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De la Villa Cavrois à la Villa Noailles, découvrez cinq villas modernistes que l’on peut encore visiter aujourd’hui en France, 2025 - TGL
De la Villa Cavrois à la Villa Noailles, découvrez cinq villas modernistes que l’on peut encore visiter aujourd’hui en France, 2025 - TGL
FLC / ADAGP / Jean-Christophe Ballot / CMN

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5 villas modernistes incroyables à découvrir en France

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L’architecture moderniste en France ne se résume pas à Le Corbusier. Si la Villa Savoye reste une référence incontournable, d’autres bâtisses, signées Jean Balladur, Robert Mallet-Stevens ou Eileen Gray, témoignent de l’audace de leur époque. De la Villa Cavrois à la Villa Noailles, en passant par la mystérieuse E-1027, découvrez cinq chefs-d’œuvre du modernisme qui ont marqué l’histoire et que l’on peut encore visiter aujourd’hui.

Si on vous dit habitat moderniste, vous répondez immédiatement, Le Corbusier. L’icône française en fut un précurseur et en a réalisé un grand nombre, parmi les plus emblématiques. Mais d’autres architectes ont su s’imposer grâce à leur audace. Signée Jean Balladur – l’architecte de la Grande Motte -, la villa Besson à Chantilly, la maison de Philip Johnson à Vaucresson ou encore celle de Richard Neutra à Croix méritent le coup d’œil. Malheureusement, toutes n’ouvrent pas leurs portes aux curieux, mais certaines se visitent, voire se sont métamorphosées en véritables centres culturels. Voici cinq villas modernistes à visiter absolument en France.


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Quelles villas modernistes visiter en France ?

1 – La Villa Savoye, à Poissy (78)

Pionnier de l’architecture moderne, Le Corbusier a signé un grand nombre de projets devenus des modèles pour ses pairs et les générations qui l’ont précédé. Dix-sept d’entre eux sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Parmi eux, la villa Savoye (Centre des monuments nationaux), située à deux pas de Paris, à Poissy (78), reste une de ses réalisations les plus marquantes.

La villa Savoye de Le Corbusier, à Poissy.
La villa Savoye de Le Corbusier, à Poissy. FLC / ADAGP / Jean-Christophe Ballot / CMN

Tout commence en 1928, quand Pierre et Eugénie Savoye, associés dans une société de courtage d’assurances, décident de se faire construire une maison de villégiature aux portes de la capitale pour y trouver le repos. Pour ce faire, ils s’adressent à l’architecte d’avant-garde en pleine ascension, après avoir découvert une de ses réalisations : la villa Church à Ville-d’Avray, aujourd’hui détruite. Ils ne seront pas déçus.

Le Corbusier y met au point quelques innovations architecturales : le Dom-Ino, un principe reposant sur des pilotis qui élèvent la villa au-dessus du sol, ne nécessitant ainsi plus de murs porteurs, un toit plat pour y installer un équipement rare à cette époque, le solarium, et de très larges baies vitrées, gommant les frontières entre intérieur et extérieur. Le tout façonné avec de nouveaux matériaux comme le béton, telle « une promenade architecturale ».

82 Rue de Villiers, Poissy. Villa-savoye.fr

Pour la réalisation de cette demeure, l’architecte met au point quelques innovations architecturales.
Pour la réalisation de cette demeure, l’architecte met au point quelques innovations architecturales. FLC / Adagp / Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

2 – La Maison Roche, à Paris (75)

Le Corbusier n’a pas beaucoup œuvré dans Paris. Mais, assisté de son cousin Pierre Jeanneret, l’architecte y a posé en 1923 la première pierre de l’expression du purisme en architecture. Achevée en 1925, au fond de l’impasse du Docteur Blanche dans le 16ᵉ arrondissement, la Maison Roche, l’une des plus belles villas modernistes de France, fête cette année ses 100 ans.

À cette époque, Le Corbusier y fonde les bases de ce qu’il nommera en 1927 les « cinq points d’une architecture nouvelle », et sur lesquels repose aussi la Villa Savoye : une façade libre, un plan libre, des fenêtres en longueur, un toit-jardin et des pilotis. Hier expérimentale, aujourd’hui muséale, elle a été, elle aussi, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet 2016.

8-10 Square du Dr Blanche, 75016 Paris. Fondationlecorbusier.fr

3 – La villa Cavrois, à Croix (59)

La villa Cavrois célèbre cette année ses dix ans d’ouverture au public, avec de multiples manifestations dédiées, une belle occasion de (re)découvrir cet écrin considéré comme un chef-d’œuvre de l’architecture moderniste. Création la plus aboutie de Robert Mallet-Stevens, achevée en 1932, à Croix, dans la banlieue résidentielle de Roubaix, cet exemple d’architecture civile imposant a été occupé par la famille commanditaire jusqu’en 1987, puis sauvé de la ruine et du vandalisme par le Centre des monuments nationaux, en 2008.

