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La Vespa est de ces produits iconiques avec une histoire et un avenir, ceux qui ne disparaissent pas.
Avec son bourdonnement reconnaissable entre mille, la Vespa souffle, cette année, ses 75 ans d’histoire, au cœur d’une ruche qui compte maintenant plus de 19 millions de petites « guêpes ».
Au printemps 1946, en pleine reconstruction d’après-guerre, l’Italie devait trouver des idées, relancer son économie, aider les personnes à se déplacer pour travailler, avec des solutions simples et peu onéreuses. Depuis longtemps, le pays est une fourmilière dans l’industrie de l’automobile et de la moto, forte d’ingénieurs talentueux aux idées novatrices.
La marque Piaggio est alors connue pour sa capacité à se réinventer : d’ébénisterie, en 1882, l’entreprise s’est convertie à la fabrication de mobilier naval et de wagons de chemin de fer, puis d’avions en 1915, concevant alors certains appareils révolutionnaires. Dans son équipe, Piaggio compte Corradino D’Ascanio, un ingénieur à l’origine de la création du premier hélicoptère de l’histoire.
La naissance de la guêpe
Dans son usine de Pontedera, son dirigeant Enrico Piaggio tente à cette période de créer un engin innovant pour faciliter la mobilité individuelle. Un deux-roues donc, mais pas une moto, avec plusieurs impératifs : économique, facile à conduire par tous et non salissant.
L’ingénieur Renzo Spolti, missionné par Enrico Piaggio, conçoit un prototype, le Paperino ou MP5, entièrement caréné avec une carrosserie autoportante, un grand bouclier avant, des plates-formes repose-pied et des roues de petit diamètre. Mais son tunnel central le fait ressembler à une moto et gêne Enrico Piaggio.
Le patron se retourne alors vers Corradino D’Ascanio, l’homme qui déteste les motos, notamment le fait de devoir les enjamber pour s’y asseoir. Il puise dans son passé aéronautique, conserve la carrosserie porteuse, mais sans tunnel central, s’inspire des chariots d’avions pour créer la suspension avant et crée même un moteur dérivé des démarreurs d’avion.
La commande de boîte de vitesses est placée sur le guidon, le moteur et les roues sont enveloppés pour éviter les tâches des fuites d’huile ou de boue, et le poste de conduite est dessiné selon la position d’un homme assis dans un fauteuil. Le MP6 est né. Enrico Piaggio s’émerveille de sa taille de guêpe et dépose le brevet de la Vespa – « guêpe », en italien – le 23 avril 1946. L’histoire de la Vespa est en marche.
Vespa marque l’Histoire
Enrico Piaggio ne désire pas devenir fabricant de motos. Il souhaite seulement proposer un produit de consommation de masse propice à sauver son entreprise dans cette période économique difficile. Il s’appuie alors sur le réseau de concessionnaires de Lancia pour distribuer sa Vespa, dans une version « 98 » à 55 000 lires et une version « luxe » à 61 000 lires.
Les premières partent timidement : moins de 2 500 exemplaires en 1946. Mais l’année suivante, ce sont plus de 10 000 Vespa qui sortent des concessions, suivies de près de 20 000 en 1948. En pleine reconstruction, l’Italie tombe sous le charme de cette petite guêpe.
Elle représente la créativité, l’espoir et la joie de vivre, la fameuse dolce vita. La Vespa devient une icône de liberté et d’émancipation pour les hommes et les femmes. Avec elle, chacun peut circuler aisément, les vêtements protégés par sa carrosserie et le sac disposé entre les jambes, sur le plancher. Les femmes n’ont pas besoin de l’enjamber pour la conduire. Rapidement, la Vespa fait le tour du monde. Piaggio lance la production de sa star en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France au début des années 50. Puis elle fait son show jusqu’aux États-Unis, au Brésil, en Inde, en Australie, etc.
Les stars se l’arrachent et jouent avec son image : Audrey Hepburn et Gregory Peck se font voler la vedette par la Vespa dans Vacances romaines, en 1953 ; Charlton Heston et Stephen Boyd s’amusent avec un modèle pendant la pause au cours du tournage de Ben-Hur, en 1959 ; tout comme Natalie Wood ou encore Brigitte Bardot qui n’hésitent pas à grimper dessus pour tester ce fameux goût de la Vespa vita.
La belle italienne fait craquer le monde entier, tant et si bien que, soixante-quinze ans plus tard, son bourdonnement s’entend partout sur la planète, grâce aux 19 millions d’exemplaires vendus. Un bourdonnement qui n’est pas près de cesser.
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L’histoire de la Vespa et ses nombreux modèles :
Piaggio a innové sans cesse sur sa Vespa, toujours à la recherche de meilleures performances, tant en ce qui concerne la consommation que la sécurité ou la réduction des polluants. Les motorisations se sont succédé, du 98 cm3, en passant par le 50, le 125, le 200 et le 300 cm3. En 2011, la marque lance la superbe version 946 en hommage au premier modèle, puis l’Elettrica en 2018, signe des nouveaux temps, à zéro émission. 2021 voit le lancement de la Vespa 75th soulignée d’une nouvelle élégance dans ses célèbres versions GTS et Primavera.
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