Horlogerie
The Good Life a sélectionné 10 romans à lire sur sa serviette de plage le temps de faire bronzette.
Naviguez cet été entre fables poétiques, récits salés, quêtes initiatiques. Laissez-vous emporter par ces 10 romans à lire absolument cet été, de Neruda, Hemingway, Bels, Baricco…
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1. Le plus scandaleux des romans à lire cet été
À l’heure de #MeToo, plonger tête la première dans Femmes a tout du saut provocateur dans l’inconnu. Volontiers taxé de misogyne à sa publication, en 1983, Sollers tend sa plume à une génération de femmes alors que les rapports de force s’inversent. Au gré des aventures d’un journaliste américain, on découvre Kate, Louise ou Deborah. Avec leurs désirs, leurs rites, leurs obsessions et leur corps.
Pamphlet contre le féminisme totalitaire, ce roman à lire absolument idéalise une femme libre qui assumerait ses choix et sa sexualité. Et puis, il y a le style. À la hache. Inimitable. Un Céline qui aurait lu Dostoïevski pour raconter l’histoire du marquis de Sade à la manière de Joyce. Femmes demeure encore aujourd’hui scandaleux. Sans doute même ne serait-il plus publié en l’état. Une bonne raison pour le dévorer.
2. Le vibrant
Plein soleil sur Marseille. Ses minots, ses immanquables figures et les fameux « venants », autrement dit, bobos, qui, comme l’herpès, envahissent la ville. Devenu cameraman de mariage, Stress se penche sur ses souvenirs avec l’ambition d’en faire
un film. Sans complaisance, mais avec tendresse et nostalgie, on le suit à la trace, lui et sa bande du quartier du Panier.
Dans une langue chaude, directe et vivante, Hadrien Bels s’amuse avec acidité des clichés. Il raconte une jeunesse qui disparaît, une ville qui se transforme. Entre histoires d’amour et combines en tout genre, le livre est vibrant et tentaculaire. Il suffit d’une ligne, d’un mot de trop pour basculer du rire au drame. À l’image de la cité phocéenne, inquiétante et généreuse.
3. Le monumental
Quatre-vingt-quatre jours sans prendre le moindre poisson, mais Santiago, le vieux pêcheur, ne désespère pas. Cette aube sera la bonne. Aidé par un gamin, il répare ses filets et décide d’aller encore plus au large, dans le golfe de Cuba. Miracle,
vers midi, un énorme espadon répond à ses espérances, une lutte épique peut alors s’engager : l’homme face à la puissance de la nature, le courage contre la ténacité.
Dans ce très court récit aux allures de fable, Hemingway fait basculer le réel dans l’imaginaire grâce à un souffle iodé. On est emporté par un monologue sans fioritures et une langue fluide qui glisse tel du sable entre les doigts. Tendre, doux et empli de sagesse, l’ouvrage est une déferlante poétique à plusieurs niveaux de lecture. Avec pour simple morale qu’il n’y a pas de conquête inutile puisque espoir et beauté naissent aussi de l’échec.
4. Le plus dérangeant des romans à lire cet été
Et si vous glissiez dans votre sac un dé à six faces ? Vous seriez alors paré pour suivre la doctrine prêchée par Luke Rhinehart : s’en remettre au dieu hasard pour s’extirper du train-train. Sur les talons d’un psychiatre new-yorkais recherché par le FBI, l’ouvrage explore les limites de notre liberté.
Alors que femme, enfants et amis peinent à suivre cet homme plutôt raisonnable, les adeptes de la Dé-vie se multiplient au point d’inquiéter les autorités. Dans un style échevelé et souvent drôle, ce roman à lire absolument cet été des campus américains dérange. Par son absence de moralité. Et parce qu’il met le lecteur face à ses propres carcans. Chaque décision devient en effet l’objet d’un jet de dé.
Boire un dernier verre, séduire la femme de son collègue ou partir en claquant la porte ? Censuré dans de nombreux pays, L’Homme-Dé ouvre un chemin radical pour changer la face de votre été. À lire avec, en fond musical, le tube Such a Shame de Talk Talk, dont il est l’inspirateur. Et dans sa récente réédition, pour la postface éclairante d’Emmanuel Carrère.
5. L’édifiant
Rarement un essai ayant pour objet le développement de l’humanité aura touché un si vaste public. Traduit en d’innombrables langues, adapté en roman graphique ou pour les enfants, Sapiens réussit le prodige de répondre à la fameuse question : comment en est-on arrivé là ? Page turner didactique où s’enchaînent révolutions cognitives, agricoles, religieuses et scientifiques, il fourmille de clés pour comprendre.
