Culture
Nés d’une mère équatorienne et d’un père suisse, les Hermanos Gutiérrez puisent dans leurs racines latines pour nous livrer un horizon de mélodies cinégéniques et entêtantes. The Good Life a conçu une playlist de 5 titres aux influences hispaniques.
L’immensité américaine. Paysages de poussière d’argile, de plaines et crevasses, d’où émergent quelques modestes maisons en brique de terre. Le Mexique à quelques miles. Un tableau de Georgia O’Keeffe : voilà pour le décor. C’est du moins ce que l’on peut imaginer, lorsqu’on ferme les yeux en découvrant la musique des Hermanos Gutiérrez, en cette soirée du 5 octobre 2022, dans un Paris aux premières couleurs automnales.
Le duo est venu présenter le répertoire de son tout nouvel album El Bueno y el Mal, devant un public séduit par avance et une salle — le Trabendo, en l’occurrence — pleine à craquer. Sur scène, le dispositif est à l’image de la musique : minimaliste. Deux chaises, deux amplis, trois guitares et nos deux grands Suisses habillés en cow-boys modernes : chapeaux, moustaches, santiags, double denim et tatouages. Tout le tralala pour conquérir les réseaux sociaux.
À écouter aussi
Un duo inséparable
Nés d’une mère équatorienne et d’un père suisse-allemand, dans une petite ville sans histoire de la lointaine banlieue zurichoise, Estevan et Alejandro (Stephan et Daniel Hotz de leurs noms civils), malgré leurs huit années d’écart, sont inséparables depuis l’enfance. C’est d’ailleurs un éloignement géographique — l’aîné parti étudier à la ville en 2015 — qui est à l’origine de la création du groupe : un moyen de ne jamais rompre le lien. Tout est ensuite allé très vite : premiers enregistrements maison, pour les copains enthousiastes, puis un album intégralement autoproduit, publié en 2017, et tout naturellement intitulé Ochos Años.
Depuis leurs débuts, la recette musicale est quasi inchangée : une guitare rythmique qui assure les basses en quintes syncopées, une seconde, dite lap steel — petite guitare métallique jouée à plat, sur les genoux, dont les inflexions sont celles du blues —, quelques légères percussions et des pédales de looper pour épaissir les textures harmoniques. Une suavité latine incontestable qui rencontre l’épure des grands espaces : les climats aériens de Ry Cooder et de sa B.O. pour Paris-Texas (de Wim Wenders) sont une influence évidente et revendiquée.
Une musique cinégénique, donc, qui a su convaincre Dan Auerbach, moitié du groupe The Black Keys. Ce dernier a demandé au duo de prendre un vol Zurich – Texas, direction Nashville, pour produire, sur son label Easy Eye Sound, ce cinquième enregistrement, El Bueno y el Mal, paru le 28 octobre dernier.
Une collaboration qui signe une nouvelle étape pour les deux frères, jusqu’à présent totalement indépendants. Résultat : un méticuleux travail de postproduction et d’enluminures, avec quelques accords de Fender Rhodes arpégés ici et là, des arrangements pour cordes aussi discrets qu’efficaces et une troisième guitare : celle de Dan Auerbach, bien entendu, qui, le temps du titre Tres Hermanos, a rejoint le cercle familial.
Disque tout en élégance, dont le titre, à l’instar de l’illustration de la pochette de l’album, est un clin d’œil à un autre duo : Sergio Leone et Ennio Morricone. C’est d’ailleurs l’une des pistes que les Hermanos Gutiérrez aimeraient explorer : la musique de film, avec comme modèles le Germano-Britannique Max Richter et l’Argentin Gustavo Santaolalla, habitué des réalisations d’Alejandro Iñárritu. Là encore une histoire transatlantique.
Retrouvez l’univers musical des Hermanos Gutiérrez pour The Good Life juste ici :
Suivez The Good Life sur Spotify pour retrouver toutes nos playlists : @thegoodlifemagazine
À lire aussi
