paul Arzens, s’habille de verre et de métal. Il se dégage de ses formes ovoïdes une grâce infinie. L’interdiction de construire des voitures après 1942, pour cause d’effort de guerre, va sonner le glas de la courte résurrection du véhicule électrique.

 

Quelques dates clés

• 1881 : les premiers VE voient le jour en Grande-Bretagne et en France.
• 1899 : la Jamais Contente électrique dépasse les 100 km/h.
• 1900 : un tiers du parc auto mondial est électrique.
• 1908 : naissance de la Ford T, premier véhicule thermique fabriqué en très grande série.
• 1912 : production de VE à son apogée.
• 1925 : le VE a disparu.
• 1939-1942 : premier come-back, en raison de la pénurie d’essence imposée par la guerre.
• 1973 : choc pétrolier consécutif au conflit israélo-arabe.
• Années 1990 : second come-back, qui est un fiasco.
• 2003 : naissance de Tesla.
• Fin des années 2010 : mise en place de politiques massives de restrictions de circulation. Nouvel essor de l’électrique.

L’époque moderne…

Le choc pétrolier de 1973 entraîne une seconde résurgence. Mais les effets sont minimes. Le monde n’est pas prêt. Il faut attendre les années 90 pour voir apparaître les premiers véhicules électriques modernes. En France, PSA, notamment, écoule une poignée de 106, de Saxo et même quelques utilitaires, Citroën Berlingo et Peugeot Partner. Issus de modèles thermiques sommairement adaptés à l’électricité, ils cumulent faibles performances et fiabilité douteuse.

La Peugeot 106 électrique.
La Peugeot 106 électrique. Peugeot automobiles

En 2003, Tesla dépoussière la filière et lui donne, enfin, un second souffle. Une période de forte émulation s’installe, poussée par les politiques écologistes de certains gouvernements et de nombreux maires. Ce n’est plus un come-back balbutiant, mais bien un vrai coup de boost ! Qui semble durable cette fois. Sauf que tout le monde, ou presque, avait oublié les Louis-Antoine Krieger et consorts…

The Good Life 45, spécial véhicules électriques, en kiosque et sur The Good Concept Store dès aujourd’hui.
The Good Life 45, spécial véhicules électriques, en kiosque et sur The Good Concept Store dès aujourd’hui. DR

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