Columbia, la course à l’excellence

Par Ina Chong, le 30 octobre 2019

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The Good Business

Columbia, membre de la très réputée Ivy League, est l’université la plus importante de New York et l’une des institutions les plus prestigieuses du pays. Aujourd’hui, l’expansion de Manhattanville, son nouveau campus à Harlem, démontre toutes ses ambitions pour pérenniser son rayonnement international.

Columbia fait partie des établissements les plus prestigieux et les plus élitistes des Etats-Unis, et même du monde. Elle compte parmi les huit grandes universités de la côte Est formant le club exclusif de l’Ivy League. Selon le système américain, elle propose trois filières de formation en cycle undergraduate et 13 filières en cycle graduate et professionnel. Au total, les 16 parcours couvrent le domaine des arts, des sciences, de l’architecture, du business, de la médecine, de l’ingénierie, du journalisme ou encore du droit.

L’université Columbia a bâti sa réputation et son prestige académique pendant plus de deux siècles. L’élite de la nation a été formée dans son enceinte. Son école de journalisme a été fondée par ­Joseph Pulitzer lui-même en 1912, et plus de 90 ­lauréats du prix qui porte son nom sont sortis de ses rangs.

Un diplôme estimé à plus de 350 000$

Allen Ginsberg, Jack Kerouac ou Jim Jarmusch ont fréquenté le Dodge Hall, où se trouve la School of the Arts, fondée en 1965. Barack Obama a suivi un cycle undergraduate à Columbia avec une majeure en sciences politiques. L’université détient également le record du nombre de Prix Nobel, avec 84 lauréats.

Le prestige académique se mérite et se monnaie. Columbia fait partie des complexes universitaires les plus chers du monde. En moyenne, une année scolaire s’élève à 60 000 dollars, sans compter le logement et les autres frais. Un diplôme, ­généralement obtenu en quatre ans, est estimé à plus de 350 000 dollars. A l’automne dernier, 40 203 étudiants postulaient et 2 260 d’entre eux accédaient finalement au Graal.

Le défi actuel est d’assurer la compétitivité de l’université dans un milieu toujours plus concurrentiel et mondialisé. Katie est jeune, dynamique et sourit de toutes ses dents. Elle semble incarner la quintessence même de l’étudiante modèle. Etudiante en économie financière et en langues orientales, elle sortira diplômée l’année prochaine.

Son parcours scolaire est une machine abondamment huilée et parfaitement maîtrisée. « Je suis originaire d’une toute petite bourgade de l’Illinois, raconte-t-elle. J’ai eu un véritable coup de foudre pour Columbia quand, plus jeune, nous faisions le tour des campus américains avec ma mère. Je suis une personne plutôt réfléchie, mais je savais au fond de moi que je venais de trouver l’université de mes rêves. »

Il était une fois Columbia…

Fondée en 1754 sous le nom de King’s College, l’institution n’acquiert sa dénomination actuelle qu’en 1784. Un nouveau patronyme davantage en accord avec la ferveur patriotique de l’époque. Situé à Morningside Heights, entre l’Upper West Side et une partie d’Harlem, le ­campus actuel de Columbia couvre près de 132 000 m².

Au XIXe siècle, l’idée était de créer un véritable village académique s’inspirant de l’agora athénienne. L’architecture affiche un style classique là où les autres campus universitaires de l’Ivy League ont fait le choix du gothique. Tout le site est émaillé de symboles censés souligner et célébrer le rôle de l’institution.

Columbia constitue une authentique ville dans la ville. Non seulement son campus est une mise en scène de l’apprentissage du savoir, mais c’est également là que sa communauté étudie, habite, travaille ou se divertit. Véritable critère d’excellence, ce contexte global sert d’argument afin d’attirer les étudiants, les chercheurs et les enseignants les plus brillants.

Une institution au cœur de la ville

Columbia participe à la production même de la ville. Dès 2003, elle annonce un plan d’expansion au nord de son campus actuel, dans le quartier de West Harlem, profitant de la faible densité de ce territoire. Les projets de l’université sont extrêmement ambitieux.

A travers le concept de ­Manhattanville, son nouveau site incluant des espaces éducatifs, résidentiels et commerciaux, l’institution compte être à la pointe de l’innovation intellectuelle. Après cinq années de vives oppositions et d’âpres batailles avec les habitants, le projet est finalement adopté à l’hiver 2007 et les travaux commencent dès 2008. Le coût total est estimé à 7 milliards de dollars et la fin du chantier est prévue pour 2030.

« Notre dénomination complète et officielle est “Université Columbia dans la ville de New York”, explique Mary McGee, directrice générale du Forum de Manhattanville. Toute notre identité est située géographiquement. Le campus de Morningside Heights symbolise des formes d’apprentissage traditionnelles où le savoir s’acquiert dans l’enceinte d’un espace fermé et préservé. Aujourd’hui, nous vivons dans une époque différente et il nous paraissait essentiel d’ouvrir cet accès au savoir à la communauté et de l’ancrer dans la société. »

Renzo Piano aux commandes

Le Forum a été conçu comme un lieu aux multiples fonctions proposant des conférences, des expositions ou encore un café ouvert. « La mission du Forum est véritablement de donner l’exemple, explique Pat Lilly, Visitor Services Manager au Forum. Nous réfléchissons à des programmes susceptibles de toucher et d’intéresser la communauté alentour. Nous voulons que les gens se sentent bienvenus. Nous voulons aussi soutenir les commerces, et nous nous engageons à créer des emplois et à embaucher les personnes du quartier. »

Contrairement au campus historique à l’architecture néoclassique, à sa belle pierre et à son esprit élitiste, le nouveau site d’Harlem est supposé raconter une histoire inédite.

L’architecte Renzo Piano a interprété ces nouvelles valeurs d’ouverture, d’accueil et de transparence dans un premier trio de bâtiments. Sa réponse architecturale se traduit par du béton gris, une abondance de baies vitrées et une place minimaliste. « L’enseignement supérieur et l’éducation sont une affaire d’intérêt public, professe Mary McGee. A ­Columbia, nous nous sommes toujours demandé comment nous pouvions mettre en place des conditions de réalisation pratiques. »

Avec ce projet d’envergure, Columbia démontre sa volonté à s’imposer comme une institution censée non seulement former l’élite de demain, mais aussi être au service de la société.

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