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Les hôtels redoublent d’audace technologique – miroirs connectés, concierges IA, check-in biométrique – mais les voyageurs, eux, tâtonnent encore devant un interrupteur. D’après une enquête mondiale d’Hotels.com, l’hôtellerie avance à marche forcée vers un futur ultra-connecté. Tribune sur un paradoxe : alors que le secteur réinvente le confort, sommes-nous, clients, vraiment prêts pour ces séjours augmentés ?
La scène est presque comique : un voyageur de passage dans un grand hôtel de Séoul passe dix minutes à chercher l’interrupteur, avant de comprendre que la lumière s’allume désormais à la voix. Un autre, à Oslo, hésite devant un miroir qui lui propose la météo et les actualités du matin. Les établissements hôteliers se réinventent, à coups de miroirs connectés, de concierges boostés à l’intelligence artificielle et de robots majordomes. Mais, selon la dernière enquête mondiale menée par Hotels.com auprès de 450 hôtels connectés, une question s’impose : les clients sont-ils vraiment prêts à suivre la technologie ?
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Le paradoxe du high-tech en chambre
D’un côté, 56 % des hôtels ressentent une pression croissante pour moderniser leur offre technologique. De l’autre, une majorité de clients avouent avoir du mal à simplement régler la climatisation ou connecter leur smartphone à la télévision de la chambre. Résultat : la moitié des établissements organisent désormais, dès le check-in, une présentation orale des équipements. Comme si, avant de poser sa valise, il fallait assister à une petite formation technique.
Et pourtant, l’innovation progresse à grande vitesse. Les hôtels multiplient les investissements dans le divertissement (TV connectées, enceintes Bluetooth, services de streaming), dans les gains de temps (check-in mobile, reconnaissance faciale) et dans la tech durable (gestion intelligente de l’énergie, robinets à détection, douches économes). L’idée : faire du confort connecté un nouveau standard de l’hospitalité.
Le confort connecté comme nouvelle norme
Dans les hôtels connectés haut de gamme, le Wi-Fi ultra-rapide ou les commandes vocales ne sont plus des gadgets mais des attentes de base. « Des équipements comme la connectivité des écrans et des commandes intuitives sont devenus incontournables », résume un hôtelier interrogé par Hotels.com. L’innovation ne s’arrête pas à la chambre : certains établissements, comme le Ki Space Hotel & Spa près de Paris, proposent déjà bar automatisé, masseurs robotisés et parcours client intégralement digitalisé via QR codes et tablettes.
À Chicago, l’Hotel EMC2 associe art, science et technologie en déployant des robots de service en chambre. En Chine, le FlyZoo Hotel conçu par Alibaba a fait de l’intelligence artificielle son cœur de métier : enregistrement par reconnaissance faciale, assistants virtuels Tmall Genie, livraison robotisée. En Norvège, The Thief mise sur l’élégance en intégrant des télévisions dans ses miroirs, accessibles par tablette. Autant de laboratoires grandeur nature qui réinventent l’expérience hôtelière.
Fait intrigant : alors que les clients y passent peu de temps, la salle de bain concentre une part importante des investissements. On y retrouve des miroirs connectés, des pommeaux de douche qui changent de couleur selon la consommation d’eau, des baignoires à commande vocale et des toilettes japonaises dernier cri. Les plus ambitieux transforment cette pièce en véritable expérience immersive, censée séduire une clientèle friande de nouveautés.
Mais l’humain résiste aux hôtels connectés
Pourtant, un chiffre vient tempérer l’enthousiasme : 70 % des clients préfèrent toujours un accueil en personne. Derrière les écrans et les algorithmes, l’hospitalité reste une affaire de chaleur humaine. Certains hôtels ont même fait machine arrière, supprimant des robots jugés trop complexes ou impersonnels, notamment au petit-déjeuner. La conclusion de l’étude est claire : la technologie doit rester intuitive, personnalisée et simple. Autrement dit, un outil au service du voyageur, et non une barrière de plus.
La question n’est donc pas de savoir si les hôtels sont prêts – ils le sont, parfois trop. Mais si les voyageurs, eux, le sont. Car entre fascination et frustration, l’hôtellerie de demain avance à marche forcée. Le risque ? Que les séjours se transforment en crash-test technologique. L’opportunité ? Qu’un nouveau standard d’hospitalité naisse, à la fois connecté et humain.
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