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Officiellement créée le 1er janvier 2020, l’université Paris‑Saclay, située au sud de Paris, est un projet d’une envergure inédite, véritable vitrine incarnant les ambitions nationales dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. Son positionnement dans le top 20 du prestigieux classement international de Shanghai (ARWU) a rapidement placé l’institution sous le feu des projecteurs.
À la sortie de la station de RER d’Orsay- Ville, il y a quelque chose d’incongru à voir des grappes d’étudiants se diriger, en flot continu, dans la même direction. Un rituel quotidien et matinal qui a le mérite d’animer un quartier au décor bucolique composé d’imposants pavillons cossus et endormis. Il suffit de suivre la procession pour trouver l’une des entrées du campus de la faculté des sciences de l’université Paris-Saclay.
Ce jour-là, à l’Institut d’astrophysique spatial (IAS), des étudiants en 2e année de licence physique travaillent en petits groupes autonomes sur des sujets comme les exoplanètes, la Voie lactée ou encore les trous noirs. « Cette option a été créée pour permettre de développer la créativité et la méthodologie chez les étudiants, explique Hervé Dole, astrophysicien, professeur et vice‑président Art, culture, science et société. Ici, la richesse d’une grande université est de pouvoir nourrir l’enseignement par une recherche de pointe et un savoir contemporain et accessible. »
En effet, l’IAS, créé il y a une trentaine d’années, est l’un des premiers laboratoires spatiaux de France dans le domaine scientifique. La station d’étalonnage recrée les conditions de l’espace, et c’est là que les instruments spatiaux, comme les caméras, sont testés avant leur ultime envol.
« La création de l’université Paris‑Saclay attire des étudiants aux profils très différents, explique Hervé Dole. La rénovation du 1er cycle avec la proposition de doubles diplômes sélectifs et la création d’une école universitaire de 1er cycle permettent de se concentrer sur l’étudiant et de mieux redistribuer les moyens. »
Mécanique quantique et géologie à l’université Paris- Saclay
À quelques bâtiments de là, un autre public se penche sur des travaux en mécanique quantique, en archéologie ou encore en géologie à la Maison d’initiation et de sensibilisation aux sciences (MISS), dont le bâtiment est inauguré en 2017. Cette fois-ci, les élèves ont entre 8 et 15 ans et jouissent d’une première expérience en laboratoire et en recherche. La démarche s’inscrit sous la tutelle conjointe de la Région, de l’université Paris‑Saclay, de l’ENS Paris‑Saclay, CentraleSupélec et du CNRS.
Officiellement créée le 1er janvier 2020, l’université Paris‑Saclay s’étend sur un vaste territoire (de Paris à Orsay, en passant par Évry et Versailles) et comprend plusieurs campus. Depuis de nombreuses années, le plateau de Saclay est au cœur des débats concernant l’organisation de la recherche et de l’enseignement supérieur.
Il y a une dizaine d’années émerge alors le point de départ du projet actuel porté par la volonté de créer un « MIT à la française », en opérant un rapprochement entre les universités, les établissements publics, les entreprises et les écoles d’ingénieurs. L’objectif est donc de dépasser le traditionnel modèle en silos séparant les filières élitistes d’ingénieurs des filières universitaires. Aujourd’hui, l’université Paris‑Saclay réunit 10 composantes universitaires, 4 grandes écoles – AgroParisTech, CentraleSupélec, École normale supérieure Paris‑Saclay (ex‑ENS Cachan), Institut d’optique Graduate School –, l’Institut des hautes études scientifiques, 2 universités membres associés et 6 organismes nationaux de recherche majeurs.
48 000 étudiants et 9 000 chercheurs et enseignants‑chercheurs
L’objectif est de coordonner les forces de frappe scientifiques en proposant un nouveau modèle d’université portée par une marque puissante et s’appuyant sur les missions et stratégies de chacune de ses composantes et de ses membres. L’université Paris-Saclay accueille aujourd’hui 48 000 étudiants et 9 000 chercheurs et enseignants‑chercheurs présents dans 275 laboratoires, qui comptent pour près de 15 % de la recherche française.
