The Good Look
Watches
Avec leurs bouilles joufflues, pas tout à fait rondes, pas tout à fait ovales, elles se ressemblent sans se ressembler. À elles deux, elles combinent près de 200 ans d’histoire. La Serpenti et la Baignoire sont des modèles forts de l’horlogerie féminine de deux maisons qui brillent également par leurs pièces joaillières — et la comparaison ne s’arrête pas là.
La maison Bvlgari a dévoilé son nouveau mouvement automatique, le Lady Solotempo BVS100, imaginé spécialement pour donner une vie éternelle à ses modèles Serpenti. L’occasion pour cette vedette de légende, un temps oubliée, de retrouver le chemin des projecteurs ?
Lire aussi : Le serpent le plus précieux au monde fête ses 75 ans
En 2024, un autre coup savamment orchestré
C’est sans conteste le hit horloger de 2024. À sa sortie, la réédition de la Baignoire, modèle légendaire mais oublié de Cartier, a fait grand bruit, soutenue par une large campagne de communication – impossible de passer à côté de Lou Doillon revêtant fièrement sa déclinaison « bangle », une Baignoire montée sur un bracelet solide en or, ou, sur les réseaux sociaux, de l’influenceuse Blanca Miró et de ses dîners « Cartier Watch Community », arborant fièrement le même modèle.
À la façon d’un sac Hermès, la rareté a participé à l’engouement autour du modèle. Six mois d’attente étaient en moyenne nécessaires à la réception de sa montre à compter d’une commande en boutique pour un modèle mini, sur bracelet en cuir, parfois jusqu’à un an pour la bangle, selon les tailles. Au poignet, discrète mais racée, elle attire les regards de celles qui savent.
Les multiples vies de la Serpenti chez Bulgari
Sa contemporaine, l’Italienne Serpenti, suivra-t-elle le même chemin ? Convoyeuse d’un imaginaire hollywoodien, popularisée par Cléopâtre-Elizabeth Taylor, si la gamme de bijoux précieux n’a jamais cessé de faire parler d’elle, les modèles horlogers à tête de serpent ont, eux aussi, disparu des radars à une période où le marché s’excitait autour des modèles masculins, reléguant les « montres pour femmes » au rang de bijoux utilitaires. De la déclinaison Tubogas, s’enroulant sensuellement autour du poignet grâce à un brevet déposé par la maison italienne, à sa revisite moderne Seduttori au bracelet comme recouvert d’écailles, à fermoir, la Serpenti, comme la Baignoire, s’est inspirée de ses archives pour conquérir le marché contemporain.
Car, alors que les femmes se réapproprient l’objet montre, s’intéressent de plus en plus aux modèles anciens et techniques, Bvlgari lance ses premières Serpenti automatiques. Mieux que ça, la maison italienne, sous la direction de Fabrizio Buonamassa Stigliani, directeur de la création artistique pour l’horlogerie, a développé en trois ans un mouvement spécialement pour ses modèles de montres à tête de reptile – celui-ci bénéficiera ensuite à toutes les marques du groupe.
En proposant enfin des modèles féminins non pas à quartz mais automatiques, Bvlgari chercherait-elle à lancer… un mouvement ?
Plus de la moitié des montres pour femmes sont dotées de mécanismes à quartz (fonctionnant à pile, à l’inverse des montres automatiques qui s’autoalimentent). On dit que les femmes choisissent leurs montres pour leur apparence alors que les hommes les aiment compliquées : une idée reçue qui n’est plus tout à fait vraie… Aussi, un calibre automatique prend plus de place dans un boîtier, obligeant les horlogers qui souhaiteraient proposer des modèles féminins sans pile à grossir leurs cadrans – celui de la Serpenti automatique a poussé de 2 millimètres seulement.
Alors, si Cartier a réussi le tour de force, en 2024, d’attirer les femmes en masse autour d’une montre élégante – et poursuit l’histoire en introduisant, en ce début d’année, trois nouvelles déclinaisons de son format mini en couleur –, Bulgari est-elle aux portes d’une révolution, réconciliant enfin la montre-bijou à la technicité ?
Lire aussi : Les montres à petits cadrans s’affichent sur tous les poignets
