Vins et spiritueux
La Savoie est essentiellement connue pour ses vins blancs, qui représentent près de 70 % de la production. Mais les vins rouges témoignent également du caractère de leur berceau d’origine, et notamment ceux issus du cépage de la mondeuse noire. Ce cépage d’altitude et difficile à travailler mérite qu’on s’y intéresse.
Les vins de Savoie ne sont pas seulement des vins blancs secs et acides qui accompagnent une raclette ou une fondue savoyarde au coin d’un feu pour se revigorer après une journée de ski. À côté de ces vins d’altitude, faciles et gouleyants, il existe des flacons dignes d’intérêt, et notamment des rouges produits à partir du cépage de Savoie, la mondeuse noire.
Pour s’en convaincre, il ne faut pas hésiter à se rendre sur les hauteurs du petit village savoyard de Saint-Jean-de-la-Porte ou de celui d’Arbin, non loin de Chambéry. Pour contempler les premiers contreforts du massif des Bauges et les cimes du mont Blanc, mais également pour mieux appréhender les coteaux abrupts des vignes, dont l’inclinaison peut dépasser à certains endroits les 50 %.
Le travail est rude, été comme hiver, en raison d’un climat complexe et contrasté qui peut être très chaud en période estivale et véritablement glacial entre novembre et février. Et pourtant, c’est sur ces vignobles d’altitude – entre 250 et 500 mètres – que la mondeuse noire de Savoie donne le meilleur d’elle-même.
« En Savoie, on ne peut dépasser la limite altitudinale prévue par l’appellation, qui est de 500 mètres. Il s’agit de l’un des vignobles les plus hauts de France, sous l’influence continuelle des 36 sommets de plus de 3 500 mètres d’altitude et des climats », précise Alexis Martinod, le dynamique directeur des vins de Savoie.
La mondeuse, ce cépage rouge unique et n’existant qu’en Savoie aime la hauteur.
Elle devrait contribuer, dans un avenir proche, à valoriser davantage les vins de cette région. Elle n’est produite que sur 300 hectares de vignes – sur les 2 000 que compte la Savoie –, mais sa notoriété est grandissante, selon Alexis Martinod : « Les vins blancs ont ouvert la voie, avec des vignerons jeunes et enthousiastes qui ont grandement amélioré la qualité ces quinze dernières années. Les vins rouges confortent dans l’opinion publique cette impression nouvelle. »
Ce cépage difficile à travailler, abandonné lors de la crise du phylloxéra au début du siècle dernier, revient donc en force aujourd’hui. Il donne des résultats comparables à la grande syrah du nord de la vallée du Rhône quand elle est vinifiée avec soin et patience.
Bruno Bozzer, ancien sommelier du chef étoilé Marc Veyrat, et aujourd’hui caviste réputé à Annecy, à La Java des flacons, confirme que « cette variété doit être vendangée à maturité. Elle donne alors un vin rouge exceptionnel avec une grande capacité de vieillissement. La mondeuse a de l’avenir dans le vignoble ». Et justement, une nouvelle génération de viticulteurs – Matthieu Goury, Nicolas Ferrand, Pascal Quenard, Raphaël Saint-Germain… – arrive, très motivée par le souci de porter haut les vins de la région et de démontrer que ce cépage considéré à tort comme rustique peut désormais jouer dans la cour des grands vins rouges avec ses notes de framboise, de cerise, de myrtille, et, sur la finale, des épices douces et poivrées.
Ce vin rouge a déjà une place de choix sur les 32 tables étoilées de la région, dont celle de Maxime et René Meilleur, La Bouitte (3 étoiles au Michelin), à Saint-Martin-de-Belleville. Une belle référence !
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