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Chaque chinois en possède deux, en moyenne. Avec 7,5 milliards de cartes de paiement actuellement en circulation dans le monde, UnionPay International est aujourd’hui le leader mondial des cartes de paiement, loin devant des acteurs plus connus des Occidentaux, tels que Visa (3 milliards de cartes) ou encore Mastercard (2,1 milliards de cartes). Focus sur un géant chinois aussi discret qu’ambitieux.
Discrètement, mais sûrement, UnionPay International (UPI) se déploie en Europe. La stratégie du consortium bancaire : cibler les grandes enseignes en les équipant du système de paiement UPI, de sorte que tout voyageur asiatique porteur de leur carte puisse régler ses achats en magasin. Déjà, 250 000 commerçants en France acceptent les paiements UnionPay. Premiers à avoir franchi le pas de l’acceptabilité des cartes made in China : les aéroports, notamment celui de Roissy-Charles-de-Gaulle, dont le flux de voyageurs en provenance de Chine a progressé de 4,5 % au cours de l’année 2018. Les géants du luxe Kering et Fauchon ont également été parmi les premiers à accepter les cartes UPI, très vite rejoints par les enseignes de la grande distribution, comme Le BHV, Le Bon Marché, le Printemps ou encore les Galeries Lafayette.
Plus récemment, le géant chinois a signé un accord de compatibilité avec les parfumeries Marionnaud, ainsi qu’avec Paris Musées. Les restaurants français ont également aligné leurs systèmes de paiement sur la Chine, à l’instar de l’étoilé Guy Savoy. Pour capter davantage encore de restaurateurs, le groupe chinois a noué, en juin 2019, un partenariat avec Tous Au Restaurant, afin de recruter de nouveaux commerçants acceptant les cartes UPI. A la clé, pour ces restaurants et ces commerces : une cible de voyageurs chinois au pouvoir d’achat grandissant.
En 2018, 2,2 millions de Chinois ont visité la France et y ont dépensé quelque 4 milliards d’euros. Une manne financière quasi impossible à capter pour des points de vente non équipés d’UPI, tant cette carte est devenue la norme pour les voyageurs en provenance de Chine. Ils sont ainsi une majorité à privilégier les commerçants acceptant la carte UPI pour leurs emplettes. Les banques françaises ont, pour leur part, très tôt senti le vent tourner : dès 2006, le Crédit agricole se plaçait aux côtés d’UPI, tandis que, deux ans plus tard, les marques commerciales de BPCE revendiquaient leur comptabilité UPI. Désormais, 80 % des distributeurs automatiques de billets en France acceptent les retraits via UPI.
A la conquête des pays de l’UE
Si la France est l’une des cibles privilégiées par le géant chinois, elle n’est pas la seule. L’entreprise revendique désormais une présence dans 174 pays. Fondé en 2002, le consortium bancaire s’est très vite appuyé sur les services numériques, offrant paiements connectés, services de crédit et d’assurances. Au-delà de ses clients chinois historiques, UPI cible désormais les Occidentaux. « UnionPay International investit massivement dans la R&D et dans le maintien de sa technologie. Le coût d’un déploiement hors de Chine est désormais marginal, voire proche de zéro », analyse Julien Maldonato, associé conseil industrie financière chez Deloitte.
Si le mouvement est encore timide, c’est-à-dire, sans offensive marquée, UPI pourrait rapidement monter en puissance hors de Chine. Pour ce faire, le groupe s’appuie sur la directive sur les services de paiement 2 (DSP2) qui entérine, au sein de l’UE, l’ouverture des systèmes bancaires. Entrée en vigueur le 13 janvier 2018, la DSP2 encourage l’interopérabilité des systèmes d’information des banques (via la création d’interfaces de programmation d’application – API) et permet à des acteurs tiers (agrégateurs de comptes et initiateurs de paiement) de se connecter aux données de paiement des clients.
C’est ainsi que le spécialiste des cartes bancaires chinois a conclu un accord avec différentes entreprises européennes, afin de pouvoir proposer ses services en Europe. Au Portugal d’abord, avec la banque Millennium BCP, puis avec la start-up britannique Tribe Payments. D’ici à cinq ans, la banque portugaise ambitionne d’émettre 200 000 cartes bancaires à destination de ses clients portugais. Il est impossible que les Français échappent à cette nouvelle carte qui rejoindra leur portefeuille. Reste à savoir quand.
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