L’État a investi près de 1,5 milliard d’euros dans le projet auxquels s’ajoutent 500 millions d’euros provenant de l’université et des grandes écoles. Dès sa création, l’université Paris‑Saclay se classe dans le top 15 du prestigieux classement Academic Ranking of World Universities (ARWU) dit de Shanghai, à la 14e place en 2020 et à la 13e place en 2021. « Les résultats du classement de Shanghai ont apporté une visibilité et un coup de boost supplémentaire, explique Pascal Massart, professeur et directeur de la fondation Mathématique Jacques Hadamard. Cette distinction vient surtout mettre en lumière un important processus de réorganisation. »
Palmarès et distinctions
• 1er mondial en mathématiques.
• 14e mondial au classement général des universités.
• 9e mondial en physique.
• 2 prix Nobel.
• 10 médailles Fields.
• 8 médailles d’or du CNRS.
• 35 Highly Cited Scientists.
En effet, le département de mathématiques de l’université Paris‑Saclay est classé au 1er rang mondial.
« On a surtout remarqué que parmi les étudiants en licence, nous avions de très bons éléments qui souhaitaient intégrer l’université plutôt que de se diriger en classes préparatoires, par exemple », explique Pascal Massart. En 2017, l’Institut mathématiques d’Orsay s’installe dans un bâtiment flambant neuf qui contraste avec les édifices voisins, dont l’architecture date des années 70.
C’est là que, sous un même toit, sont réunis tous les étudiants à partir de la 3e année de licence jusqu’au master, au même titre que les doctorants, les chercheurs et les enseignants‑chercheurs. « En France, il y a une survalorisation du diplôme d’ingénieurs par rapport au doctorat, détaille Pascal Massart. L’un de nos défis est d’accroître la visibilité du doctorat pour le recrutement dans les entreprises. »
Après un trajet en bus, qui traverse le bois de la Guyonnerie, on passe du « campus Vallée » au « campus Plateau ». Sur une vaste esplanade, des mois de chantier et l’affairement continuel des grues ont laissé place à un nouveau campus flambant neuf, vitrine architecturale du projet avec, par exemple, le bâtiment de l’ENS Paris‑Saclay, dont l’architecture est signée Renzo Piano, ou encore les deux impressionnants bâtiments qu’occupe CentraleSupélec, signés par les agences OMA et Gigon Guyer.
Si les nouveaux bâtiments ont déjà été inaugurés et accueillent leurs occupants, le reste du quartier dégage, quant à lui, encore cette atmosphère un peu artificielle. À la rentrée de septembre, tout le monde académique sera présent sur le plateau de Saclay. L’installation d’AgroParisTech‑Inra en 2021 et celle de la faculté de pharmacie dans le cadre du projet Biologie, Pharmacie, Chimie (BPC), finiront de compléter le regroupement des établissements d’enseignement supérieur et de recherche sur le campus urbain, à la suite de CentraleSupélec et de l’ENSAE ParisTech en 2017, de l’ENS Paris‑Saclay et de l’institut Mines‑Télécom en 2019. Si la reconnaissance internationale engendrée par son rang dans le classement de Shanghai vient couronner de longs efforts pour faire valoir un potentiel déjà présent, les défis qui restent à relever sont à la mesure des ambitions de l’université Paris‑Saclay.
Chiffres
• 5 facultés : sciences, médecine, pharmacie, droit-économiegestion, sciences du sport.
• 1 école d’ingénieurs universitaire.
• 3 IUT.
• 1 institut dit « Institut des hautes études scientifiques ».
• 4 grandes écoles (AgroParisTech, CentraleSupélec, ENS Paris‑Saclay, Institut d’optique Graduate School).
• 2 universités membres associés.
• 6 organismes nationaux de recherche (ONR) : CEA, CNRS, INRAE, INRIA, Inserm et Onera.
• 48 000 étudiants.
• 4 500 doctorants.
• 12 000 étudiants en master par an.
• 24 000 étudiants de 1er cycle.
• 18 Graduate Schools et instituts.
• Licences double diplômes.
• École universitaire de 1er cycle.
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