Outils complexes, multiplication des échanges, capacité à coopérer, mais aussi à dominer, foi en Dieu, puis en la science… sont autant d’étapes vers la culture de la consommation actuelle. Avec humour, il raconte le pire comme le meilleur de l’homme. Sans vision messianique, mais avec un regard nouveau qui bouscule les croyances sur l’homme dit « moderne ».
Sommes-nous à la veille d’un Cyborg Sapiens qui, après avoir conquis la planète, court vers son autodestruction ? La force d’Harari est de ne pas trancher. C’est l’homme qui décidera. Pourvu qu’il sache d’où il vient en lisant ce livre.
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6. Le sensuel
Au jeu littéraire de l’été « je lis une poésie par jour », l’œuvre de jeunesse de Pablo Neruda occupe une place ensoleillée. Charnelle et passionnée, la parole du poète chilien est une vague généreuse qui emporte tous les sens : marée d’attentions pour sa bien‑aimée, plongée dans les tréfonds de la solitude avant un appel du large pour ses frères d’armes et d’utopie.
Touché‑coulé au corps avant d’accoster au cœur, les mots envoûtent comme le chant des sirènes. Mention particulière pour le poème Numéro 7 et son premier vers en guise d’invitation : « Penché dans les soirs, je jette mes tristes filets à tes yeux océaniques. » La langue étant dans l’économie de mots, la version bilingue est largement accessible pour qui veut se laisser glisser dans un océan de sensualité et de plaisir.
7. Le fraternel
Une musique qui s’accélère, quelques pas de danse et l’inoubliable Anthony Quinn, pour le commun, Zorba est intimement lié à un film mythique. Mais, avant cette œuvre majeure, il y a un livre bouillonnant et optimiste, véritable ode à la liberté et l’humanité. Sur le port du Pirée, un jeune ingénieur cérébral rencontre un vieux Grec exubérant. Choc des contraires. Mais, quelques verres et promesses plus tard, les voilà partis exploiter une mine de lignite.
C’est le début d’une folle aventure qui va bouleverser leurs vies. Quand le rationnel fait face à l’instinct, il en sort des pages uniques de fraternité et de philosophie. Rares sont les écrits à l’écho si puissant qu’ils vous interrogent sur le sens de l’existence. Alexis Zorba est de cette trempe : un appel à vivre chaque jour de l’été comme si c’était le dernier. Avec la promesse de se relever avec le sourire et la musique enivrante d’un sirtaki.
8. Le décapant
Sœur, cousine, collègue ou fille de 15 ans, elles l’ont toutes lu. Ou ont un avis dessus. Reste à s’immerger dans cet essai qui raconte l’histoire des sorcières à travers les âges. Et surtout, au-delà de l’aspect anecdotique, qui trace un habile parallèle entre les stéréotypes du passé et une vision actuelle du monde patriarcal. Dans ce roman, Mona Chollet nous parle ainsi de ces femmes qui vieillissent et sont qualifiées de « belles pour leur âge », de « non conformistes » car refusant la maternité ou assumant
leur sexualité.
L’écriture est cinglante, le propos, clair et fourmille d’exemples pour signifier que le combat contre les préjugés continue. C’est un plaidoyer pour une sororité active et joyeuse : girl power ! Indispensable et décapant pour regarder le bikini de votre voisine dans les yeux, et débarrassé de tout cliché misogyne.
9. Le fascinant
La mer est un subtil fil conducteur. Elle amarre, entre vagues et tempêtes, sept naufragés de la vie qu’a priori tout oppose. Sauf le fait de loger dans la pension Almayer « sur la corniche ultime du monde ». En croisant les destins salés de ses personnages au poignant récit du radeau de la Méduse, Baricco propose un roman à la houle poétique râpeuse.
Sensuels et troublants, ses mots composent un tableau littéraire digne d’Hokusai. On navigue entre le roman à suspens, les réflexions philosophiques et l’imagination la plus farfelue. Hymne fascinant à la mer qui soigne, qui tue ou protège, il donne envie d’être lu à voix haute. Face au vent. Dans la marée montante. À la recherche « des yeux de la mer ».
10. L’haletant roman à lire absolument cet été
Un enfant de 10 ans à la mer. Noyé, il laisse un couple de quarantenaires dans un abîme de tristesse et un impossible deuil. Comment survivre à un tel drame ? Et si, derrière le chagrin, se cachait une vie de mensonges et d’emprise ? Une juge tenace mène l’enquête. Dans ce roman puissant, en trois actes tragiques et intimes, Fabrice Tassel tisse une toile implacable pour engluer les sens de son lecteur.
Par un habile chassé-croisé, ce roman à lire absolument confronte les parents meurtris à un autre couple en proie à la violence. Lâcheté des hommes, résilience des femmes, oui. Mais pas que. On dirait des hommes est surtout un roman haletant et instinctif. Dans un style simple et à hauteur d’humanité. Pour décortiquer sans fard les pires bassesses tout en laissant un (mince) espoir.
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