La villa Cavrois, à Croix.
La villa Cavrois, à Croix. Didier Plowy / CMN

L’établissement public lui a redonné sa superbe, moyennant 23 millions d’euros. La villa a ensuite pu retrouver plusieurs meubles d’origine signés Robert Mallet-Stevens, célèbre décorateur de cinéma dans les années 1920 pour Marcel L’Herbier ou Jean Renoir, et directeur de l’école des Beaux-Arts de Lille.

Particulièrement singulière, la bâtisse se distingue par son armature en béton armé, ses briques de parement jaunes et rares dans la région, sa forme horizontale articulée en son centre sur un pivot vertical demi-cylindrique et par ses baies tripartites qui offrent une vue remarquable sur les jardins et le long miroir d’eau, dans lequel elle se reflète. Une perspective comme seule en offre les propriétés du XVIIe siècle.

60 Avenue du Président John Fitzgerald Kennedy, Croix. Villa-cavrois.fr

Création la plus aboutie de Robert Mallet-Stevens, achevée en 1932, cet exemple d’architecture civile imposant a été occupé par la famille commanditaire jusqu’en 1987, puis sauvé de la ruine et du vandalisme par le Centre des monuments nationaux, en 2008.
Création la plus aboutie de Robert Mallet-Stevens, achevée en 1932, cet exemple d’architecture civile imposant a été occupé par la famille commanditaire jusqu’en 1987, puis sauvé de la ruine et du vandalisme par le Centre des monuments nationaux, en 2008. Didier Plowy / CMN

4 – La villa E-1027, à Roquebrune-Cap-Martin (06)

Nettement plus petite que la villa Cavrois, la villa E-1027 (Centre des monuments nationaux) n’en reste pas moins un joyau de l’architecture moderne et ne souffre d’aucun complexe. Sérieuse rivale, elle a un atout que d’autres n’ont pas. Habilement niché sur les hauteurs de Roquebrune-Cap-Martin, ce petit paquebot ancré dans les restanques offre un panorama exceptionnel sur la Méditerranée.

La E-1027, l’une des villas modernistes à visiter lors de son séjour à Roquebrune-Cap-Martin.
La E-1027, l’une des villas modernistes à visiter lors de son séjour à Roquebrune-Cap-Martin. Benjamin Gavaudo / CMN

Ce coup de maître est pourtant la toute première création architecturale d’Eileen Gray, alors inspirée par la petite maison au bord du lac Léman, que Le Corbusier a dessinée pour ses parents en 1924. Aujourd’hui, la E-1027 a valeur de manifeste, tant pour l’architecture elle-même que pour les meubles fixes et mobiles, les luminaires et les décors qui en sont indissociables.

Cette innovation a conquis le maître qui y a séjourné à plusieurs reprises entre 1937 et 1939. Avec l’accord de Jean Badovici, qui a participé au projet, il en a profité pour réaliser sept fresques. Cette belle reconnaissance déplut fortement à l’intéressée qui appréciait son travail architectural, moins ses peintures.

E-1027 Sentier Massolin, Roquebrune-Cap-Martin. Capmoderne.com

Aujourd’hui, la E-1027 a valeur de manifeste, tant pour l’architecture elle-même que pour les meubles fixes et mobiles, les luminaires et les décors qui en sont indissociables.
Aujourd’hui, la E-1027 a valeur de manifeste, tant pour l’architecture elle-même que pour les meubles fixes et mobiles, les luminaires et les décors qui en sont indissociables. Benjamin Gavaudo / CMN

5 – La villa Noailles, à Hyères (83)

Bénéficiant elle aussi d’une vue imprenable sur la Méditerranée, la villa Noailles, dressée sur les hauteurs de Hyères, est devenue sans conteste la star des villas modernistes, grâce à son directeur, Jean-Pierre Blanc. Particulièrement investi, il a su en faire un centre d’art d’intérêt national. Le domaine est aujourd’hui le terrain de jeu privilégié de créateurs de mode et d’artistes, en résidence, mais aussi le haut lieu d’expositions phares, de manifestations incontournables en lien avec le design et du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires, qui fêtera, cette année, ses quarante ans.

La villa soufflera, elle, une nouvelle décennie, et pas des moindres, celle de ses 100 ans. Commandée par le vicomte Charles de Noailles, elle a été façonnée, non pas par Le Corbusier avec qui il était en désaccord, mais par Robert Mallet-Stevens, en collaboration avec l’architecte local Léon David. Ce dernier s’est notamment occupé des extensions et des annexes jusqu’en 1933.

Ensemble, ils ont inscrit ce projet dans la lignée du mouvement rationaliste, en épurant au maximum les éléments décoratifs et en privilégiant les toits, les terrasses et la lumière. Il en résulte un ensemble de cubes plus ou moins ordonnés et percés de larges ouvertures. Au même titre que la Maison Roche, elle s’est hissée au rang d’exemple plus ou moins assumé pour tous les architectes de cette époque.

47 Montée Noailles, Hyères. Villanoailles.com


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